AIRBOURNE – Runnin’ wild
La nature a horreur du vide. Il suffit qu’AC/DC se fasse désirer depuis huit ans au sujet de son tant attendu nouvel album pour qu’un petit prétendant venu de nulle part ne tente de lui piquer sa place en sortant un album d’AC/DC à la place d’AC/DC.
Airbourne est en effet un quartet qui vient d’Australie et qui ne se prive pas quand il s’agit de rouler sur les traces de ses illustres ancêtres qui ont forgé l’image et la réputation du rock australien, Angels, Rose Tattoo et par-dessus tout AC/DC. Le défi pour les vieux maîtres va être difficile à relever car Airbourne parvient à faire un album d’AC/DC plus vrai que nature et il serait dommage que les originaux, dont on dit qu’il travaillent enfin sur le prochain disque, ne réussissent à faire une œuvre qui soit aussi fraîche, pimpante et énergique que ce qu’a fait Airbourne.
Car si Airbourne commet ici un album sans originalité aucune, il faut quand même admettre que le boulot est plutôt bien fait, sympathique, mémorisable. Evidemment, les recettes fonctionnent mieux quand on clone AC/DC plutôt que Popol Vuh ou Amon Düül II. Le résultat vient se planter entre vos deux yeux et même si vous êtes énervés de voir qu’on plagie sans vergogne un grand groupe de hard rock, vous le serez encore plus en constatant que vous ne pouvez plus retirer de vos esprits ces riffs carrés, ces rythmiques percutantes, ce chant rugueux plus johnsonien que celui de Brian Johnson et ces solos plus youngiens que ceux d’Angus Young.
Airbourne avait toutes les qualités pour être un tribute band, un de ces groupes qui se contente de jouer des reprises de son combo préféré et d’en faire son business. Comme ses compatriotes des Australian Doors, il aurait pu s’appeler Back in Highway to High Voltage ou Dirty Deeds About to Rock et reprendre du AC/DC à longueur d’années. Eh bien non, il fait son propre album, sorti sur Roadrunner, excusez du peu. Voilà une affaire bien ficelée qui dénote un certain talent stratégique chez Airbourne qui quitte son Australie natale en 2006, se relocalise aux Etats-Unis et parvient à décrocher les services du producteur Bob Marlette (qui ne fait pas de reggae mais a produit entre autres Black Sabbath, Alice Cooper et Shinedown) et de l’ingénieur Andy Wallace au mixage (Guns ‘n’ Roses, Nirvana, Linkin Park, Slipknot).
Le résultat est une succession de petits morceaux chocs, qui empruntent à AC/DC tout son savoir-faire, jusqu’au moindre riff, le moindre demi-ton, le moindre gimmick, même la façon de terminer les titres. L’historien du rock n’y verra qu’un clone supplémentaire mais l’amateur d’énergie se régalera de bonnes baffes sonores comme « Stand up for rock ‘n’ roll », « Runnin’ wild », « Too much, too young, too fast », des titres qui ont déjà été imaginés des centaines de fois. La pochette, cependant, n’est pas inspirée par AC/DC, non, elle vient plutôt d’un vieil album de UFO de 1980, « No place to run ». Comme quoi, quitte à ponctionner le passé, autant le faire jusqu’au bout.
Souhaitons à Airbourne un destin plus intéressant que celui de The Darkness, qui a lui aussi puisé dans les mêmes méthodes pour connaître une gloire aussi fulgurante qu’éphémère. Airbourne tiendra bien jusqu’à la sortie du nouveau AC/DC. Vous pourrez toujours vous faire une opinion sur leur style en les voyant sur la scène du Magasin 4 à Bruxelles le 10 juin prochain.
Pays: US
Roadrunner RR-7963-2
Sortie: 2008/06/02