STICK MEN (The) – Insatiable
Quelle claque ! Né des cendres de The Undertakers of Love, The Stick Men, un groupe de Philadelphie disparu beaucoup trop tôt, me fait irrésistiblement penser à Pierre Aucaigne, l’anti-héros type, dans ses gags neurotiques dans le rôle de Momo, avec sa valise et ses chutes faussement inopinées. Même nervosité, même débit vocal ultra rapide, mêmes pertes de mémoire simulées, même créativité débridée, même éruption de gags sans temps morts mais ici, c’est de la musique allumée grave et c’est peu dire. Dire de The Stick Men qu’il est un groupe déjanté composé de fous furieux relève de l’euphémisme. En dehors de ses beats nerveux, de son groove inimitable et de l’absence de barrières contre les émanations loufoques du subconscient, le point fort du groupe réside dans ses prestations scéniques cinq étoiles. Ils ont accompagné Gang of Four, Was (Not) Was, the Slits, Lords of the New Church, Oingo Boingo, the Psychedelic Furs et Nina Hagen, notamment.
Il y a du Devo, du Père Ubu et du Talking Heads à la puissance 4 dans cette démarche créative rare et dans cette façon très spéciale de voir la musique, un peu comme un Animal Collective avant la lettre mais en version humoristique. L’album de 22 titres intitulé « Insatiable » reprend ce qu’ils ont fait durant leur brève existence, de 1981 à 1985 : un album de 1982 intitulé « This Is The Master Brew », un EP de 1983, « Get on Board The Stick Men », trois morceaux enregistrés en public, une vidéo et des titres passés à la radio. C’est un mélange de rock épileptique d’avant-garde, de free jazz, de punk et de new wave qui fuse, qui explose et qui suinte le génie de partout.
Peter L. Baker a débuté en 1977 et s’est d’abord fait connaître à Philadelphie. C’est lui qui a fondé le groupe. Son inventivité largement au dessus de la moyenne a fait de lui une sorte de génie du rock incomparable jusqu’à sa mort en 1994. Ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont. Il tenait le rôle principal du chanteur fou, jouait de la guitare et était l’âme du groupe. Mais ses comparses entraient parfaitement dans son jeu et tenaient leur rôle à la perfection. Il y avait d’abord B.A.L. Stack, qui jouait de l’orgue (Ace Tone & Farfisa), du clavinet, de la trompette et chantait. La section rythmique au groove exceptionnel comprenait Jim Meneses à la batterie et Billy Bradfield à la guitare basse. Pour couronner le tout, Charles Mattern, Jr. chantait, jouait du saxophone et de la trompette et s’occupait de l’électronique pour corser et épicer encore davantage ce mélange détonant.
Il n’y a que des perles dans cet album génial et il serait injuste de citer un titre plutôt qu’un autre : il n’y a aucun déchet dans ces morceaux très courts et vivifiants. Cet album est gé-nial ! Les titres datent de plus de 20 ans mais rien n’égale ça actuellement. Le plus difficile est de revenir sur terre après l’avoir écouté. Mais attention : c’est vraiment très spécial. Ecoutez-le avant de l’acheter.
Les titres :
- « Legend of the Stick Men » 1:39
- « Master Brew » 1:51
- « Joy Toy » 1:07
- « Mystery Party » 1:34
- « Bone Shadow » 1:35
- « Action Man » 1:43
- « Level Head » 1:12
- « Set Back » 1:40
- « Caged Sex » 1:59
- « Tall Dragger » 2:11
- « Ha Ha Hell [live] » 2:30
- « Paralyzer » 1:40
- « Jampire » 1:16
- « Funky Hayride » 4:54
- « Crash My Dome » 1:47
- « Hearts in Tempo [live] » 1:26
- « Double Checker » 1:06
- « Duraflame Dog » 1:38
- « Personality Pollination » 1:43
- « Do Get Down » 4:35
- « Discophonic Walk [live] » 3:00
- « Insatiable » 4:57
Pays: US
Cuneiform Records / Mandaï Distribution RUNE151
Sortie: 2008/03/10 (réédition, original 2001)