NICOLAS PAUGAM – La Délicatesse
Je ne suis pas vraiment certain de comprendre comment nous en sommes arrivés là, mais toujours est-il que Nicolas Paugam et moi évoluons désormais dans une relation sadomasochiste ‘light’ à la Fifty Shades Of Grey dans laquelle le clavier de mon ordinateur joue le rôle du martinet et son album, celui du fessier lacéré.
Toute cette histoire a commencé fin 2024. En raison de la pénurie de chroniqueurs à laquelle notre rédaction était confrontée depuis plusieurs mois, il m’avait été demandé de donner un avis sur quelques albums de chanson française qui étaient arrivés par erreur dans une boîte aux lettres qui, il faut bien l’admettre, est plus habituée aux enregistrements promotionnels de hurleurs anarchistes anglo-saxons et de bruitistes satanistes polonais qu’aux œuvres délicates de poètes chantants issus de la patrie de Molière et Louis de Funès. Le chanteur parisien Nicolas Jules avait eu la délicatesse de reposter sur ses réseaux la prose que j’avais consacrée à son album « La Reine Du Secourisme » et ce, même si je ne faisais qu’y expliquer que mes connaissances en matière de chanson française étaient à peu près égales à ma compréhension des joies de la physique quantique et du mystère féminin. Allez savoir pourquoi, cet aveu honnête avait trouvé un écho positif auprès d’une certaine élite de la chanson française underground et notamment auprès de Nicolas Paugam qui, dans un accès de perversité autodestructrice probablement, avait sciemment décidé de soumettre ses plus belles chansons à mon incompétence.
S’il on en croit les informations disponibles sur la grande toile, Nicolas Paugam est né à Nantes, mais il habite désormais à Vernoux-en-Vivarais en Ardèche. Avant de jouer les cow-boys solitaires, il a longtemps partagé les planches avec son frère au sein d’un groupe Pop appelé Da Capo, avec lequel il a mis quatre albums en boite. Depuis une dizaine d’année, il porte seul le poids de sa guitare, sillonnant les six coins de l’hexagone pour proposer à qui veut bien l’écouter une chanson française teintée de Rock, de Jazz et d’un ‘tropicalisme’ inspiré par la musique populaire brésilienne. Disponible depuis début mars de l’année dernière « La Délicatesse » est déjà sa septième tentative d’inonder le marché saturé du disque avec d’exotiques excentricités sonores.
Dix années sur les routes, sept albums au compteur et toujours méconnu ! Il y a des moments où il faut se rendre à l’évidence : les amateurs de chanson française n’aiment vraiment pas se faire du bien ! Comment expliquer autrement le désintérêt des médias spécialisés (et du public qui les suit aveuglément) pour des chansons aussi belles que « La Délicatesse« , « Sous la Houlette« , « En Pantalon qui Va Bien » ou « La Vie C’est Bien Trop Compliqué » ; de véritables hits en puissance qui, avec leurs rythmiques exotiques, leurs guitares subtiles et leurs lyrics doux-dingues, ont bien plus de fraicheur à apporter à l’héritage de Brel, Brassens, Arno, Dutronc et Nino Ferrer que toutes les niaiseries interprétées en prime-time par les produits aseptisés sortis des usines à variétoche de Nikos Aliagas.
J’aurais beaucoup aimé entrer dans le jeu pervers de l’ami Nicolas et lui faire mal en affirmant que son album est une daube inécoutable. Malheureusement, il n’en est rien.
- “La Délicatesse” (3’58)
- “Sous La Houlette” (4’19)
- “La Lumière Est Immense” (4’05)
- “Exalem” (3’11)
- “Un Pantalon Qui Va Bien” (3’24)
- “Sylvain et Sylvette” (3’17)
- “La Chanson Annonciatrice” (5’18)
- “Si Tu Vas à San Franciscoco” (3’20)
- “L’homme Heureux” (3’49)
- “La Vie C’est Bien Trop Compliqué” (2’49)
- “Ce Doux Logement” (3’39)
- “Marilou” (2’49)
Le groupe
- Nicolas Paugam – Chant, guitares, claviers, arrangements
- Yannick Boudruche – Chant, guitares
- Isaac Bonnaz – Guitares
- Rénato Tonini – Cajon, percussions
- Alexandre Saada – Piano sur Marilou
Pays: FR
Syncop’s SYN03
Sortie: 2024/03/04