The Veils, out of the void…
Au départ prévu à la Rotonde, le concert de The Veils a rapidement été upgradé à l’Orangerie devant l’engouement général. Une salle qu’ils connaissent bien pour y avoir joué plusieurs fois et notamment leur première date belge aux Nuits du Bota 2004. Ils venaient y présenter leur dernière livraison, « …And Out Of The Void Came Love ».
Malgré la moiteur et l’appel de la terrasse, le public avait répondu présent dès vingt heures pour accueillir Nana M. Rose. La chanteuse originaire de Rotterdam désormais installée à Londres entamait au Botanique la série de cinq prestations en support des stars de la soirée, pour les suivre ensuite en France et en Allemagne. Imposante derrière son micro et simplement accompagnée d’une claviériste appliquée, elle imposera sans peine son univers lyrique atypique dicté par une solide voix et une présence scénique travaillée.
Tantôt cabaret désuet à la Barbra Streisand, tantôt Florence Welch sans les artifices, elle s’épanouira réellement en prenant place derrière le piano. Elle se lâchera en effet pour passer des ambiances cinématographiques de Lana Del Rey aux envolées propres à Whitney Houston sans laisser le moindre répit à des spectateurs médusés. À tel point que la traine en plastique transparent accrochée à sa robe passera au second plan alors qu’en montant sur scène, elle était presque la risée de l’auditoire. Respect, donc…
The Veils et l’Orangerie, une véritable histoire d’amour. Le groupe emmené par Finn Andrews a en effet joué dans cette salle à chaque sortie d’album, à l’exception de « Sun Gangs » en 2009 (pour lequel ils avaient préféré l’AB). Leur dernière visite date de novembre 2016 en support de « Total Depravity » avant un break qui a vu le leader publier un album solo (« One Piece At A Time ») et la pandémie mettre tous les projets au placard. En mars dernier est donc enfin arrivé le sixième chapitre de leurs aventures, « …And Out Of The Void Came Love ».
Un ambitieux projet aux arrangements de cordes signés Victoria Kelly qui explore des contrées plus mélancoliques et matures, enrichissant du même coup les compositions du leader à l’inamovible chapeau et à la barbe naissante. Un leader qui, à l’instar de ses camarades sur scène et des spectateurs dans la salle, souffrira de la moiteur ambiante tout en n’altérant aucunement son enthousiasme.
Le groupe montera sur scène au son d’une sorte de gospel western avant de rentrer directement dans le vif du sujet via trois nouvelles compositions aux atmosphères distinctes. Caractérisé par une voix saccadée et une rythmique carrée, « Bullfighter (Hand Of God) » se conclut par d’entêtantes nappes synthétiques. Dans la foulée, le retenu « Undertow » et sa captivante pedal steel guitar constitueront le premier sommet de la soirée alors que des influences marquées d’Arcade Fire parsèmeront l’intense « The World Of Invisible Things ».
Sur scène, Finn Andrews s’accompagne d’un solide backing band composé notamment de la discrète mais indispensable bassiste Cass Basil dont les chœurs à son image complémentent à la perfection les compositions. Légèrement en retrait, un violoniste tout aussi essentiel emmènera notamment « No Limit Of Stars » vers des contrées insoupçonnées un peu plus tard. Un claviériste, un guitariste et un batteur complètent le line-up qui aura l’occasion de se démarquer sur les flippants « Swimming With The Crocodiles » et « Here Come The Dead », deux extraits de « Total Depravity » proches de l’univers narratif d’un Nick Cave.
Dans le même ordre d’idées, un sinueux « Not Yet » plein de tension verra le violon exploser en même temps que la voix d’un leader à la chemise de plus en plus trempée. Clin d’œil, le pic de chaleur coïncidera avec un lumineux « Sit Down By The Fire » aux contours plus acoustiques. Un peu plus tôt, l’excellent « Birds » aura légèrement ralenti le tempo sans pour autant refroidir les ardeurs du personnel sur scène. D’ailleurs, la fin de set les verra se donner corps et âmes via un « Low Lays The Devil » au violon magique et un « Nux Vomica » à l’urgence marquée.
Peut-être un peu trop marquée, d’ailleurs, car des soucis techniques apparaîtront, contraignant Finn Andrews à entamer les rappels seul à la guitare acoustique et à chambouler la set-list établie. Un moment privilégié tant les versions à fleur de peau de « Sun Gangs » et de « The Tide That Left And Never Came Back » bouleverseront l’auditoire. Il déménagera ensuite non sans mal son micro jusqu’aux claviers pour un troublant « Someday My Love Will Come », sans doute un des titres les plus émotionnels du dernier album. « Rings Of Saturn » apportera également son lot de frissons tandis que « Jesus For The Jugular » en full band mettra en exergue la face crasseuse et spontanée d’un groupe qui n’a décidément pas fini de nous surprendre…
SET-LIST
BULLFIGHTER (HAND OF GOD)
UNDERTOW
THE WORLD OF INVISIBLE THINGS
SWIMMING WITH THE CROCODILES
HERE COME THE DEAD
BIRDS
NOT YET
A BIRTHDAY PRESENT
SIT DOWN BY THE FIRE
NO LIMIT OF STARS
LOW LAYS THE DEVIL
NUX VOMICA
SUN GANGS
THE TIDE THAT LEFT AND NEVER CAME BACK
SOMEDAY MY LOVE WILL COME
RINGS OF SATURN
JESUS FOR THE JUGULAR