Les Résidences du Bota : Glass Museum
Si aux yeux de certains le jazz revêt un caractère désuet, Glass Museum lui donne une sérieuse cure de jouvence. Entre sonorités electro, approche décomplexée et maîtrise technique, le duo instrumental (claviers et batterie) dépoussière le style depuis ses débuts en 2016. Quelques heures avant le livestream en direct du Botanique, rencontre avec le batteur Martin Grégoire.
Music in Belgium: « Reykjavik », votre premier album, est sorti le 24 avril en plein confinement. Était-ce délibéré de ne pas postposer sa publication ?
Martin Grégoire: En fait, la sortie était prévue normalement fin mars et on avait déjà décidé, au début de la pandémie, de la reporter d’un mois en ne sachant évidemment pas que la quarantaine allait durer aussi longtemps. Et comme tout était déjà lancé au niveau du calendrier, de la presse, du label, cela devenait beaucoup trop compliqué de tout décaler jusqu’en septembre, par exemple. Avouons aussi que cela ne nous arrangeait pas parce qu’il était prêt depuis un moment. Sans compter que la rentrée est souvent une période saturée d’un point de vue sorties.
MiB: En gros, c’était le moment opportun de le sortir. The right time, comme on dit…
MG: Oui, et il faut savoir que lorsqu’on fait un album, entre le moment où il est prêt et le moment où il sort, il se passe quasiment un an. Ce qui est déjà une période interminable car on a envie de le dévoiler rapidement. Chaque période correspond à une période personnelle et sortir un album trop en décalage avec nos envies, nos idées de compos, cela n’a pas vraiment de sens.
MiB: Êtes-vous contents des retours depuis la sortie de l’album ?
MG: Au niveau des streams, on a eu la chance d’être repris dans des playlists officielles Spotify assez importantes et, du coup, on a réussi à dépasser les 100.000 lectures pour certains titres, ce qui est assez rare pour un groupe belge instrumental comme le nôtre. En revanche, au niveau presse, on était dans une période où l’on parlait plus du Covid qu’autre chose. Ce qui est normal vu qu’il y avait une sorte de panique générale mais cela n’a pas nécessairement joué en notre faveur. Ceci dit, nous, on a toujours fait de la musique pour la jouer sur scène. Donc cette émulation autour de l’album sans avoir les retours du live, c’était un gros chaînon manquant.
MiB: Surtout qu’il y avait des dates sympas qui vous attendaient, notamment au Mithra Jazz Festival à Liège avec Erik Truffaz.
MG: Celle-là est reportée le 10 septembre. Dans notre cas, sur la vingtaine de dates qu’on avait au printemps et en été, la moitié est reportée soit à l’automne, soit en 2021. On croise les doigts pour refaire les mêmes festivals, notamment Dour. La bonne nouvelle, c’est qu’on va pouvoir reprendre les concerts dans pas trop longtemps. On sent que ça reprend, on recommence à avoir des propositions pour des concerts dans des petites salles et à l’extérieur.
MiB: Comment avez-vous traversé le confinement ?
MG: On n’a pas du tout joué ensemble au début. Pendant presque deux mois, on n’a plus fait de musique, à part deux ou trois vidéos en streaming. On a vraiment repris les activités de composition, les répètes avec la reprise du travail. Au niveau personnel, cela m’a permis de bosser pour mes examens et de terminer mes études. Antoine (Flipo, claviériste), lui, a pas mal composé de son côté. Bref, on n’a pas perdu notre temps. Et depuis deux semaines, on a repris les concerts en streaming, les résidences. Là, on est au Bota mais la semaine dernière on était du côté de Walcourt pour composer un EP. Les choses reprennent tout doucement mais cela a vraiment été un énorme arrêt.
MiB: Justement, d’un point de vue projets. Tu viens de parler d’un futur EP et des bases de l’album suivant. On doit s’attendre à quelque chose de frais super rapidement, si je comprends bien…
MG: Super rapidement, c’est un peu enthousiaste car on est seulement dans la composition de nouveaux morceaux. On doit encore les peaufiner, les enregistrer en studio et décider de la manière dont on va les sortir. Donc, je ne miserais pas sur une sortie avant un an. Mais je crois que l’on doit avant tout faire vivre l’album que l’on vient de sortir parce qu’en fait, il n’a pas été entendu. Ce serait dommage de déjà le mettre entre parenthèses alors qu’on ne l’a pas vraiment joué sur scène.
MiB: Cette résidence au Bota vous permet de travailler sur de nouvelles compositions ou bien de mettre au point le set live en prévision des dates de cet été ?
MG: En fait, notre set live, il est déjà rôdé car on l’avait beaucoup travaillé avant la sortie de l’album. Fin 2019, on avait notamment passé beaucoup de temps dans des salles de concert pour le préparer. On l’a joué quelques fois, notamment à Flagey (au Brussels Jazz Festival) et à Roubaix. Ici, on teste des choses sur un piano à queue sur scène, c’est une première. Parallèlement, on travaille aussi beaucoup les nouvelles compos qu’on est en train de fignoler.
MiB: Du coup, à quoi est-ce qu’on doit s’attendre ce soir ?
MG: On va faire un set de 45 minutes pendant lequel on jouera quasiment tout le nouvel album et peut-être un ou deux anciens morceaux, extraits du premier EP.
Un retour aux affaires courantes qui culminera le 7 octobre au Grand Salon dans le cadre du report des Nuits. Un concert qui aurait dû se dérouler au même endroit le 4 mai. Mais la bonne nouvelle, c’est que du coup, il y aura des nouveautés à se mettre derrière l’oreille. À bon entendeur…
Le livestream sera diffusé à 20h tapantes sur les chaînes Facebook et YouTube du Botanique mais également sur la page Facebook de Music in Belgium. Rappelons que des tickets virtuels dont les revenus seront intégralement reversés aux artistes sont en vente par ici.