GUT GUT – Wazooland
Markis Sarkis, alias Serge Gonnet, est un homme aux activités artistiques multiples. Peintre et musicien, Markis Sarkis se consacre avec un égal bonheur à ses deux passions, avec quand même une petite préférence pour la musique. A la fin des années 70, il crée le groupe de rock progressif Madame Rose, s’installe dans le sud de la France et fabrique son propre studio d’enregistrement au début des années 90. Puis il fonde un autre groupe Kissing Jane qui va éditer trois albums durant les Nineties. Puis ce sera MaaM au début du siècle suivant, un concept fusion qui mélange danse contemporaine, photo, vidéo, musique. On sent se confirmer chez Markis Sarkis ce goût pour la pluridisciplinarité. Il compose ainsi des musiques pour des chorégraphies, collabore avec des artistes multimédia dans le domaine de la vidéo ou du théâtre.
Vers 2004, il cesse temporairement ses activités musicales pour se tourner davantage vers la peinture, ce qui l’amène à Bruxelles où il va exposer et quand même jouer de la musique avec le groupe local Buenas Ondas. De retour dans le sud de la France en 2008, il compose pour la télévision et collabore avec des artistes sur des expositions qui éclatent les rapports entre musique, penture, modernité et classicisme. Après un nouveau diplôme de musique (son troisième) à l’université d’Aix-Marseille, il se lance dans le projet Gut Gut qui va émettre dans l’atmosphère les albums ʺ5ʺ (2016), ʺOllʺ (2017) et ʺTpecnoc mublAʺ (ou ʺConcept albumʺ, pour les dyslexiques) en 2018.
Cet album associant progressif, musique du monde et folie douce est remarqué par le label anglais Dr John’s Surgery Records, qui signe Gut Gut et permet ainsi rapidement la confection d’un nouvel album. ʺWazoolandʺ est sorti en mars dernier et confirme tout le bien qu’il faut penser de Gut Gut. Ce groupe reste la chose exclusive de Markis Sarkis, qui a cette fois-ci recours aux services de Fabrice Di Mercurio (batterie et chœurs) et Fred Moutte (percussions et chœurs). Markis Sarkis assure quant à lui le chant, la guitare, le bouzouki et la basse.
Outre l’incontestable maîtrise instrumentale de ce trio, à l’aise sur tous les rythmes et tous les registres, on peut aussi découvrir sur ce ʺWazoolandʺ un esprit voyageur et libre, qui revisite les musiques du monde avec une approche rock progressif agréablement foldingue, dans une perspective rappelant Gong, Magma ou Atoll, pour rendre hommage à de grands groupes prog de l’Hexagone. On pense à Magma notamment en raison de la langue utilisée sur cet album, un sabir vaguement africain qui peut être soit du vrai swahili, soit une sorte de kobaïen ou de volapuk maison inventé par Markis Sarkis (je ne suis pas suffisamment calé en linguistique pour avoir reconnu un quelconque langage officiel).
Toujours est-il que ce langage à consonance africaine ne nous entraîne pas forcément sous les latitudes de la musique purement africaine. De solides résurgences prog et même heavy prog (ʺWanisaïʺ, ʺAltaïrʺ, ʺLhastaïʺ, ʺFazʺ) viennent secouer nos oreilles, tandis que les vibrations dansantes de ʺWidom shaïn orientishʺ ou ʺEkoʺ nous donnent envie de nous secouer le popotin dans des transes électro-tribales cosmiques et funky.
Et l’album se déroule ainsi, sans temps mort ni trompettes mais avec beaucoup et groove et d’esprit Seventies. On ne peut que recommander l’écoute de ce sympathique ʺWazoolandʺ qui incite à l’évasion et aux rythmes dynamiques. Une belle découverte.
Le groupe :
Markis Sarkis (chant, guitare, bouzouki, basse)
Fabrice Di Mercurio (batterie et chœurs)
Fred Moutte (percussions et chœurs)
L’album :
ʺOnessaʺ (4:17)
ʺEkoʺ (4:03)
ʺWanisaïʺ (3:20)
ʺAltaïrʺ (4:23)
ʺLhastaïʺ (4:17)
ʺWidom Shaïn Orientishʺ (4:35)
ʺFazʺ (3:40)
ʺAvoumen Voicesʺ (2:19)
ʺIndenaʺ (4:06)
ʺShayanʺ (5:10)
http://www.markis-sarkis.com/index.html
https://www.facebook.com/gutgutband/
Pays: FR
Dr Johns Surgery Records
Sortie: 2020/03/15