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ADAM WEST – ESP: extra sexual perception

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Dans la constellation des groupes rock qui nous environnent, il règne une espèce d’impitoyable loi de la nature, une loi qui autorise certains groupes à devenir célèbres malgré une qualité qui laisse parfois à désirer, et qui laisse dans l’ombre des combos plus que méritants dont le palmarès impressionnant ne les aidera jamais. Dans cette seconde catégorie, on peut placer sans hésitation Adam West, avec le regret au cœur quand on sait que cette formation US de Washington D.C. ne rameutera jamais sous sa bannière des millions de fans excités, alors que leur talent aurait dû depuis longtemps leur apporter lauriers et dollars.

Alors, que dire de cette formation animée depuis une quinzaine d’années par une bande de maraudeurs du riff directement sortis d’une ruelle puant le gas-oil et la bière frelatée? Jake Starr (chant), Steve (basse), Mario Trubiano (guitare) et Jim Sciubba (batterie) ne font pas dans la fine plaisanterie, c’est du moins ce qu’ils montrent sur leur dernier album « E.S.P. » qui sort ce mois-ci sur le label allemand People Like You. Ce disque est annoncé comme le dernier de leur carrière, après quinze ans de bons et loyaux services, six albums, six EP, et près d’une quarantaine de singles dont un grand nombre partagé avec des groupes rock mythiques : les BellRays, les Hellacopters, pour ne citer que quelques exemples parlants (ou plutôt hurlants). Eh oui, ce n’est pas parce qu’on enchaîne les albums par dizaines, que l’on enfile les tournées américaines et européennes à tour de bras et que l’on est capable de tout dévaster sur chaîne hi-fi et sur scène que l’on peut espérer devenir un monstre sacré. C’est là une grande injustice.

Pourquoi des groupes de bubble punk remportent-ils le paquet et que les vrais groupes punks restent sur le carreau? Qu’est-ce qui fait qu’un groupe punk sonne authentique ou au contraire tombe à plat? Prenons un groupe comme Green Day ou Offspring. Ils jouent vite et fort, font du bruit et pourtant, ça sonne trop gentil, trop policé. Prenons des affreux comme Adam West ou Peter Pan Speedrock. Ils jouent vite et fort, font du bruit et là, ça le fait. Vous voulez savoir la différence? Il y a des groupes qui basent leur son et leur musique sur la pop pour faire du punk et d’autres qui se basent sur le rock ‘n’ roll. Et c’est évidemment quand on extraie son punk de la souche rock ‘n’ roll qu’on parvient à faire peur et à menacer l’ordre établi. Adam West vient de cette deuxième catégorie. Son punk mâtiné de garage est efficace, rentre-dedans, direct et sans fioritures et il appuie là où ça fait mal. De plus, ses musiciens sont capables de mener l’auditeur dans des ambiances variées, mélangeant heavy metal acéré et progressif planant (« Stag party »), propulsant un punk binaire tribal redescendant en flammèches rock ‘n’ roll imparables (« You’re my solar flare »). Les douze chansons qui vous traversent la cervelle sont toutes du même gabarit : percutantes et rapides, énervées et dégoulinant d’une énergie salvatrice. On appréciera aussi la pochette, de facture très garage punk sixties, avec ambiance semi-psychédélique et star du X à la poitrine opulente. Les amateurs y reconnaîtront le portrait de l’actrice qui joue Miss Eufaula Roop dans « Ultra-vixens » du légendaire Russ Meyer.

A déguster sans modération.

Pays: US
Prison Like You Records Prison 171-2
Sortie: 2008/09/29

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