HITCHCOCK, Toby – Changes

Toby Hitchcock est ce chanteur à la voix d’airain qui forme une association depuis une vingtaine d’années avec le guitariste Jim Peterik, connu pour avoir joué dans le groupe jazz-rock Ides of March dans les années 70 et surtout, bien sûr, dans Survivor (et son fameux ʺEyes of the tigerʺ) dans les années 80. On reste chez les félins avec Toby Hitchcock et Jim Peterik puisque leur groupe commun s’appelle Pride Of Lions et est un des étendards du style hard rock mélodique et AOR. Bien entendu, qui dit hard rock mélodique dit label Frontiers Music, qui a abrité ce groupe sous son aile dès son premier album en 2003.

Ainsi pouponnés par la célèbre maison italienne, Jim Peterik et Toby Hitchcock peuvent aussi de livrer à des albums solos qui sortent aussi chez Frontiers. Cela leur fournit un calendrier de travail clair et chargé puisqu’après un nouvel album de Pride Of Lions sorti en octobre 2020, Jim Peterik est en train de préparer un autre album solo, ce qui laisse à Toby Hitchcock le temps de faire également des siennes tout seul sans son coin, avec un troisième album sous son nom.

Cet album s’appelle ʺChangesʺ mais on se demande bien de quels changements il peut s’agir ici, étant donné que Toby Hitchcock nous livre ce qu’il a toujours fait, à savoir du grand chant en mode ténor sur un lit de rock FM grandiloquent et hâbleur, toujours dans les clous en ce qui concerne les standards stylistiques exigés par le genre. Pour ce troisième album, la composition des morceaux a été confié à Alessandro Del Vecchio, le zelig du rock AOR, producteur maison de Frontiers qui est dépêché sur à peu près tout ce qui sort des murs de cette entreprise. Mais quand on a un agenda de président des États-Unis comme Alessandro Del Vecchio, on n’a pas forcément l’occasion de se plonger en profondeur sur un des multiples boulots qu’on a sur sa table. Del Vecchio, entre son nouvel album pour Hardline, la production des albums d’Inner Stream ou de Resurrection Kings, la basse chez Chalice Of Sin ou Robin McAuley (au passage, uniquement des albums sortis depuis un mois), a survolé l’écriture du nouvel album de Toby Hitchcock en plaquant sur la partition tous les bons vieux trucs typiques de l’AOR, sur un coin de table entre deux autres projets, histoire de faire au plus vite et de gérer son emploi du temps chargé.

On se retrouve avec un disque qui est sympathique, archi-prévisible mais qu’on n’est pas sûr de ressortir une deuxième fois des rayons de la discothèque une fois qu’on l’y aura rangé. L’atout majeur du disque est la voix impressionnante de Toby Hitchcock, qui semble cependant chanter sur commande. Derrière lui, ce sont les équipes de Frontiers qui sont à l’œuvre. On retrouve bien sûr Alessandro Del Vecchio à la basse et aux claviers, mais également Nicholas Papapicco à la batterie et Martin Jepsen Andersen à la guitare, soit les gens qu’on vient de repérer sur les albums d’Inner Stream, Robin McAuley et Chalice Of Sin. On imagine les types en studio 24 heures sur 24 en train de jouer, on change juste les partitions sur les pupitres, on amène le nouveau chanteur et hardi petit, c’est reparti pour un nouvel album.

On ne s’étonnera donc pas de la relative impersonnalité de la musique jouée sur cet album de Robyn Hitchcock qui fournit quand même de bons moments d’écoute avec les premiers morceaux de ʺChangesʺ (ʺForwardʺ, ʺBefore I met youʺ, une reprise de la chanteuse grecque Despina Vandi connue à l’origine sous le nom de ʺXano Esenaʺ, la plage titulaire ʺChangesʺ). À partir de ʺTonight againʺ, petite ballade romantique, les choses commencent à dévisser vers une routine rassurante. L’amateur d’AOR bien produit et gentiment calibré trouvera un certain confort dans l’écoute de ʺGarden of Edenʺ (plus Survivor, tu meurs), ʺDon’t say goodbyeʺ (une autre ballade aux pleurnicheries indécentes), ʺSay no moreʺ (un inédit de Michael Bolton ?), ʺRun away again (from love)ʺ (un attrape-coiffeuse garanti), ʺTwo Hearts on the runʺ (le cœur du stade de foot qui bat pour nous), ʺOn the edge of fallingʺ (Survivor défie Foreigner dans une pub pour Mercédès) et ʺLosing youʺ (la dernière chanson d’amour tremblotante, celle de trop).

On l’aura compris, cet album est un disque pour fans, ceux de Toby Hitchcock, ceux de Pride Of Lions, ceux d’Alessandro Del Vecchio, ceux qui veulent draguer de la majorette californienne, comme on veut. Mais je doute que ce disque fédérera les auditeurs qui s’impliquent dans l’écoute de genres multiples car il sonne un peu trop passe-partout.

Le groupe :

Toby Hitchcock (chant)
Martin Jepsen Andersen (guitare)
Alessandro Del Vecchio (basse, claviers, chœurs)
Nicholas Papapicco (batterie)

L’album :

ʺForwardʺ
ʺBefore I Met Youʺ
ʺChangesʺ
ʺTonight Againʺ
ʺGarden of Edenʺ
ʺDon’t Say Goodbyeʺ
ʺSay No Moreʺ
ʺRun Away Again (From Love)ʺ
ʺTwo Hearts on the Runʺ
ʺOn The Edge of Fallingʺ
ʺLosing Youʺ

https://www.facebook.com/tobykhitchcock

Pays: US
Frontiers Music
Sortie: 2021/07/09