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YAMASHTA, Stomu – Go

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Des trois albums réédités fin septembre 2008 par Esoteric Recordings, celui-ci est de loin le meilleur. C’est un vrai concept album dont le fil rouge est un voyage dans l’espace et dont le thème principal est le changement dans une optique d’attraction entre les contraires. Cela donne des moments oniriques de haut vol et une interprétation technique absolument remarquable. Il faut dire que dans le recrutement, Stomu Yamash’ta (Santana) n’y est pas allé par quatre chemins et n’a pas lésiné sur les moyens.

Engager à la fois Steve Winwood (Spencer Davis Group, Traffic, Blind Faith), Al Di Meola (Return To Forever), Michael Shrieve (Santana, Automatic Man), Klaus Schulze (Tangerine Dream, Ash Ra Tempel) et Rosko Gee (Traffic, Can) n’est pas à la portée du premier venu. C’est lui qui a réussi à tirer le reclus Steve Winwood de son isolement après l’échec mal digéré de Traffic.

Stomu Yamash’ta a d’autre part fait appel à un parolier qui répond au nom de Michael Quartermain, qui fait consciencieusement le travail qui lui est demandé, et à Paul Buckmaster pour les arrangements. Ce dernier a notamment travaillé pour les Rolling Stones sur un de leurs meilleurs albums : « Sticky Fingers ». Voilà l’essentiel pour le projet Stomu Yamash’ta’s Go mais on pourrait y passer des heures.

Cet album de très grande qualité a poussé un certain Robin Denselow à écrire un essai à une époque où l’avant-garde et le jazz rock donnaient une crédibilité certaine au rock, au point d’intéresser le regretté compositeur classique d’avant-garde allemand Karlheinz Stockhausen. De plus, Stomu Yamash’ta, dans son souci constant de détruire les cloisons entre les genres, avait aussi conçu cet album en prévision de futurs développements multimedia comme le mime (qu’il était aussi), la danse et le théâtre. On peut dire qu’à l’époque, il était à l’apogée de sa créativité. Personne ne peut dire où il se serait arrêté s’il ne s’était pas consacré à sa recherche spirituelle.

Parmi les meilleurs titres de l’album « Go », on peut citer « Solitude », une très courte introduction qui est un chef-d’oeuvre de mise en condition pour le climat de l’album, « Nature », qui développe des préoccupations écologiques avant l’heure, « Crossing the Line », un long morceau qui comporte des percussions formidables. Ces deux derniers morceaux bénéficient du concours de Steve Winwood, dont la voix n’a jamais été meilleure. De plus, Al Di Meola laisse libre cours à son immense talent à la guitare électrique.

D’autre part, « Space Theme » est un morceau ambient électronique que ne renierait pas Brian Eno. Il est suivi par « Space Requiem », qui n’a rien à lui envier de ce point de vue, et par « Space Song ». Ces deux titres le complètent et le prolongent par leurs sonorités très actuelles où les percussions sont évidemment à la base du climat créé par l’inconnu et une menace imprécise qui préfigurent un futur prémonitoire déstabilisant. Il faut mentionner aussi « Carnival », qui représente, pour faire simple, l’approche de musique classique concrète chère à Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen ou Pierre Henry et « Winner/Loser », une composition « pop » étourdissante de Winwood mais cet album forme un tout cohérent qui frise le chef-d’oeuvre.

Les titres :

  1. « Solitude »
  2. « Nature »
  3. « Air Over »
  4. « Crossing the Line »
  5. « Man of Leo »
  6. « Stellar »
  7. « Space Theme »
  8. « Space Requiem »
  9. « Space Song »
  10. « Carnival »
  11. « Ghost Machine »
  12. « Surfspin »
  13. « Time Is Here »
  14. « Winner/Loser »

Pays: JP
Esoteric Recordings ECLEC2081
Sortie: 2008/09/29 (réédition, original 1976)

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