L’interview express de… Murman Tsuladze
C’est en direct depuis la Baleine Déshydratée de Quimper que les gaillards de Murman Tsuladze se sont confiés à nous. Entre le soundcheck et le dîner, Murman, Zaouri et Grigor ont contribué à l’interview la plus délirante depuis celle de We Are Scientists en 2010…
Music in Belgium: Murman Tsuladze, c’est un pseudo volontairement choisi pour faire trébucher ceux qui le prononcent ou compliquer la tâche de ceux qui veulent le retenir ?
Murman Tsuladze: Il y a un peu de tout ça et puis c’est le vrai prénom d’un des musiciens du groupe. Murman, c’était un homme très grand, qui est né entre la Mer Noire et la Mer Caspienne. En fait, on est des interprètes de Murman, qui était aussi un vendeur de tapis volants…
MiB: Les rumeurs les plus folles courent sur la toile concernant les origines du groupe. Est-ce délibéré de brouiller les pistes ?
M.T.: C’est effectivement un peu délibéré de brouiller les pistes. D’ailleurs, on trouve ça plutôt marrant. Il y a aussi deux espagnols dans Murman, des ibériques, des vrais. Anciennement, la Géorgie s’appelait Ibéria. Donc finalement, on est du même pays. Enfin, pour nous, cela revient au même…
MiB: le genre de concept à rendre fous les journalistes… Tiens, comment avez-vous débarqué en Belgique ? Ne me dites pas en camion-frigo…
M.T.: Non, en avion, avec des faux papiers suivi d’un séjour dans un centre de réfugiés. À vrai dire, en 2000, ça marchait mieux que maintenant… De toute façon, on vient d’un pays qui n’existe plus, on va donc partout. Murman, ce n’est pas de la musique géorgienne ni de la cumbia chilienne mélangée à du folklore géorgien par exemple…
MiB: Vous tournez assidûment. Rien qu’en tapant votre nom sur l’agenda de Music in Belgium, je suis tombé sur quatre événements récents. Pots-de-vin ou tourneur aux relations tentaculaires ?
M.T.: Il y a les pots-de-vin, c’est vrai, mais on est surtout super sexy. Non, cela fait un moment que l’on se bouge un minimum et que l’on ne veut faire que ça. Il n’y a pas de secret, ce n’est pas un tourneur qui va tout t’apporter. Tu commences seul avec tes relations puis les gens voient que tu t’es levé le cul. On a pas mal de relations à La Louvière, mais ça n’a servi à rien. Ou en tout cas pas pour ça…
MiB: Ah mais vous connaissez Romano Nervoso alors ?
M.T.: On ne le connait pas personnellement mais on en a entendu parler…
MiB: Vous devriez aller jeter un œil sur eux, leur humour devrait vous plaire… Fat White Family à la Rotonde, Tinariwen à De Roma, Klaus Johann Grobe au Witloof Bar, autant de groupes aux univers différents pour lesquels vous avez assuré la première partie. Comment expliquez-vous cette faculté de séduire autant de pôles ?
M.T.: D’abord on n’est pas snob, puis on est assez éclectiques. Murman, ce n’est pas qu’un style de musique. Murman, c’est plein de trucs. On peut aller de l’art-tech jusqu’à la balade pour le mariage. Il peut y avoir des morceaux hyper punchy mais aussi des compos assez groovy, des trucs super modernes et d’autres qui tirent vers l’ancien. On est un peu à la croisée de tout ça. On a grandi avec des gens très cons focalisés sur un style bien précis (rap, gangsta, techno). On est en 2025, là. C’est fini tout ça !
Ceci dit, on aime Bruxelles et on aimerait bien être inspirés par d’autres groupes bruxellois mais la grande majorité d’entre eux font de la noise et on n’en peut plus. C’est dommage et c’est aussi pour ça qu’on a été tourner ailleurs, pour voir autre chose.
MiB: En parlant de Fat White Family, vous avez l’air d’entretenir une relation particulière avec eux. Comment les avez-vous rencontrés et qu’est-ce qui a cliqué entre vous, mis à part le déjantage ?
M.T.: On les connaissait, on a une copine en commun qui nous a introduits. Puis un jour, ils avaient besoin d’une première partie et ça s’est fait comme ça. On va les voir bientôt, on joue au même festival le 7 décembre (Upon The My-O-My à Nimègue).
MiB: Ils jouent aussi à l’AB le 9 et il n’y a pas encore de première partie annoncée. Et si vous leur disiez que vous êtes intéressés…
M.T.: Non, ça ne se fait pas comme ça. C’est à eux de nous dire ! Mais s’ils nous proposent… Ceci dit, on a déjà fait Fat White, on a aussi envie de toucher d’autres publics et pas une classe particulière de la société. On est sans frontières, quoi…
MiB: Vous vous produisez ce week-end aux Trans de Rennes. L’intérêt devient donc international ou il l’a toujours été ?
M.T.: Sur un an et demi, on a tourné au Maroc, en Espagne, en Serbie, en Géorgie, en Suisse, en France, en Belgique, en Hollande… On essaie de rentrer dans tous les circuits. Ce serait bien aussi de changer de continent, d’aller de l’autre côté de la flaque, de jouer en Amérique latine, au Mexique, aux États-Unis.
MiB: Physiquement et musicalement, Murman me fait penser à Daan au début de sa carrière solo. Connaissez-vous le gaillard ?
M.T.: Daan ?
MiB: Oui, le chanteur de Dead Man Ray qui traîne souvent du côté de l’Archiduc.
M.T.: Ah, là, on y croise souvent Arno. Tiens, tu viens nous voir vendredi au moins ?
MiB: Oui, d’office, je vous avais déjà chroniqués à l’époque de votre première partie de Fat White Family à la Rotonde.
M.T.: Ah oui, on avait lu l’article, merci ! Mais là, on a amélioré des trucs, on est en perpétuelle évolution, en phase de développement continue. D’autant que le projet est très jeune, il date seulement de septembre de l’année passée.
MiB: Votre premier single, “La flemme de danser”, vient de débarquer et a ce petit quelque chose d’entêtant. Quelle est la suite du programme ?
M.T.: Il y a un clip qui arrive en janvier, puis on va sortir un autre titre fin février puis un EP en mars ou avril. Et puis peut-être un autre EP à l’automne prochain. On a énormément de chansons à finir et comme on tourne pas mal, on n’est pas souvent en studio.
MiB: À quoi devons-nous nous attendre au Witloof Bar ce soir ? Par rapport à la Rotonde, vous avez 15 minutes de plus…
M.T.: Déjà, il y a du progrès ! Tu vois, on parlait d’évolution, de développement. Attendez-vous à une prestation de folie. On a quelques trucs un peu marrants aussi, si le public est en demande…
Vous savez ce qu’il vous reste à faire…