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L’EPEE, Frédéric – The empty room

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Où l’on reparle de Frédéric L’Epée à l’occasion de la sortie de son nouvel album solo ʺThe empty roomʺ, nouvel opus pour ce musicien qui a aussi gagné ses galons dans des groupes. On se souvient de l’un d’entre eux, Yang, dont le dernier album ʺThe failure of wordsʺ (2017) nous avait permis de décrire par le menu la longue carrière de Frédéric L’Epée, avec ses groupes Shylock, Philharmonie et Yang. Nous ne revenons donc pas sur les détails de la carrière de ce brillant guitariste et vous renvoyons à la lecture de cette chronique pour rattraper le résumé des épisodes précédents.

Plus récemment, Frédéric L’Epée a continué ses travaux, notamment à Berlin où il est désormais installé. Il a développé un nouveau projet E-Werk, quartet spécialisé dans la musique contemporaine qui compose et reprend également des œuvres de musiciens contemporains, jeunes ou moins jeunes. L’ensemble se distingue par le fait que ce quartet n’utilise que des guitares électriques pour s’exprimer.

C’est sans nul doute un projet qu’il faudrait examiner de près mais ce qui nous intéresse ici, c’est cet album ʺThe empty roomʺ que Frédéric l’Epée a tenu à faire au milieu d’un agenda professionnel déjà assez chargé. Alors, qu’est-ce qui pousse un musicien surbooké à se rajouter du boulot en plus avec un album solo alors qu’il a déjà assez de pain sur la planche? C’est simplement un besoin qui vient du fond du cœur et de l’âme. Ce besoin, c’est l’hommage nécessaire que Frédéric L’Epée a voulu rendre à ses proches qui ont quitté cette vie. C’est à ce moment que l’on comprend la signification du titre ʺThe empty roomʺ. Oui, c’est ce vide qu’il faut conjurer en trouvant le réconfort dans la création musicale, pour exorciser son chagrin et cela, Frédéric L’Epée le fait avec talent sur ce bel album.

Frédéric L’Epée a passé deux ans à méditer ce disque, composant les titres au fil de l’inspiration. Il n’y avait pas d’urgence pour le sortir, pas de label faisant pression et c’est naturellement que Frédéric a accouché de ces douze morceaux instrumentaux qu’il enregistre avec ses amis de Yang, Volodia Brice (batterie), Laurent James (guitare) et Nico Gomez (basse). Il a également recours aux services d’André Fisichella (batterie) et Olivier Innocenti (bayan, c’est-à-dire un accordéon russe). Le thème de la disparition et de la mort a beau être dur par définition, Frédéric L’Epée réalise ici une série de pièces pleines de sérénité et de clarté. C’est la guitare qui mène le jeu au cours de morceaux aux structures mélodiques assez relâchées, presqu’aériennes. Les titres suggèrent le passage (ʺInévitable traverséeʺ, ʺSouvenirs de traverséeʺ, ʺVoguant au loinʺ), le respect des défunts (le binôme ʺHymne aux ancêtresʺ, 1 et 2) ou le chagrin (ʺAmour et dissolutionʺ, ʺParle-moi encoreʺ). Le style épuré des morceaux, sans trop de fioritures qui sont souvent l’apanage de la musique progressive, séduit immédiatement l’oreille. La limpidité des notes de guitare resplendit et occupe presque tout l’espace sonore, laissant une place discrète à la section rythmique, qui gagne par ce biais toute sa richesse dans l’accompagnement. Il faut effectivement une présence rythmique bien réelle pour soutenir de belles envolées de guitare, comme sur ʺBadongʺ, ʺDeltaʺ ou le très intense ʺParle-moi encoreʺ.

Avec le thème de la mort, on s’attendait à funéraire un peu poignant mais c’est au contraire un univers musical frais et lumineux qui se présente ici, semblant suggérer que la mort n’est pas aussi tragique que ce que notre monde matérialiste veut le concevoir. Après tout, nul n’est jamais revenu de l’autre côté pour nous dire comment c’était. C’est peut-être un monde heureux, qui sait?

Le groupe :

Frédéric L’Epée (guitare)
Laurent James (guitare)
André Fisichella (batterie)
Volodia Brice (batterie)
Nico Gomez (basse)
Olivier Innocenti (bayan)

L’album :

  1. Badong (07:00)
  2. Inévitable traversée (unavoidable crossing) (04:23)
  3. Descending the Slow River (en descendant la rivière lente) (06:28)
  4. Amour et dissolution (03:32)
  5. Delta (08:22)
  6. Hymne aux Ancêtres 1 (03:15)
  7. Treasured Wounds (blessures précieuses) (06:47)
  8. Mist (brume) (04:50)
  9. Parle-moi encore (keep talking to me) (06:40)
  10. Souvenirs de Traversée (memories of crossing) (05:44)
  11. Hymne aux Ancêtres 2. (02:04)
  12. Wegschippernd (Sailing Away – Voguant au Loin) (01:03)

https://laspada.bandcamp.com/album/the-empty-room

http://fredericlepee.eu/

Pays: FR
Yang Music
Sortie: 2019/05/22

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