COLD WAR KIDS – Loyalty To Loyalty
Le premier album de Cold War Kids, « Robbers & Cowards », sorti en 2005, a été une réussite. Inventif, le groupe intellectuel américain remet ça avec cet album qui navigue entre un blues rock teinté de jazz et de soul qui n’est pas sans rappeler par moments les White Stripes ou les Doors. Cependant, ces influences ont été parfaitement digérées et il en ressort un style personnel incontestable. « Loyalty To Loyalty » est produit par Kevin Augunas.
Ainsi, « Against Privacy » est un morceau saccadé bizarre dans un style que ne renieraient sans doute pas les White Stripes mais la guitare métallique lui donne un cachet très spécial, de même que « Mexican Dogs », un morceau qui parle des immigrés mexicains clandestins qui rêvent de la lumière, mais le quatuor californien en donne une interprétation qui ne doit rien à personne. Même si son chant est souvent irritant (mais s’il fallait compter les chanteurs dont la voix énerve, on n’en finirait pas), son chanteur est doué pour la composition. « Every Valley Is Not A Lake » est un titre auquel il manque sans doute une mélodie aguichante pour plaire au plus grand nombre. Mais Nathan Willett préfère placer la barre très haut et varier le menu au maximum.
Sorti en single, introspectif, « Something Is Not Right With Me », où le chanteur fait son autocritique, est le morceau le plus accrocheur de l’album mais il n’égale pas « Hang Me Up To Dry » sur l’album précédent, par exemple. Soucieux de se renouveler, le groupe a justement tenté de se démarquer du premier album, qui comportait des singles en puissance. Jazzy, très bon grâce à ses percussions, « Welcome To The Occupation » est franchement énervant car la voix de falsetto est ici totalement insupportable. « Golden Gate Jumpers » est une ballade hybride teintée de jazz où le son de la guitare est particulièrement opportun malgré un piano un peu envahissant.
La complainte descriptive « Avalanche In B » est un morceau torturé pour le moins original dans sa conception. Il fait le procès des catastrophes causées par la recherche du profit de quelques-uns. « I’ve Seen Enough » lui fait pendant dans le même registre de réflexion sur la société actuelle. « Every Man I Fall For » est une lente ballade torturée égayée par une guitare jazzy jouée tout en finesse et « Dreams Old Men Dream », au départ de la précarité d’un être, part à la recherche de l’innocence perdue symbolisée par son enfance sur un air qui sort des sentiers battus.
Dans une atmosphère imprégnée de tristesse, « On The Night My Love Broke Through » évoque la misère matérielle et morale qui engendre solitude et mépris, tandis que la basse bourdonnante se déchaîne sur « Relief », où la voix de Nathan Willett se transforme comme à plaisir. La ballade triste « Cryptomnesia » baisse le son d’un ton pour mieux séduire sur un dernier morceau qui achève de convaincre : très bon sur scène, Cold War Kids peut devenir un grand. Il a en lui les éléments pour ça.
Pays: US
V2 VVR1051742
Sortie: 2008/09/22