Les Nuits 2022: la sélection de Music in Belgium (part 3)
Cette fois on y est. Dans quelques heures, les Nuits du Bota prendront leur envol pour vingt jours de folie. Mais avant de laisser les premiers sons s’échapper du Chapiteau, place au dernier volet de notre tour d’horizon destiné à vous guider dans les méandres de la programmation.
Cette troisième semaine débutera par la release-party du nouvel album d’Alaska Gold Rush, le mardi 10 mai à la Rotonde. « Human Flare » arrive dans les bacs ce vendredi 29 avril et succède au particulièrement réussi « Camouflage ». Le duo bruxellois le plus americana du circuit ne se lasse décidément pas d’explorer les grandes étendues dont ils s’inspirent pour nous emporter dans leur univers.
Les atmosphères délicates seront particulièrement présentes dans les travées du Botanique ce soir-là. Brian Fennel aka SYML se produira sous le Chapiteau et prouvera que la catégorie one hit wonder ne s’adresse pas à lui, même si « Where’s My Love » verra sans aucun doute les spectateurs devenir hystériques. En première partie, Condore, déjà présente aux Nuits 2019 où elle avait ouvert pour Portland à la Rotonde, présentera des extraits d’un premier album patiemment concocté. Et dans un registre encore plus intimiste, le Grand Salon accueillera la très respectée Joanne Robertson mais également l’actrice devenue musicienne Keeley Forsyth.
Le mercredi 11 mai saluera le grand retour des joyeux lurons de FùGù Mango à l’Orangerie. Nouveau batteur, nouvelles compositions et par conséquent nouveau set qu’ils ont justement peaufiné récemment lors d’une résidence au Botanique. Leur pop solaire et sautillante dérouillera les plus réfractaires. Le support sera quant à lui assuré par les Parisiens de Kids Return, affamés après l’annulation de leur mini tournée avec Roscoe le mois dernier.
Les autres affiches de la soirée prendront une coloration plus expérimentale, même si le terme curiosité serait sans doute plus approprié pour caractériser l’affiche du Grand Salon. Anna Meredith n’a ainsi pas son pareil pour interconnecter les genres et les transfigurer. Le titre de son dernier album (« Bumps Per Minute: 18 Studies For Dodgems ») en dit long sur son esprit aventureux. Mais que dire de la Bruxelloise d’adoption Shoko Igarashi qui est en train de donner de nouvelles perspectives au jazz après son passage au Berklee College Of Music à Boston. Quant à Indigo de Souza qui s’occupera de chauffer la Rotonde, son style inclassable car on ne peut plus diversifié tiendra les spectateurs en haleine. Appelons-là singer-songwriter des temps modernes.
Nos amis de BRNS doivent certainement détenir le record de participations consécutives aux Nuits. En effet, depuis 2012, le groupe, ses projets parallèles (l’imprononçable BRNSRPPRS avant qu’ils n’optent pour Namdose), ceux de ses membres (Paradoxant) ou de ses ex-membres (Italian Boyfriend) ont systématiquement trouvé une place sur l’affiche. Cette année, ils célébreront officiellement le 12 mai au Grand Salon la sortie de « Celluloid Swamp », leur troisième album. Pour les avoir vus à l’œuvre au Depot de Leuven en février, on ne peut que vous conseiller d’aller voir ça de vos propres yeux.
Le même jour, à la Rotonde, Makthaverskan se targuera d’être le groupe au nom le plus compliqué à retenir du festival. Mais c’est surtout la première partie qu’il faudra ne pas louper. Les Hollandais de Lewsberg et leurs compositions glaciales largement inspirées du Velvet Underground reviendront dans la même salle que celle qui les avait vus ouvrir pour Deerhoof en septembre 2019. Particulièrement prolifiques, ils ont depuis publié deux albums supplémentaires dont le petit dernier (« In Your Hands ») va droit au but avec ses 22 minutes…
Le vendredi 13 mai, Lucien Fraipont sera de retour à la Rotonde pour sa seconde création des Nuits. Après avoir participé à celle d’Aksak Maboul le week-end précédent, il pilotera une version XL de son projet Robbing Millions. Parmi les invités, on retrouvera notamment Shoko Igarashi dont on parle un peu plus haut et Raphaël Desmarets (Le Colisée). Au programme, la pop insouciante dont il s’est fait une spécialité, au point d’attirer l’attention des gars de MGMT qui l’ont signé sur leur label. Ici aussi, la première partie sera un must et une curiosité puisque Gut Model s’apparente à une sorte de supergroupe indie local dans lequel on retrouve des membres de Purrses et de Lenny Pistol.
Un peu plus loin, à l’Orangerie, le décor sera radicalement différent et mettra en avant du gros son et des guitares criardes. D’autant que les sauvages de Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs Pigs voudront effacer leur frustration de ne pas avoir pu jouer à l’AB Club en mai 2020 because of Covid-19. Attendez-vous à un raz-de-marée sonore d’une rare intensité qui démarrera plus tôt dans la soirée avec d’autres allumés des amplis : Stake uit Wevelgem et Ditz from Brighton. Bouchons d’oreille obligatoires, tout comme le lendemain à l’Orangerie où le concert des Russes d’Ic3peak semble toujours bien maintenu, contrairement à celui de Motorama voici une quinzaine de jours. Brin de folie, sonorités extrêmes et voix hautement vindicatives au programme.
Ne cherchez pas plus loin la hype de 2022, elle jouera au Grand Salon le dimanche 15 avril. Déjà bien avant de sortir leur premier album, les deux nanas de Wet Leg étaient sur toutes les lèvres. Grâce à une communication optimale mais aussi et surtout à des singles bien sentis qui enflamment tant les dancefloors indie (exemples récents : l’Aéronef à Lille et Het Bos à Anvers) que le Afrekening de Studio Brussel. Autant dire que le concert prévu au départ à la Rotonde a bien vite affiché complet avant d’être upgradé et de subir le même sort en un rien de temps. L’ouverture de la soirée sera quant à elle assurée par Ada Oda, le nouveau projet de César Laloux (un ex de… BRNS) et de Victoria Barracato. Hautement atypique (ce n’est pas tous les jours que l’on entend de l’indie pop chantée en italien) mais tout à fait recommandable.
Le seul souci, c’est que DIIV, le groupe qui jouera sous le Chapiteau le même jour, attire à peu de choses près le même public. Il y aura des déçus même si on ressort rarement dans cet état d’un concert des Canadiens emmenés par Zachary Cole Smith. « Deceiver », leur dernier album, date déjà de 2019, on devrait selon toute vraisemblance découvrir l’un ou l’autre nouveau titres aux côtés des classiques shoegaze qu’ils égrainent depuis 2012. Avec un peu de chance, les horaires seront compatibles.
Enfin, le lundi 16 mai, place à une soirée remplie de zenitude à la Rotonde, l’endroit rêvé pour se resourcer. La dream pop introspective de Kate Bollinger et les comptines délicates de Sam De Nef refermeront les Nuits d’une élégante manière. Mais dans l’intervalle, ce sont vingt jours hauts en couleurs qui nous attendent et on compte bien en profiter un maximum…
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