OBÚS et BARÓN ROJO, deux icônes du hard rock espagnol se partagent l’affiche à Gérone
Barón Rojo et Obús sont les deux groupes les plus emblématiques du hard rock espagnol des années ’80. Tous deux formés en 1980, ils ont marqué des générations de rockers. Les deux groupes ont eu de nombreux changements de line up au fil des ans, et entretenu une certaine « rivalité » parfois.
Si Obús a exclusivement évolué au sein du marché espagnol et latinoaméricain, Barón Rojo a quant à lui tenté de pénétrer le marché anglophone, notamment en publiant une version anglaise de leur album « Volúmen Brutal » en 1982 (album enregistré aux studios Kingsway de Ian Gillan), et en jouant au festival de Reading la même année aux côtés d’Iron Maiden, Twisted Sister, Michael Schenker, Gary Moore… Ils ont également joué chez nous au Heavy Sound festival en 1983. Malgré de très nombreux changements de personnel, Barón Rojo est toujours resté actif depuis le début, mené par les frères Carlos et Armando de Castro, tous deux guitaristes et chanteurs.
La trajectoire d’Obús a également connu quelques changements ainsi qu’une séparation en 1991, avant que les deux compères Fortu Sánchez (chant) et Paco Laguna (guitare) ne remettent le couvert en 1996.
J’avais déjà vu les deux groupes en concert – Barón Rojo en festival en 2016 et Obús en 2024 en première partie de Gene Simmons. Si les premiers m’avaient parus un peu insipides, le groupe de Fortu m’avait impressionné et carrément piqué la vedette à l’ancien Kiss. Alors qu’en serait-il à l’occasion de cette tournée-événement où ces deux monstres sacrés du rock espagnol se partagent l’affiche pour quelques dates ?
Obús a ouvert les hostilités dès 20h30, et immédiatement séduit un public acquis d’avance. Á 71 ans, Fortu Sánchez est en très grande forme, et vocalement… impressionant, c’est le mot. Il est considéré comme le meilleur chanteur de rock espagnol, et ce titre n’est pas volé.
ObúsLe groupe est très efficace, communicatif, et tous sont au top scéniquement. Les classiques s’enchaînent, ça bouge dans tous les sens et le public s’enflamme. La formation actuelle est au top, notamment le batteur Carlos Mirat avec une frappe puissante et précise. Son solo sera d’ailleurs très intéressant même si quelque peu atypique, puisque joué sur et avec une échelle.
Après une telle performance, la barre était placée bien haut pour Barón Rojo. Le groupe était d’emblée plus statiques sur scène, chose somme toutes normale puisque les deux guitaristes sont également chanteurs. Mais le son aussi était plus brouillon ; les deux guitares semblaient manquer de précision et de tranchant. Les compositions étant aussi plus complexes, on sentait comme un manque de punch après le rock’n roll pur jus qui avait déferlé auparavant. Ceci étant, le public restait réactif et entonnait les classiques du groupe.
En conclusion, cette double affiche de rêve a confirmé mes premières impressions ; Obús assure un spectacle total, mené par un chanteur phénoménal, et Barón Rojo semble mou et statique à côté de ça. Les deux guitaristes-chanteurs ont des qualités vocales très moyennes, et je ne peux m’empêcher de penser que ce qu’il manque à ce groupe culte est un vrai chanteur.
Photos : Jordi Gallego