LEWIS, Jenny – Acid Tongue
Plus à l’aise qu’en faisant du rock indie expérimental, Jenny Lewis est heureuse de sortir cet album solo et ça se sent. Au sein de Rilo Kiley, elle ne pouvait pas donner sa pleine mesure, dit-elle. Elle vivait avec Blake Sennett et composait avec lui mais elle trouvait son rôle au sein du groupe trop sérieux. Ici, elle s’éclate, c’est toujours elle qui le dit. Elle vit maintenant avec Johnathan Rice et ceci peut expliquer cela. Un groupe dépend des humeurs et des rencontres de ses membres.
Ici, la belle actrice se rattrape en adoptant un mélange d’americana et de country rock, une musique qu’elle affectionne et qui à vrai dire lui convient très bien. Elle en revient à une conception plus classique de la musique. Ainsi, « Black Sand » est un rock bluesy sensuel où sa voix est remarquablement modulée et l’accompagnement au piano la sert totalement avec la basse et les cordes en soutien. Le très doux « Pretty Bird » lui emboîte le pas sur un rythme lent qui met sa voix en valeur. On n’est pas loin de ses prestations feutrées au sein de Rilo Kiley.
Le très long « The Next Messiah » comprend trois volets dont le premier est un up tempo saccadé de premier plan où le jeu de batterie est impeccable ; vient ensuite un mid tempo musclé d’excellente facture qui souligne le registre étendu de la belle Jenny. La troisième partie est instrumentale au début puis est chantée en duo sur un rythme régi par la guitare et le chant alterné est très au point. « Bad Man’s World » est une ballade qui comporte une section de cordes de très bonne qualité pour habiller ce morceau pop.
Accompagnée à la guitare acoustique, « Acid Tongue » est une très belle ballade country mélancolique remarquablement chantée. Elle y parle de ses combats très durs contre les démons dont elle s’est débarrassée. « See Fernando » est un rock pur et dur qui ferait danser un paralytique. Ici aussi, sa voix convient parfaitement à ce rythme échevelé et sa joie de vivre est évidente. Celui qui connaît Rilo Kiley comprend mieux le plaisir qu’elle peut éprouver à changer de registre et son combo se hisse à son diapason.
On revient au calme avec « Godspeed », une ballade douce amère jouée au piano qui apporte de la variété supplémentaire à l’album. Sa voix aiguë dépasse l’entendement.
Sur « Carpetbaggers », on voit arriver Elvis Costello, son idole, en pleine forme, tout esbaudi par le rythme de ce morceau country rock. Son duo avec Jenny Lewis vaut le déplacement. Cette fois, c’est la guitare qui se met en évidence.
Le très beau « Tryin’ My Best To Love You » ressemble à un gospel lent et est bien chanté. De nouveau, son timbre de voix va titiller les notes aiguës avec une aisance parfaite et montre une autre facette de son talent. Avec « Jack Killed Mom », après une intro calme au piano, on retrouve un autre gospel et on découvre de belles harmonies vocales. Après le break et la voix de basse, tout se termine en beauté sur un rythme imparable. « Sing A Song For Them » est un morceau lent idéal pour retrouver la sérénité.
Très bon album où Jenny Lewis exprime des sentiments variés avec un talent incontestable. Il fait autant plaisir à la chanteuse qu’à l’auditeur. On est assez loin du rock expérimental de Rilo Kiley et de la musique country de The Watson Twins mais son talent consiste justement à se montrer à son avantage quel que soit le style.
Pays: US
Rough Trade RTADCD491
Sortie: 2008/09