SURVIVAL – Crusader
Survival est un projet progressif qui a démarré en 1981, séparé en 1997, mais qui n’a commencé sa discographie qu’à sa reformation quelques années plus tard. C’est avant tout le groupe de Jack Langevelt, claviériste touche-à-tout, né en 1954 à Rotterdam. Sur l’album, Jack joue de l’orgue Hammond, du piano, du synthétiseur, basse et batterie !
On peut considérer le groupe comme un duo, l’autre musicien étant David Dexter, guitariste, né dans un lit (sic) en 1985, apparemment en Grande-Bretagne, les pistes de guitare ayant d’ailleurs été enregistrées et arrangées au Royaume-Uni. Il y a encore un autre musicien sur ce disque, mais uniquement sur le premier morceau: Mario Roelofsen, né à Hoek van Holland, fanatique de Ritchie Blackmore et ayant créé Purple Rainbow, un tribute band de Deep Purple et Rainbow, cela s’entend !
Les influences du groupe, et ensuite de chaque musicien sont largement énumérées dans le livret. Citons pour le groupe : Bach, Mozart, les musiques médiévale et celtique, et… surtout Emerson, Lake and Palmer, sans oublier… Dieu (sic). La musique est entièrement composée par Jack à l’exception de plages empruntées à « Eruption » du célèbre « Tarkus » d’ELP, greffées sur le titre « Montgisard » (procédé avoué, donc pardonné, au moins à moitié !).
L’album « Crusader », enregistré en fait en 2005 et réédité par Musea, se présente comme une suite traitant d’une épopée de chevaliers templiers (thème à la mode, surtout depuis la parution du « Da Vinci Code » et des bouquins dont Dan Brown s’est inspiré). On y évoque Baldwin IV (Baudouin quatre si vous préférez), roi lépreux de Jérusalem intronisé en 1174, et de la bataille de Montgisard (Tel al Safija) ou Baldwin battit en 1177 Saladin le chef Sarasin bien connu. Je vous épargne les détails de l’affaire, c’est largement expliqué dans le livret (il en connaît des choses notre Jack !). Parlons plutôt de la musique.
Le disque débute par « The Holy Land » (la terre sainte) : orgue à la John Lord, synthé à la Keith Emerson, et guitare proche de Ritchie Blackmore avec des pointes de Joe Satriani, batterie puissante. C’est du lourd, ça n’invente rien (ça n’en a pas la prétention), mais c’est du bon. Le morceau, comme la plupart des autres d’ailleurs est court, une bonne intro, en quelque sorte, du Deep Purple accompagnant ELP, comme l’écrivent les membres du groupe.
S’ensuit « Beauseant », le calme après la tempête, une ballade très proche des thèmes du Camel des années 80 (influence non citée par Jack, étonnant !), pas mal mais batterie fort lourde (on ne peut pas être virtuose en tout !), et surtout un fondu bizarre, donnant l’impression que notre ami ne savait pas comment sortir de ce titre.
Autre plage calme, baroque (influence Jean-Sébastien, monsieur Langevelt nous avait prévenu), intitulée « Lamentation », nous sommes en Palestine, je vous le rappelle. C’est très court, à peine plus d’une minute, et fondu, mais plus élégamment que le titre précédent. Arrivé à ce stade, on a l’impression que Jack avait pondu trois introductions, et que, ne sachant laquelle choisir, il les a balancées toutes les trois sur l’album.
L’œuvre démarre réellement avec « Crusader », plage très ELP (I need somebody ?), avec guitares dignes de l’animal à deux bosses, un peu comme si Andy Latimer accompagnait le célèbre trio. Quelques accents Brian May également dans les solo du milieu (une influence que revendique David Dexter).
Sur le cinquième morceau, « Abide With Me », apparaît, orgue Hammond aidant, une autre influence de la formation : celle de Procol Harum à tel point qu’on a l’impression qu’il vont nous faire une reprise de « A Whiter Shade Of Pale ». Nous débarquons ensuite vraiment dans le symphonique avec « Baldwin », là on est proche d’Albinoni, et de fait, à l’intérieur du livret, la mention « (Adagio) » est ajoutée au titre.
Sur « I Cried For You », on en revient aux synthés Emersonniens et à la lourde batterie. La huitième plage revient à l’ambiance Camel époque « Stationnary Traveller » et s’intitule « Exceptionnal Friend (For Rick) », l’album entier étant dédié à Rick van der Linden du groupe batave Ekseption, malheureusement décédé en janvier 2006. Il y a d’ailleurs un joli témoignage de sympathie de ce dernier à Jack, concernant une demo de « Crusader » que monsieur Langevelt lui avait envoyé en 2003. Rick termine son petit mot en écrivant à Jack qu’ils pourraient bien se rencontrer sur scène un jour, la Hollande étant un petit pays après tout. Sympa, non ? On trouve sur ce titre des accents David Gilmour et de jolies phrases de piano. Probablement la meilleure plage de l’abum, enfin pour moi !
Ensuite, on entre à l’église, sonorité grandes orgues sur « The Knights Templar », pour être symphonique, ça l’est ! « Montgisard » pour suivre avec ses emprunts à ELP, et ses accents Pink Floyd, pour terminer sur une petite ballade reposante encore une fois façon Camel, histoire de terminer cette épopée avec (un peu) de légèreté.
Voilà, moi je suis arrivé au bout. A vous d’écouter et de vous faire une idée. Personnellement, je réserverais cette œuvre aux passionnés de rock progressif, ou plutôt (excusez-moi d’être restrictif le concept progressif étant très largement employé), de rock symphonique.
Pays: NL
Musea Records FGBG 4760
Sortie: 2008/10