SARALEE – Damnation to salvation
Avec un nom tel que SaraLee, on s’attend d’abord à découvrir une chanteuse rock ou un groupe de la mouvance Arctic Monkeys, sentiment appuyé par la très belle couverture du livret. En apprenant que ce groupe (et non une chanteuse) est finlandais et que l’album concerné a pour titre « Damnation to salvation », sachant de plus que la Scandinavie étant probablement au metal ce qu’est la France à la chanson, on trouve assez vite séduisant que ce groupe de gothic metal (eh oui, gagné!) ait choisi un nom plutôt exotique pour le genre en question. Et on se prend évidemment à espérer que son ramage équivaut à son plumage. D’autant que SaraLee, formé en 2000, nous propose ici son deuxième album, son prédécesseur intitulé « Darkness Between » et réalisé en 2006 ayant reçu un certain écho dans la presse mondiale et quelques passages à la radio finlandaise.
Puissance rythmique et à dominante guitaristique bien entendu, mais avec un chant mélodieux pour une voix claire, agrémenté d’un zeste de grunt, voilà qui caractérise en première instance « Damnation to salvation », le tout sur des mélodies qui tiennent très bien la route. L’ensemble sonne plutôt metal-pop que metal gothique, même si le son est en général assez puissant. Les paroles sont assez mélancoliques et de bonne facture, majoritairement de la plume du chanteur.
Les deux premiers morceaux démarrent avec énergie et renvoient parfois au Porcupine Tree des derniers albums, « Forsaken » dévoilant une mélodie tenace. « Rescue me » a des relents de Sirenia ou même Leave‘s Eye, en version masculine bien entendu. « Crimson Sky » s’engage avec un piano délicat, relayé par un mid tempo et un refrain qui laisse des traces, assurément un des moments forts de l’album. La voix du chanteur Joonas fait penser ici à celle, mais en moins rauque, de Ville Laihiala, chanteur du groupe finlandais Poisonblack. « Catch the moon » recèle une partie instrumentale puissante et symphonique, « Nights (we’re living for) » est le morceau le plus soft mais regorge de sensibilité, avec un solo de guitare d’inspiration seventies. « Turning Point », après une intro acoustique, renoue avec un rythme plus enlevé et « Remains of Carmen » se lance sur un riff metal mémorable. Le dernier titre, qui est aussi le plus long, commence délicatement avec une voix grave et douce sur fond de piano, alterne moments plus calmes et plus durs, dont la finale très puissante. Il y a du Opeth dans ce morceau.
En résumé, un album au format presque pop avec un son résolument metal, en tout cas moins gothique et plus hard que son prédécesseur. Le risque est de paraître d’une part insuffisamment travaillé pour les amateurs de metal-prog, d’autre part trop hard et metal pour les tenants d’une ligne plus soft. Ce serait dommage de caler sur cet album, « Damnation to salvation » possédant des qualités certaines, notamment au niveau des mélodies fortes, et procurant le mérite de proposer un album intéressant à la croisée des productions metal (pour le son) et pop rock (mélodique), avec un esprit prog quelque part, et bien évidemment une touche gothique. Le risque est éminemment louable et sain, mais marcher sur ce fil musical peut aussi provoquer la chute de l’équilibriste s’il n’est pas suivi par son, ou un nouveau, public. Aidez-le à ne pas tomber, il ne le mérite vraiment pas et prenez du plaisir avec ce SaraLee.
Musiciens :
- Joonas – chant
- Juha – guitare
- Saurus – basse
- Ari – claviers
- Clansman – batterie et choeurs
Liste des morceaux :
- Scars 04:13
- Forsaken 03:59
- Sleeping in the Fire 04:34
- Rescue Me 03:55
- Crimson Sky 04:58
- Catch The Moon 04:25
- Nights (we’re living for) 04:18
- Turning Point 05:29
- Remains of Carmen 03:56
- Last Day Alive 06:37
Pays: FI
Firefox Records FIRECD055
Sortie: 2009/01/14