MORKOBOT – Morto

Si vous aviez pensé toucher le fond de l’étrange en écoutant les œuvres de Mike Patton ou des Melvins, Morkobot va certainement vous faire replonger dans les affres de la remise en question car, non, vous n’aviez encore rien vu. Ce groupe italien composé de Lin, Lan et Len, trio pour le moins bizarre, serait capable de mettre en déroute les plus solides fans de Frank Zappa, de Stockhausen ou de musique dodécaphonique. Bref, leur space-rock repousse encore plus loin les limites de l’expérimental, de l’avant-garde et pour les esprits simples, du bruit. Seul Sunn O))) reste le challenger de Morkobot en matière d’invraisemblable et d’anti-accord absolu.

L’Italie nous a déjà habitués à des groupes pas piqués des hannetons quand il s’agit de se jeter à corps perdu dans le psychédélisme progressif cosmique ou expérimental. De nos jours, des groupes comme Ufomammut ou Zu profèrent des incantations doom stoner ou indus décalé propres à se faire gratter la tête de tout manager de groupe pop glam anglais du moment. Comment des types peuvent-ils faire ces trucs sans queue ni tête, se disent-ils. Tout simplement parce qu’il n’y a pas que des petites adolescentes acidulées qu’il faut contenter à coups de BB Brunes ou de Kooks. Il y a aussi les illuminés, les intellectuels de l’absurde, les mathématiciens de l’irréel, ceux qui jouent de la basse avec un tournevis (j’ai vu faire : Zu sur scène) ou qui reprennent du Edgar Varèse avec des stroboscopes d’occasion.

Morkobot tombe en plein dans cette catégorie. Son troisième album « Morto » suit « Morkobot » (2005) et « Mostro » (2006) et achève la première trilogie du groupe (c’est ce qu’ils annoncent en tout cas). Trois titres, quarante minutes, pas de chant, juste deux basses et une batterie et des kilos d’effets, d’ambiance post-apocalyptiques, de peurs urbaines et de cheminements dans la débandade neuropsychique.

Notons aussi, et pour leur rendre hommage, que la couverture de l’album de Morkobot est illustrée par l’atelier Malleus, superbe maison italienne qui est allée rechercher dans les affiches psychédéliques des Sixties tout ce qui illustre désormais les meilleurs albums et les meilleurs concerts de stoner, doom ou rock psychédélique contemporain.

Pays: IT
Supernaturalcat CAT 006
Sortie: 2008/12/05