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LIQUID TRIO EXPERIMENT – Spontaneous Combustion

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Le départ précipité et imprévu du guitariste John Petrucci au chevet de sa femme lors de l’enregistrement du second album de Liquid Tension Experiment en 1998 avait amené les trois membres restants, après quelques hésitations, à continuer à travailler ensemble dans le studio New Yorkais déjà loué. Des musiciens de ce gabarit, possédant un tel degré de créativité, ne devaient pas se trouver trop perturbé par une telle situation. La base de départ s’en trouvait simplement modifiée et ils allaient « s’amuser » en attendant.

Neuf ans plus tard, un exemplaire de ces enregistrements, conservé par le batteur Mike Portnoy, est publié. Celui-ci n’a pas subi de retraitement particulier, ce qu’explicite bien le titre de l’album. Quant à Liquid Trio Experiment, c’est une appellation de circonstance, uniquement justifiée par la publication de CD.

A l’écoute, il est à espérer que cette association ne restera pas sans lendemain et que cette expérience sans guitare sera renouvelée. Ici évidemment, certaines compositions auraient mérité un approfondissement. Peut-être aurait-il aussi fallu que l’esprit de tous ces musiciens soit axé sur un objectif commun à atteindre en trio. Cette dernière réflexion pourrait concerner Jordan Rudess qui semble parfois plus discret ou plus lent à la détente. A l’opposé, son compère habituel de Dream Theater, Mike Portnoy, apparaît libéré de toute contrainte et s’affiche de bout en bout en démonstration. Cette configuration en trio semble lui convenir à merveille. Elle stimule sa fougue et son inspiration. De son côté, Tony Levin n’a aucune difficulté à s’imbriquer dans la mécanique. Quand on possède son expérience, qu’on a travaillé avec la « crème » de l’univers musical international (voir chronique « Prime Cuts » de Tony Levin), dont King Crimson, on n’éprouve aucune difficulté à s’imbriquer dans une mécanique fondée sur l’improvisation.

L’ensemble se présente plutôt comme une « Fusion Jazz-Rock » surpuissante et énergique, imprégnée de « Progressif », marquée par King Crimson, les batteurs Bill Bruford et Tony Bozzio, le bassiste Billy Sheehan et Niacin.

Dès le premier titre, « Chris & Kevin’s Bogus Journey », la batterie est en exhibition. La basse est « Funky » et les claviers se contentent d’étranges bruitages. Le passage à « Hot Rod » est sans transition pour Mike Portnoy. Il poursuit sans rien modifier. Par contre, le claviériste ouvre son jeu et développe joliment, avec l’appui du bassiste. « RPP » prolonge simplement. Insatiable, Mike Portnoy termine cette pièce par un solo.

Après cette introduction haletante, une courte respiration apparaît avec « Hawaiian Funk », assez semblable au premier titre. Seuls les bruitages produits par les claviers sont plus sophistiqués.

« Cappuccino » démarre au ralenti. L’expérimentation est vite au rendez-vous, ainsi que le rythme « Jazzy ». L’ouverture à « Jazz Odyssey » est idéale. Les mêmes ingrédients sont utilisés, mais développés. John Rudess est éblouissant aux claviers. Il prend ici le leadership à un Mike Portnoy moins inspiré.

« Fire Dance » se construit d’abord sur une atmosphère lourde et planante, créée principalement par la basse. La batterie assure. Les claviers ponctuent avant de partir dans un solo rappelant que Jordan Rudess a aussi participé à Dixie Dregs. T. Lavitz n’aurait pas fait mieux.

« The Rubberband Man » reste dans la ligne du morceau précédent. La batterie joue très en avant, les claviers procèdent par petites touches lointaines et la basse flotte. Plus loin, « Return to the Rubberband Man » développe le thème et permet à chacun d’approfondir.

« Holes » est une totale réussite. Un délice où l’équilibre entre chaque instrument est parfait. En prime, la mélodie est accrocheuse. On croirait entendre Rod Argent avec son célèbre Argent.

« Tony’s Nightmare » porte bien son nom. Tony Levin s’égare inutilement. Heureusement, il fait court.

Au contraire, « Boom Boom » retrouve la forme et, comme suggéré, manipule la dynamite. La basse ultra lourde et la batterie bien carrée évoluent sur un rythme saccadé qui permet aux claviers d’entretenir la machine.

Le spatial et bizarroïde « Dysneyland Symphony » clôture ce long et passionnant CD.

En conclusion, ce trio improvisé et improvisant, mené par une rythmique de choc, avait bien quelque chose à dire. Le succès de ce CD pourrait stimuler l’organisation d’une nouvelle rencontre. En tout cas, c’est à souhaiter.

Les musiciens :

  • Jordan Rudess : Claviers
  • Tony Levin : Basse
  • Mike Portnoy : Batterie

Les titres (78’05) :

  1. « Chris & Kevin’s Bogus Journey » (7’53)
  2. « Hot Rod » (6’21)
  3. « RPP » (3’06)
  4. « Hawaiian Funk » (4’38)
  5. « Cappuccino » (3’26)
  6. « Jazz Odyssey » (8’49)
  7. « Fire Dance » (8’22)
  8. « The Rubberband Man » (6’51)
  9. « Holes » (4 ’39)
  10. « Tony’s Nightmare » (2’48)
  11. « Boom Boom » (6’34)
  12. « Return to the Rubberband Man » (9’43)
  13. « Disneyland Symphony » (4’46)

Pays: US
Magna Carta MAX-9060-2
Sortie: 2007/10/23

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