INSECT ARK – Future fossils (EP)
Les amateurs de drone ambient et d’expérimentations sonores qui considèrent que le bruit du condensateur de leur réfrigérateur est aussi de la musique vont pouvoir s’intéresser de près à Insect Ark, un duo monté il y a une dizaine d’années par Dana Schechter. Originaire de San Francisco, Dana Schechter fonde à New York un premier groupe Bee & Flower, spécialisé dans le slowcore et la chamber pop. On est assez éloigné de ce que fait actuellement Insect Ark, l’autre grand projet de Dana Schechter mis sur pied en septembre 2011. Celle-ci bénéficie par ailleurs d’une très solide expérience musicale glanée au fil de nombreuses participations dans des groupes de toute sortes (American Music Club, Swans, Angels Of Light, Zeal And Ardor, Wrekmeister Harmonies, Årabrot, Gnaw, Pneu, IIVII, Locrian, Enablers, Botania et même Bertrand Burgalat).
Insect Ark fonctionne en duo et jusqu’en 2019, c’était Ashley Spungin qui officiait à la batterie, Dana Schechter s’occupant de la basse et des effets électroniques. Dana est d’abord seule à la basse sur le single ʺCollapsar/Piledriverʺ (2012), suivi des albums ʺLong armsʺ (2013) et “Portal/Well” (2015). Puis Ashley Spungin est impliquée dans ʺMarrow hymnsʺ (2018) et ʺThe vanishingʺ (2020). Le remplaçant, fraîchement arrivé en 2020, s’appelle Andy Patterson. Ce batteur au CV impressionnant a débuté il y a une vingtaine d’années dans des groupes venant pour la plupart de Salt Lake City (Døne, Ether, INVDRS, Iota, Jealous, Kick the Dog, Oxcross, Polestar, Red Bennies, Search, State of the Nation, SubRosa, Sweet Jesus) et opérant dans des registres stoner et doom.
Le doom ambiant est en général le qualificatif utilisé pour définir la musique d’Insect Ark. Mais ce qui nous attend sur le dernier EP ʺFuture fossilsʺ est quelque peu différent. C’est une collection de quatre morceaux dont trois proviennent d’enregistrements effectués entre 2016 et 2018 mais non repris sur des albums. Dana Schechter est en fait allée chercher dans ses archives et elle a exhumé ces trois morceaux foncièrement drone et bruitistes. Le quatrième morceau provient quant à lui d’un concert joué dans une ancienne église new-yorkaise et il nous emporte dans les confins du bruit industriel pendant 23 minutes. Il faut donc avoir l’habitude des sonorités audacieuses et anti-mélodiques pour apprécier pleinement ʺOral thrushʺ, ʺGypsum bladeʺ et ʺAnopsian voltaʺ. Des voiles de sons synthétiques semblent former une épaisse nappe de brouillard autour de nous, l’atonalité de l’ensemble émettant une impression de désolation post-apocalyptique. Bande son idéale pour un film de science-fiction post guerre nucléaire, ces morceaux grinçants et anxiogènes nous transportent dans une autre dimension. ʺGravitronsʺ, le morceau live, constitue la pièce de résistance et ferait passer Einstürzende Neubauten pour un groupe de pop sud-coréenne. On est ici confrontés à des chocs de tubulures, des vibrations monolithiques et des motifs sonores déstructurés.
Seul un label comme Consouling pouvait se porter candidat pour sortir une œuvre de cet acabit. Ceux qui ont les codes d’accès à cette musique complexe et absconse auront toutefois de quoi réjouir leur subconscient.
Le groupe :
Dana Schechter (basse, lap steel, électronique)
Ashley Spungin (batterie et percussions)
L’EP :
ʺOral Thrushʺ (06:39)
ʺGypsum Bladeʺ (08:15)
ʺAnopsian Voltaʺ (04:46
ʺGravitrons (Live Improv, 16 Nov 2016)ʺ (23:12)
https://insectark.bandcamp.com/album/future-fossils
https://www.facebook.com/InsectArk
Pays: US
Consouling Sound
Sortie: 2021/09/24