FISCHER-Z – Til the oceans overflow

Il est clair que les temps tourmentés que nous vivons sont du pain bénit en termes d’inspiration pour un vieux râleur comme John Watts. Le bonhomme a 45 ans de carrière derrière lui, a tout vécu en termes de vagues punk, new wave, post-punk et a eu maintes fois l’occasion de faire entendre sa voix pour critiquer les avanies de notre monde moderne. À l’époque, dans les années 70 et 80, c’était contre l’ordre bien-pensant anglais et contre la barbarie communiste que John Watts et son groupe Fischer-Z s’élevaient. Aujourd’hui, à 40 ans d’intervalle, c’est contre la pollution, les épidémies, l’urgence climatique, la surveillance électronique, le transhumanisme et… l’ordre bien-pensant et la barbarie libérale que John Watts plante son bâton en terre devant les forces malfaisantes et leur hurle à la figure : ʺVous ne passerez pas !ʺ

Depuis une dizaine d’années, John Watts a remis sur les rails son groupe Fischer-Z, un des combos les plus intéressants de la toute fin des années 70, d’abord disparu en 1982, puis remis timidement en selle de 1987 à 2004. Mais cette fois, c’est du vrai car le convoi redémarre et semble ajouter des wagons toujours plus intéressants au fur et à mesure qu’il avance. Le dernier en date était l’album ʺSwimming in thunderstormsʺ (2019), qui clouait au pilori quelques menaces que notre humanité réserve à la nature.

Depuis, avec l’arrivée du coronavirus, il y a encore plus de raisons de s’insurger, de prendre le stylo pour écrire des textes contestataires, avant de prendre la fourche et de descendre dans la rue… John Watts a donc eu de quoi bosser sur de nouveaux textes, après tous les drames qui se sont déversés sur l’humanité depuis deux ans. En fait, John Watts, s’exprime dans différentes directions. Il fait le point sur sa vie à travers des textes personnels (ʺSelfish mirrorʺ, ʺNarcissusʺ) et pointe du doigt les dangers qui menacent le monde, en matière d’environnement (ʺChooseʺ, ʺTil the oceans overflowʺ) ou de contrôle par les machines (ʺDystopia’s hereʺ, ʺA.I. owns U.ʺ, au sujet de l’intelligence artificielle). John Watts a également voulu faire un clin d’œil à son album ʺRed skies over paradiseʺ de 1981, qui parlait des dangers de la guerre froide, avec l’inclusion du personnage de cette pochette sur la couverture de son nouvel album. Il introduit aussi cette chanson ʺBrianʺ, qui renvoie à ʺYou’ll never find Brian hereʺ, qui figurait sur ʺRed skies over paradiseʺ.

John Watts retrouve ici ses musiciens qui avaient opéré sur le précédent album : Siniša Banović (batterie et percussions), David Purdye (basse), Adrien Rodes (claviers), Marian Menge (guitare). L’équipe a dû travailler à distance en raison de la pandémie mais ces contraintes n’ont en aucun cas gêné l’inspiration de John Watts qui a encore donné à ses nouvelles chansons beaucoup de sensibilité et de finesse, dans un registre rock et pop environné d’électronique, qui fait autant de bien à l’esprit (grâce aux textes) qu’au corps (grâce aux mélodies qui donnent souvent l’envie de danser).

A l’heure où la plupart des artistes musicaux préfèrent parler de leur nombril, il est salutaire de voir un chanteur se révolter encore un peu. Alors, avant d’être engloutis par les océans ou d’être robotisés par une technologie toujours plus perverse, dépêchons-nous d’écouter des artistes encore lucides et un peu dissidents comme John Watts et son Fischer-Z. Longue vie à cet homme.

Le groupe :

John Watts (chant et guitare)
Siniša Banović (batterie et percussions)
David Purdye (basse)
Adrien Rodes (claviers)
Marian Menge (guitare)

L’album :

ʺChooseʺ (3:01)
ʺBrianʺ (2:38)
ʺRomance Can Last Foreverʺ (4:30)
ʺCuban Rain Fallingʺ (3:26)
ʺWatersideʺ (3:04)
ʺThe Selfish Mirrorʺ (4:18)
ʺTil The Oceans Overflowʺ (4:41)
ʺNarcissus took me down (3:24)
ʺBig Orange Sunʺ (3:20)
ʺOh Compassionʺ (3:13)
ʺDystopia’s Hereʺ (2:18)
ʺA.I. Owns U.ʺ (3:37)

https://www.facebook.com/fischerZmusic

Pays: GB
JWFZ
Sortie: 2021/10/08