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MELT – The secret teaching of sorrow

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En pénétrant peu à peu dans l’œuvre de Melt, à savoir un premier album éponyme en 2017 et ce nouveau ʺThe secret teaching of sorrowʺ paru cette année, on constate l’évidente aptitude de ce groupe français à la tristesse. Son rock lourd, que les classificateurs pressés rangeront dans le rock alternatif ou le métal gothique, suinte en effet une atmosphère désespérée et révoltée, incarnée en particulier par le chant de Charlotte, la dame du groupe qui forme un couple avec Olivier (guitare) depuis 2007.

Les deux âmes tourmentées d’Olivier et Charlotte travaillent en duo pendant de nombreuses années, ce qui occasionne l’écriture de chansons, sans mise en album toutefois. Pour cela, il faut attendre 2015 et l’arrivée de la section rythmique composée de Roméo (batterie) et Julien (basse). En quatuor, Melt va pouvoir donner sa mesure, emportant son auditoire dans des gouffres d’un romantisme noir et fiévreux, où l’odeur des fleurs fanées flotte dans l’air et irrite les sens. Pourtant, c’est un désir d’espoir qui anime les musiciens de Melt, qui on un art consommé de camoufler leurs véritables intentions derrière ce flot de désespérance musicale qui se révèle pourtant d’une incroyable beauté.

Ce qui fait l’âme de Melt, c’est ce chant aigu et plaintif de la chanteuse, qui se déchire les cordes vocales sur des textes en anglais mais aussi dans une langue inventée. Cette langue apparaissait déjà sur le premier album ʺMeltʺ, plus exotique que ce nouvel album qui convoque les esprits errants de la dark wave des années 80. ʺThe secret teaching of sorrowʺ est effectivement un voyage dans la solitude et le chagrin, soulignés par la force des instruments qui distillent des parties de guitares écorchées et des rythmes lents et massifs. On reste accroché à des complaintes automnales comme ʺMothʺ, ʺHellionʺ ou ʺLandʺ, délicates respirations souffrantes qui donnent envie de pleurer toutes les larmes de son corps ou de revoir l’intégrale de la filmographie d’Andreï Tarkowski. ʺIn the fieldʺ coupe brutalement cette ambiance funéraire en plein milieu d’album avec le bruit des pas d’une personne qui marche dans la campagne, rien de plus. On repart alors de plus belle avec le gros morceau de l’album, un ʺOn this earthʺ de huit minutes, plus blafard qu’un congrès de croque-morts biélorusses. C’est lors de la montée en puissance de cet impressionnant morceau que l’on découvre encore une fois les capacités vocales de Charlotte, capable de faire passer les pleurnicheries de Muse pour de grosses plaisanteries de corps de garde. Même sentiment sur le tendu ʺMindʺ, où Charlotte semble crever le plafond de l’ultrason en remontant les octaves au galop. Les hurlements continuent sur ʺAdarshʺ, au pathos démesuré, parcouru de ces cris de douleur que seule une femme accouchant d’un camion frigorifique peut proférer. Et on finit noyé dans ʺSangriaʺ, un instrumental tout de langueur vêtu, qui vient achever un grand album, idéal pour faire la fête après un enterrement ou une catastrophe naturelle.

https://www.youtube.com/watch?v=J3omN-lTzD4

Le groupe :

Olivier (guitare)
Charlotte (chant et guitare)
Roméo (batterie)
Julien (basse)

L’album :

ʺWe Shall Not Sleep In Deathʺ (01:06)
ʺMothʺ (06:15)
ʺOn The Brinkʺ (01:06)
ʺHellionʺ (05:04)
ʺLandʺ (05:00)
ʺIn The Fieldʺ (01:27)
ʺOn This Earthʺ (08:05)
ʺMindʺ (03:51)
ʺAdarshʺ (04:23)
ʺOne Last Midnightʺ (01:36)
ʺSangriaʺ (06:24)

https://melt4.bandcamp.com/album/the-secret-teaching-of-sorrow
https://www.facebook.com/wearemelt/

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2020/06/19

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