FRIEDMAN & LIEBEZEIT – Secret Rhythms 3
Après « Playing Secret Rhythms » en 2002 et « Secret Rhythm II » en 2005, les Allemands Jaki Liebezeit et Burnt Friedman ont décidé de se retrouver à nouveau dans le cadre de leur association Friedman & Liebezeit.
Jaki Liebezeit, batteur autodidacte, est né en 1939 dans la ville maudite de Dantzig, prétexte principal au conflit avec la Pologne la même année. Après la guerre, l’annexion de la ville à la Pologne sous le nom de Gdansk et l’exode imposé aux populations d’origine allemande, il se retrouve à l’Ouest. Dans les années 1960, il est actif dans le milieu du Free-Jazz. En 1968, il rencontre Irmin Schmidt qui l’invite à participer à un nouveau projet, Can, fondé sur la recherche de nouveaux sons et de nouvelles orientations musicales. Il s’y intègre à fond et participe à l’aventure jusqu’à la fin, en 1979. Après cette épopée, il se montre fidèle au même esprit et continue de travailler avec des artistes marqués comme lui par un profond désir d’innovation. Parmi ceux-ci, on peut citer David Sylvian (Japan), Holger Czukay (Can), Jah Wobble (Public Image Limited), Ryuichi Sakamoto, … En 2004, comme Jah Wobble, il collabore avec Ozark Henry qui réalise un de ses chefs-d’œuvre, l’album « The Sailor Not the Sea ».
Bernd Friedman appartient à la génération suivante. Il est né à Cobourg en 1965. Il semble jouir d’une belle réputation dans le milieu des musiques électroniques actuelles de tous genres et s’est produit sous différentes appellations : Drome, Some More Crime, Nonplace Urban field, Flanger, … En 2000, il fonde son propre label, Nonplace.
Sans crier au génie, « Secret Rhythms 3 » ne manque pas d’intérêts. Ces sept titres s’écoutent d’une traite, comme une seule pièce. Le passage d’un titre à l’autre ne se remarque jamais vraiment, jusqu’au cinquième en tout cas. Celui-ci, le plus sophistiqué et le plus réussi, constitue le pic de l’ouvrage. Il n’est atteint qu’après une lente progression où l’atmosphère générale plus que la richesse du fond joue le rôle essentiel. Il faut avouer que la relative sobriété musicale de certains passages finit par amener à la longue une certaine lassitude.
Etrangement, la musique du duo se subdivise en deux pôles principaux très différents.
D’abord, il y a Jaki Liebezeit et ses percussions. Présent à chaque instant, il se situe constamment à l’avant-plan. Son efficacité est surprenante, malgré un jeu sec et saccadé, austère et brut, sans aucun effet électronique.
Ensuite, il y a Burnt Friedman, concentré sur l’électronique et qui, à l’opposé de son compère, aime surtout manipuler et transformer le son.
En général, les autres musiciens présents apparaissent plutôt au service de l’œuvre dans son ensemble, tout en suivant la ligne de Burnt Friedman. Ils opèrent dans une relative discrétion, distillant avec finesse de petites touches bienvenues.
En conclusion, si l’ouvrage de Friedman & Liebezeit trouve ses racines originelles chez certaines formations électroniques allemandes des années 1970 comme Kraftwerk et Can, il suit aussi les chemins de Robert Fripp, Brian Eno, Jah Wobble, Erik Truffaz ou Portishead. On pourra les découvrir à Bruxelles (Recyclart) le 28 novembre prochain.
Les titres (52’42) :
- « Morning Has Broken » (Friedman/Liebezeit/Motzer) (9’00)
- « Gegenwart » (Friedman/Liebezeit) (9’42)
- « Trittbrettfahrer » (Friedman/Liebezeit/Motzer) (5’45)
- « Die Ehrliche Haut » (Friedman/Liebezeit) (6’30)
- « Entsafter » (Friedman/Liebezeit/Motzer) (8’04)
- « Wirklich Version » (Friedman/Liebezeit/Chisholm) (4’05)
- « Sandale » (Friedman/Liebezeit) (9’33)
Les interprètes :
- Burnt Friedman : Claviers, Synthétiseurs, Samplers & Steel Drum
- Jaki Liebezeit : Batterie & Cymbales
- Hayden Chisholm : Clarinette & Saxophone
- Joseph Suchy : Guitares (1, 4, 5, 6, 7)
- Tim Motzer : Guitares (1, 3, 5)
- Morten Gronvad : Vibraphone (6)
Pays: DE
Nonplace NDM25742 NON25
Sortie: 2008/09/29