Michael Schenker et la résurrection d’UFO
À notre arrivée à De Pul, le temple néerlandais de la musique situé à Uden aux Pays-Bas, la salle est déjà remplie à 80% et le premier groupe est déjà sur scène en train de jouer. C’est le groupe lausanois GUT’s qui chauffe la salle. En tournée européenne hors de ses frontières pour la première fois, GUT’s est l’un des groupes les plus électrisants de la scène rock suisse romande. Son crédo musical se résume en trois principes: sincérité, énergie brute et riffs qui claquent comme un coup de foudre sur un ampli Marshall.
GUT’S, c’est un show sans chichis, juste du rock pur, puissant, qui fait vibrer toutes les générations. Leurs influences ? AC/DC ainsi que tout le rock des années 70 qui sent la sueur et la liberté. Sur scène, Benjy et Luca, les deux guitaristes cofondateurs du groupe, assistés du chanteur Freddy, du bassiste Jonas et du batteur Yoann réussissent l’exploit de séduire un public néerlandais venu avant tout pour retrouver l’univers musical d’UFO. Qu’à cela ne tienne, les Helvètes défendent leur musique avec conviction et font mouche à chaque fois: « High as Noise« , « Jump the Gun« , « Danger Stripper« , « Nuts on the Road« , « That Guy« , « Drink to Drink« , « Dirty Squeeze« .
Le public adhère complètement et réserve une belle ovation au groupe à la fin de son set. Une excellente surprise pour démarrer la soirée en beauté et un groupe dont on entendra encore parler, cela ne fait aucun doute.
Les roadies s’activent sur scène à tout préparer pour le groupe suivant. En découvrant les backdrops, je me rends compte que ce n’est pas un inconnu au bataillon puisqu’il s’agit de la formation allemande Human Zoo, dont la musique mêle hard rock et saxophone, pour un cocktail unique et énergique. Fondé en 2004 par Thomas Seeburger (chant), Zarko Mestrovic (claviers), Ingolf Engler (guitare), Boris Matakovic (saxophone), Ralf Grespan (basse) et Matthias Amann (batterie), le groupe s’est forgé une solide réputation sur scène aux côtés de pointures comme Scorpions ou Gotthard.
Côté discographie, Human Zoo compte cinq albums : « Precious Time » (2006), « Over The Horizon » (2007), « Eyes Of The Stranger » (2011), « My Own God » (2016, récompensé par l’INNOCENT AWARD) et tout récemment « Echoes Beyond » (2024). Leur set à De Pul a fait la part belle aux hymnes accrocheurs et aux solos de sax endiablés avec des titres comme « Hello! Hello!« , l’excellent « Gun 4 a While« , « Echo » et le gotthardien « To the Ground« , tous les quatre extraits du dernier album. Le set continue avec « The Answer » (2011), « Like a Bitch » (2016), « Ghost in Me » (2024), « Crowd’s on Fire » (2006) et enfin « Love Train » (2016).
Je suis très fan de la musique de Human Zoo, mais il faut bien reconnaître que, malgré son répertoire de grande qualité, il a fallu attendre la troisième chanson avant que le groupe atteigne son rythme de croisière. De plus, le public néerlandais attendait avec impatience la tête d’affiche. Bref, le groupe n’a pas, à mon humble avis, reçu l’accueil qu’il méritait, le public réagissant mollement aux sollicitations. Pourtant, les rockeurs teutons n’ont absolument pas démérité, bien au contraire. Avec ce mélange unique de classic rock et de modernité, porté par une énergie communicative, le groupe a assuré grave, montrant à travers les nombreux extraits du nouvel album, que la source est loin d’être tarie et qu’ils ont encore des choses à nous faire partager.
La star de la soirée, c’était bien sûr Michael Schenker, le guitariste prodige, entouré de son groupe de choc: Erik Grönwall (chant), Barend Courbois (basse), Bodo Schopf (batterie) et Steve Man (guitare/claviers). Le public s’est réveillé comme par magie. La salle est comble au point qu’il devient difficile de se déplacer tant la foule est dense.
Pour cette tournée « My Years With UFO », Michael Schenker a concocté une setlist en forme de best-of de ses années UFO, enchaînant une généreuse série de classiques repris en chœur par le public: « Natural Thing » (1976), « Only You Can Rock Me » (1979), « Hot ‘n’ Ready » (1978), le tubissime « Doctor Doctor » (1974), « Mother Mary » (1975), « I’m A Loser » (1976), « This Kid’s » (1975), « Lights Out » (1977), Medley, « Love to Love » (1977), « Let It Roll » (1975), « Can You Roll Her » (1976), « Reasons Love » (1976), « Rock Bottom » (1974), « Shoot Shoot » (1975) et « Too Hot to Handle » (1977).
Quand on entend la qualité intrinsèque de ces morceaux, on se dit qu’il a rudement bien fait, Michael Schenker, d’y consacrer une tournée. D’autant qu’avec Erik Grönwall au chant, il avait la certitude que ces titres déjà grandioses, allaient être encore sublimés davantage. De fait, le chanteur suédois interprète ces titres avec tant de justesse, de facilité et d’authenticité qu’on aurait presque pu croire qu’il était le chanteur d’origine! Une preuve de plus, si c’était encore nécessaire, que nous avions affaire là à un des meilleurs vocalistes actuels.
Et le public ne s’y trompe pas. Cela chante dans tous les sens, les fans d’une moyenne d’âge frôlant la soixantaine boivent cette musique comme un élixir de jeunesse qui leur fait retrouver leurs plus belles années. Erik chante et bouge, mais il joue aussi de la guitare, notamment sur « I’m A Loser« . Les très nombreux solos sont parfois un peu longs, mais font tellement plaisir à l’assistance que l’on s’en voudrait de gâcher leur bonheur. Musicalement, la musique d’UFO n’a pas pris une ride et l’idée d’y consacrer un album (« My Years With UFO – 50th Anniversary Celebration« ) était une idée de génie.
Vous l’aurez compris, ce concert a fait vivre à l’assistance un moment hors du temps, un voyage musical d’une beauté rare. Ne loupez pas la séance de rattrapage le 10 août 2025 à l’Alcatraz Open Air!
Texte: Hugues Timmermans
Photos © 2025 Hugues Timmermans