BABY FIRE – Grace
Le trio bruxellois Baby Fire continue sa descente dans les profondeurs de l’âme et les tourments de l’esprit avec un quatrième album ʺGraceʺ qui fait suite à ʺNo fearʺ (2011), ʺThe red robeʺ (2014) et ʺGoldʺ (2016). Dominique Van Cappellen-Waldock, patronne de l’affaire, a pris le temps pour trouver l’inspiration et proposer ce nouvel épisode, toujours aussi peu optimiste mais réellement prenant. Dominique est une européenne dans l’âme, se baladant entre Londres et Bruxelles, collectionnant les disques et se frottant aux scènes hard rock et punk de Londres. C’est une rencontre à Bruxelles avec le légendaire et regretté Ronnie James Dio qui détermine son parcours. Dio écoute une cassette démo de Dominique et lui confirme qu’elle sait chanter.
Ensuite c’est la construction d’une identité musicale, faite au contact de personnalités rencontrées ici et là, comme Eugene Robinson (Oxbow), Dana Schechter (Insect Ark, Swans) ou Eve Libertine et Penny Rimbaud, membres du mythique groupe Crass. Baby Fire, d’abord en duo avec Dominique Van Cappellen-Waldock et Cha (ex-Lady Fucked Up et ex-Lem), puis en trio autour de Lucille Beauvais (guitare, claviers et chœurs) et Cécile Gonay (basse, violon et chœurs), édite donc ses albums en suivant les traces de Siouxie & The Banshees, P.J. Harvey ou Shannon Wright.
Ces disques voguent dans les aspects sombres de la conscience, alliant new wave lunaire, psychédélisme désincarné et gothique maladif. ʺGraceʺ n’échappe pas à cette vision du monde avec de nouveaux titres hivernaux et envoutés. Dominique Van Cappellen-Waldock a aussi ouvert les portes du studio à quelques invités comme Laetitia Shériff, Mike Moya (de Gospeed You ! Black Emperor), Eve Libertine (qui est une habituée) et G.W. Sok (du légendaire groupe anarcho-punk néerlandais The Ex).
Les dix chansons de l’album ont chacune leur personnalité et nous emmènent dans un voyage intérieur où vont s’entrechoquer chant lyrique (ʺA spellʺ), litanies de guitares abruptes (ʺFleur de feuʺ), violons languissants (ʺLoveʺ) ou grincements post-punk (ʺThis is a love songʺ). Dominique Van Capellen-Waldock a voulu explorer le concept de la grâce. S’étant cassé l’épaule juste avant l’enregistrement de l’album, elle en a profité pour repenser certains titres et en ajouter de nouveaux, insistant davantage sur les concepts de déconstruction et de reconstruction, et bien sûr la grâce qui prend ici des chemins tortueux (la plage titulaire ʺGraceʺ et ses sept minutes d’incantations désertiques, ʺPrayerʺ, dévoré par un violon sonnant comme un vol de mouches, ʺSing in brightnessʺ, quasiment parlé et hanté par un chœur d’anges brûlés). Le concept est complété visuellement par la pochette de l’album, illustré par Alice Smith qui a choisi exprès cette statue à l’aile cassée, comme rappel de l’épaule brisée de la chanteuse.
Certains vous diront que pour avoir la grâce, rien ne vaut une bonne confession et un acte de contrition parfaite avant la sainte messe. C’est peut-être une option mais l’album de Baby Fire peut aussi procurer une rédemption par le biais de sa musique inquiète et nerveuse.
Le groupe :
Dominique Van Cappellen-Waldock (chant, guitare, effets électroniques)
Lucille Beauvais (guitare, claviers et chœurs)
Cécile Gonay (basse, violon et chœurs)
L’album :
ʺA Spellʺ (2:39)
ʺFleurʺ (3:50)
ʺLoveʺ (4:02)
ʺThis Is a Love Songʺ (2:04)
ʺGraceʺ (7:43)
ʺDance!ʺ (2:26)
ʺPrayerʺ (3:56)
ʺSing in Brightnessʺ (5:44)
ʺLike William Blakeʺ (3:54)
ʺEternalʺ (4:23)
https://babyfire.bandcamp.com/album/grace
https://www.facebook.com/babyfirebrussels/
Pays: BE
Off Records
Sortie: 2022/05/06