Why Liam? Why Not.
Malgré une voix défaillante l’ayant contraint à écourter un concert à Hambourg, Liam Gallagher s’est bien produit à Forest National. L’enfant terrible de Manchester y a défendu son deuxième album solo, “Why Me? Why Not.”, devant une assemblée so british…
Pour ouvrir le bal, il avait convié ses voisins de Twisted Wheel dont le parcours atypique n’entache en rien leur enthousiasme. Formés en 2007 et signés chez Columbia, ils ont publié deux albums confidentiels avant de se séparer. Frustré mais pas découragé pour un sou, le leader Jonny Brown remettra le groupe sur les rails flanqué de nouveaux camarades et s’apprête même à publier une nouvelle plaque d’ici quelques semaines.
Quelque part entre l’insouciance de The Enemy et la fougue des Arctic Monkeys à leurs débuts, le quatuor va convaincre malgré un son quelque peu pourri. Ils seront sans doute boostés par l’importante proportion de britanniques présents dans la salle. Des expats, bien entendu, mais également des hordes de supporters (hooligans ?) imbibés qui n’ont pas hésité à traverser la Manche pour faire grimper l’ambiance comme dans un stade de foot sur le point d’accueillir la finale de la Cup. Leurs chants accompagnant “A Town Called Malice” des Jam et surtout “I Am The Resurrection” des Stone Roses diffusés juste avant le concert donneront des frissons.
Liam Gallagher aurait déjà dû jouer dans l’antre de Forest National en novembre 2018, soit quelques mois après son frère Noel et ses High Flying Birds. Mais des conflits d’agenda l’ont contraint à annuler sa tournée européenne de l’époque. Le temps a passé et c’est finalement avec son deuxième album solo sous le bras qu’il débarque, auréolé d’un nouveau numéro un anglais (le dixième, si on y ajoute les huit d’Oasis).
Un Liam barbu toujours aussi dépendant de son ancien groupe car à l’instar de sa visite à l’AB voici presque deux ans, il débutera les festivités avec “Rock ‘n’ Roll Star” dans la foulée du saccadé instrumental “Fuckin’ In The Bushes” en guise d’intro précédant la montée des musiciens sur scène. Il n’en fallait pas plus pour assister aux premiers lancers de gobelets de bières à moitié remplis et au premier singalong de la soirée.
Mais contrairement à ce même concert, il allait ensuite prendre l’assemblée à contre-pied en se focalisant sur une demi-douzaine de titres issus de son répertoire solo. “Halo” et ses entêtants claviers sixties, “Shockwave” et sa vibe vintage ou encore l’excellent “Wall Of Glass”, plage d’intro de son premier effort solo en 2017, se démarqueront au contraire d’un faiblard “Come Back To Me”.
Vêtu d’un hoodie anorak blanc, Liam se penche sur son micro, sans surprise les mains derrière le dos sauf lorsqu’il attrape sporadiquement un tambourin ou des maracas. Sur cette tournée, il a fait fort en s’entourant de deux guitaristes, d’un bassiste, d’un batteur, d’un claviériste et de… trois choristes. Celles-ci apporteront diversité, profondeur et douceur toute relative à des titres taillés pour la scène, dont un “Columbia” de derrière les fagots.
Mentionnons également l’impressionnant visuel dont les images filmées live (parfois de manière hyper rapprochée) sont injectées dans des capsules prenant la forme de diapositives multiples au traitement délibérément désuet. Pour compléter le décor et rassurer le cadet des Gallagher, un pupitre garni des mots ROCK ‘N’ ROLL et un drapeau bardé des initiales MCFC (selon toute vraisemblance pour Manchester City Football Club) sont disposés sur scène.
Bien qu’encadrant une poignée de titres d’Oasis (dont un “Morning Glory” masqué par des fumigènes et un “Stand By Me” en totale communion), le Beatles-esque “For What It’s Worth” et le très réussi “Once” généreront des chants à l’unisson. Le public semble conquis et presqu’enclin à laisser le gaillard défendre avec ardeur ses propres compositions. Tellement, d’ailleurs, qu’après “Why Me? Why Not.”, deux batteries entreront en action pour “The River” sans vraiment en comprendre la raison.
C’est alors que le cover band d’Oasis se mettra en marche, pour le plus grand plaisir de la majorité des spectateurs mais au détriment de titres solo (“One Of Us”, “Be Still”, “Gone”) qui auraient mérité un traitement live. À la place, il a directement envoyé des royalties dans la poche de son frère (heureusement qu’ils ne s’entendent pas, ces deux-là…). Ceci dit, il a tout de même été rechercher des pièces moins connues, à l’instar de “Gas Panic”, extrait de “Standing On The Shoulder Of Giants” et d’“Acquiesce”, sans doute une des meilleures faces B enregistrées par le groupe dans sa période faste du milieu des nineties.
Pour le reste, “Live Forever” (le seul moment où l’on a senti une faiblesse dans la voix de Liam, sans conséquence vu le nombre de Liams en herbe dans la salle), “Roll With It” et “Supersonic” ont comme par magie élevé les bras du public vers le ciel alors que “Champagne Supernova” en personnel réduit sur scène a ramené un semblant de calme dans l’assemblée. Avant qu’un “Cigarettes & Alcohol” en guise de second rappel n’embrase le tout une dernière fois. Si Oasis se reforme un jour, le leader est fin prêt (et le public aussi). Mais il regrettera peut-être ne pas avoir suffisament exploité le potentiel de ses propres compositions…
SET-LIST
ROCK ‘N’ ROLL STAR
HALO
SHOCKWAVE
WALL OF GLASS
COME BACK TO ME
FOR WHAT IT’S WORTH
MORNING GLORY
COLUMBIA
STAND BY ME
ONCE
WHY ME? WHY NOT.
THE RIVER
GAS PANIC
LIVE FOREVER
ACQUIESCE
ROLL WITH IT
SUPERSONIC
CHAMPAGNE SUPERNOVA
CIGARETTES AND ALCOHOL
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Photos © 2020 Hugues Timmermans