PHILIPS, Diego – Tides
Dans la cruelle catégorie « nul n’est prophète en son pays », pleins feux sur notre compatriote et talentueux singer-songwriter Diego Philips. Après avoir étudié à Bruxelles, il s’exile à Londres pour y poursuivre une formation en music performance au sein du très réputé BIMM Institute. Bien décidé à réaliser son rêve artistique timidement entamé en 2014 via « Burning Pieces », un mini album confidentiel, il y rencontre les musiciens qui forment aujourd’hui l’ossature de son projet. Baptisés The Pretty Boys, le guitariste Jay Dano, le bassiste Jordan Liardon et le batteur Piotr Paskiewicz ont mis en boîte avec lui un EP et deux singles ces dernières années. Mais ils se sont également taillés une sulfureuse réputation scénique en se produisant régulièrement dans les hauts lieux culturels de la capitale anglaise.
Aujourd’hui, Diego Philips passe à la vitesse supérieure en publiant « Tides », son premier véritable album. Un aboutissement d’autant plus remarquable qu’il le fait en parfaite autonomie, sans support (ni pression) d’un label. Une liberté artistique totale, donc, avec ses avantages mais également ses inconvénients. Parmi ceux-ci, le financement, lui aussi auto-géré. Une abnégation et une détermination qui forgent le respect tout en caractérisant le tempérament d’un personnage dont la cellule familiale ignorait pour ainsi dire la prétention musicale et qui a notamment appris la guitare en autodidacte.
Enregistré à Newhaven dans l’East Sussex, non loin de Brighton, « Tides » prend le large au son de « Smile », titre addictif que l’on dirait sorti du chapeau magique de Stef Kamil Carlens. Bardé de guitares chaloupées et construit en crescendo retenu, il introduit à merveille l’univers d’un artiste particulièrement inspiré. Dans la foulée, le tout simplement parfait « Where Did You Go? » lui permet d’atteindre un moment de grâce. Une intro délicate, une voix délicieusement fébrile, un sentiment de plénitude puis une explosion subite doublée de chœurs soutenus permettant d’apprécier à sa juste valeur un retour tout aussi soudain vers un calme relatif.
Si la proximité de la Manche et ses grandes étendues ont sans doute influencé le caractère mélancolique de certaines compositions (« When I Feel The Moon », les différents interludes), Diego Philips prend un malin plaisir à emmener l’auditeur dans des contrées pas forcément convenues. Prenons par exemple les différents aspects de « The Sun », entre ombre tamisée et lumière incandescente mais toujours prenants. Ou encore « A Song », passionnante pièce curieusement construite que l’on pourrait assimiler à une sorte de blues futuriste à tendance psychédélique d’une richesse inouïe. Sans parler d’« In The Dark », point final de la plaque composé et enregistré sur le tard de manière atypique, laissant parler sa spontanéité pour un résultat lumineux, malgré son titre. Seul l’avenir nous apprendra s’il privilégiera désormais cette nouvelle méthode de travail. Mais dans l’immédiat, il peut être fier du travail accompli et du chemin parcouru…
Tracklisting
Smile
Smile Outro
Where Did You Go? Intro
Where Did You Go?
Pretend
The Sun
A Song
When I Feel The Moon Intro
When I Feel The Moon
In The Dark
Pays: BE
Sortie: 2020/05/08
Self-released
(8/10)