OXFORD COLLAPSE – Bits

Oxford Collapse vient de Brooklyn. Il en est à son quatrième album et cultive un style particulier fait de college rock, de morceaux tantôt primesautiers tantôt plus sophistiqués et pour tout dire plus intellectuels, tout en restant abordables et agréables à écouter. On ne peut pas dire que c’est vraiment très original comme musique mais c’est très bien fait. A trois, ils mettent une ambiance du tonnerre et se montrent créatifs dans la mesure où ils s’inventent un style. La plupart des titres sont courts et rendent l’album très dynamique. On y ressent les influences de Gang of Four, de Joy Division, de Wire ou de Sonic Youth mais sans excès : elles sont parfaitement digérées et se fondent dans leur style très personnel. Actuellement, le trio est en tournée avec The Scientists, d’autres citoyens de Brooklyn avec qui ils ont des accointances manifestes.

D’emblée, « Electric Arc » donne le ton : c’est le prototype même de leur style qui comporte des titres courts où la prédominance de la guitare se manifeste mais sur une musique plus sophistiquée que sur les anciens albums. On y parle des sorties après les cours et des beuveries nocturnes principalement mais sans exclure la réflexion sur des sujets plus sérieux. « The Birthday Wars » est un autre titre court qui met l’accent sur le chant et les harmonies vocales tandis que « Vernon-Jackson », avec son tempo plus lent qui alterne avec des passages plus vigoureux, illustre clairement la versatilité de ce trio explosif et son aptitude à se renouveler.

Sur « Young Love Delivers », un morceau pop de très bonne qualité, c’est de nouveau le chant qui se montre à son avantage mais l’accompagnement parfois discret se hisse à la hauteur des ambitions du groupe, même s’il a hérité son caractère cru du punk. C’est d’ailleurs ce mélange des styles, à la fois post rock, expérimental, pop et punk, qui fait en partie son charme. « Back Of The Yards » est cousu du même fil et respire la joie de vivre. On ne s’embarrasse pas de détails sordides et on ne se prend pas la tête : on est là pour s’amuser.

Le violoncelle apparaît sur « A Wedding », un morceau beaucoup plus expérimental qui s’écarte résolument de leur style habituel et leur donne une crédibilité supplémentaire : ils sont capables de composer des morceaux beaucoup plus élaborés. « Featherbeds » est plus joyeux et renoue avec les morceaux plus dynamiques. Avec sa guitare incisive, « For The Winter Coats » est le titre le plus accrocheur de l’album et c’est dans ces morceaux plus violents que le trio excelle. C’est en tout cas un des meilleurs de l’album.

Excellent aussi, « Men & Their Ideas » est un morceau plus spécial qui met en valeur le chant mais la guitare, la basse et la batterie font consciencieusement leur boulot. « Children’s Crusade » se déroule sur un mélange de chant et de percussions remarquables. C’est au contraire la basse qui s’illustre au début de « John Blood », un morceau qui n’exclut ni la variété des sources ni son caractère plus austère. Le répétitif. « B-Roll » montre une fois de plus la versatilité du groupe et la qualité du jeu de chacun s’intègre parfaitement dans cet ensemble très varié. « I Hate Nobody » est aussi un des moments forts de l’album du power trio. La rythmique assume parfaitement son rôle et permet au guitariste / chanteur de donner sa pleine mesure.

« Electric Arc », « The Birthday Wars », « A Wedding », « For The Winter Coats », « Men & Their Ideas » et « I Hate Nobody » sont les petites perles qui donnent à ce très bon album sans faiblesse l’essentiel de ses qualités.

Pays: US
Sub Pop SPCD 769
Sortie: 2008/08/04