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The Ultimate Dreamers, l’aventure (re)démarre

La liste des courants musicaux ornant le logo du CaliClub (jazz-funk-soul-folk) n’a pas empêché notre samedi de virer franchement dark. En effet, sur la scène de la salle située à Drogenbos, deux groupes célébrant la sortie de leur premier album, The Ultimate Dreamers et Partikul.

Si les seconds nommés ont publié « Related Memories » en format digital début de l’été, la version vinyle est arrivée juste à temps pour achalander le stand merchandising. C’est donc l’esprit tranquille que le duo Bruxellois a entamé les débats ce soir. D’un côté, un guitariste barbu et de l’autre, une expressive claviériste bidouilleuse.

Ils se partagent équitablement les vocaux dans des styles radicalement différents : bourré de reverb et noyé pour lui, affirmé et criard pour elle, un peu à l’image de Barbara Lehnhoff au sein de Peter Kernel. Une complémentarité gagnante qui, malgré un aspect assez brouillon sur scène, emmène les compositions dans des contrées plus rugueuses qu’en studio. Mention au turbulent « Free Dolls » et au subtilement construit « Goldmoon ». Le point commun entre ces deux titres ? Une guitare mise en avant…

Un instrument absent de l’équation lors des débuts de The Ultimate Dreamers du côté de Lessines en 1986. En effet, Frédéric Cotton axe dans un premier temps son projet autour d’un synthé, d’une basse et d’une boîte à rythmes. Deux ans plus tard, cette dernière fait place à une batterie alors qu’une guitare apparait, conférant un aspect plus musclé à l’ensemble. Mais après une poignée de concerts et une série de démos, l’histoire se met entre parenthèses.

Trente ans plus tard, elle va connaître un prolongement inattendu grâce ou à cause des confinements successifs. Lesdites démos sont retrouvées, remasterisées et partiellement compilées sur un album baptisé « Live Happily While Waiting For Death ». Publié chez Wool-E Discs, il dévoile les enregistrements auto-produits de l’époque, fougue, spontanéité et limitations techniques comprises.

Ce soir, ils remontent sur scène pour la première fois depuis la fin de la guerre froide et entameront judicieusement leur set via un solide « A Long Time Ago ». Outre Frédéric, vêtu d’un élégant costume sobre derrière des lunettes de soleil (pour le titre d’intro uniquement), on retrouve deux autres membres originaux : le guitariste Bertrand Evrard (très concentré) et le bassiste Joël Grigolato (plutôt extraverti). Derrière eux officie la claviériste à la généreuse chevelure Sarah Boom (la voix de Turquoise).

Outre une boîte à rythmes omniprésente, un second guitariste s’incrustera l’espace de quelques titres au cœur de la prestation. Mais dans l’immédiat, c’est à quatre et hyper concentrés qu’ils se lancent dans « The Game », un des premiers sommets de la soirée, proche des débuts de New Order, à une époque où la transition avec Joy Division n’était pas encore tout à fait effective (pas étonnant que le label Factory Records soit remercié dans les crédits de l’album). En fin de set, « No Matter » officiera dans la même veine froide et nerveuse alors que « The Big Violent One » sera à ranger du côté des Sisters Of Mercy si d’aventure Andrew Eldritch avait demandé à Vince Clarke de lui composer un hit.

D’une manière générale, les extraits de « Live Happily While Waiting For Death » ont reçu un traitement de choc synonyme de fraîcheur et de maturité sur scène. On pense notamment au break prolongé de « Female Zone » et au saccadé « I Love You?! » sans guitare ni basse mais aux généreux effets stroboscopiques. Ou encore au planant et enlevé « Japanese Death » malgré son final bizarroïde. Seul « Never Die » auquel il semble manquer quelque chose restera en-dessous des attentes. En revanche, certains morceaux aux enregistrements non exploitables sur disque se démarqueront en live, « Happiness » et « Wanna Be My Cat » en tête.

Parmi les surprises de la soirée figureront trois covers, dont une presque méconnaissable du « Hell’s Bells » d’AC/DC à la sauce cold wave couplée à une ligne rappelant le « Policy Of Truth » de Depeche Mode. La version du « Shine On » de House Of Love sera quant à elle plus classique (et particulièrement réussie). Quant à celle du « Lovesong » des Cure, elle clôturera les rappels d’une voix d’outre-tombe plus sombre encore que celle de Robert Smith.

Juste avant, le très réussi « Laughing Furniture » et ses entêtantes nappes de synthés étaleront les qualités d’une composition que l’on aurait bien voulu voir enregistrée et produite dans un studio Berlinois à la fin des années 80. Qui sait, peut-être figurerait-elle aujourd’hui parmi les classiques des soirées Club New Wave et autres Fantastique.Nights…

SET-LIST
A LONG TIME AGO
THE GAME
HAPPINESS
FEMALE ZONE
WANNA BE MY CAT (NEW BIT)
NEVER DIE
I LOVE YOU?!
HELL’S BELLS
THE BIG VIOLENT ONE
MIDNIGHT
SHINE ON
NO MATTER
JAPANESE DEATH

REPLICANT (LAUGHING FURNITURE)
LOVESONG

Photo © 1934 Duquenne

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