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The Limiñanas, not faded yet

Passés maîtres dans l’art du revival psyché pop sixties from les Pyrénées-Orientales, The Limiñanas n’ont fait qu’une bouchée de l’AB. Une date consécutive à la sortie d’un nouvel album, « Faded », mais surtout l’occasion de parcourir une carrière exemplaire entamée voici déjà une bonne quinzaine d’années.

Invités pour assurer la première partie, David Shaw And The Beat ont quant à eux dégommé les tympans des curieux venus en éclaireurs. Pas au moyen de guitares criardes mais d’une boîte à rythme sans pitié pour les oreilles sensibles. Désormais basé à Bruxelles, le natif de Brighton que l’on a également aperçu au sein de Blackstrobe se la joue franchement EBM aux atmosphères glaciales. Il y injecte toutefois des nappes lumineuses pour un résultat lorgnant vers une sorte d’association improbable entre DAF et Goose. S’il reste relativement sobre derrière son micro, le trip de l’homme aux machines à ses côtés vaut le coup d’œil… tout en gardant ses bouchons bien en place.

La récente publication de « Faded » constituait un petit événement en soi. Il s’agissait en effet du premier album des Limiñanas au sens strict du terme depuis « Shadow People » en 2018. Entre le projet parallèle L’Épée (en compagnie d’Emmanuelle Seigner et d’Anton Newcombe), une tripotée de bandes originales (« Le bel été », « The World We Knew »…), une association avec Laurent Garnier (« De Pelicula ») et une double compilation (« Electrified »), peu de temps pour travailler sur de nouvelles compositions labelisées Limiñanas. Jusqu’à l’automne dernier et la sortie de cet imparable « Prisoner Of Beauty » qui voyait du même coup Bobby Gillespie enregistrer une de ses meilleurs prestations depuis longtemps.

Au terme de l’instrumental « Spirale » en guise de judicieuse mise en jambes du concert, il s’agira d’ailleurs du premier temps forts de la soirée, rehaussé par l’activation subite d’un visuel particulièrement éblouissant. Projeté sur un immense écran en arc de cercle à l’arrière des musiciens, il contribuera grandement à l’expérience d’une soirée dont le premier quart sera exclusivement consacré à la découverte de « Faded ». Comme à l’accoutumée, Lionel et Marie Limiñana ont puisé dans leur impressionnant carnet d’adresse au moment d’enregistrer leur nouvel album. Outre le susmentionné leader de Primal Scream, Rover (« Shout », très « Peter Gunn » sur scène) et Bertrand Belin (l’impeccable « J’adore le monde ») ont participé à la fête en studio. Mais aussi Jon Spencer pour deux titres non retenus sur la set-list.

Sans surprise, aucune de ces personnalités n’était présente à l’AB mais leurs parties ont parfaitement été prises en charge par Thomas Gorman (Kill The Young), le guitariste à l’extrême gauche de la scène. Une impressionnante voix modulable couplée à une maîtrise parfaite ont bluffé l’assistance, d’autant qu’il le fait en toute retenue. Tout le contraire de Keith Streng (The Fleshtones) qui prend énormément de place de l’autre côté (et même au-delà). Entre eux, la barbe grisonnante à la Warren Ellis de Lionel et les cheveux auburn de Marie se démarquent, elle qui se concentre sur un kit simplifié et sans cymbales lorsqu’elle ne se défoule pas sur une grosse caisse à l’avant-plan. Une bassiste à la coiffure afro et un claviériste complètent le line-up.

Cela dit, lorsque ce dernier troque son clavier contre une six cordes, pas moins de quatre guitares se retrouvent alors en action. Si elles ne provoqueront dans un premier temps qu’une explosion modérée (« Down Underground » au visuel psychédélique, le flippant « Salvation »), il n’en sera pas toujours ainsi. Un lancinant « One Blood Circle » et un tonitruant « Istanbul Is Sleepy » affoleront les décibèlomètres un peu plus tard. Entre-temps, le dialogue déclamé entre les deux têtes pensantes du projet sur le Gainsbourgien « Je ne suis pas très drogue » fonctionnera toujours à merveille. Tout comme cet incroyable et extensible « Je m’en vais » aux contours hypnotiques dans les étoiles à la puissance soigneusement décuplée, couche après couche, qui n’a absolument plus rien à voir avec la version originale de 2011.

Retenons encore « Malamore » et « The Gift », à la croisée des chemins entre Primal Scream et The Jesus And Mary Chain alors que « Shadow People » aurait franchement pu se retrouver dans l’assiette des Dandy Warhols. Ou plutôt du Brian Jonestown Massacre. N’oublions pas non plus l’appétence du groupe pour les covers et celles de ce soir seront tout sauf de pâles copies. Le « TV Set » des Cramps à la mode The Kills et le « Rocket USA » de Suicide plus Neu que nature. Mais il faudra attendre les rappels pour profiter de la meilleure d’entre elles. Cette version entre insouciance et substances du « What Goes On » de Velvet Underground à grand renfort de publicité pour le groupe culte New Yorkais sera tout bonnement à tomber. Elle sera entourée de deux titres récités par Lionel : un groovant « El Beach » et un brumeux « Vadutz » hésitant entre loops et reverb. Une prestation quatre étoiles d’un groupe qui sait décidément bien s’entourer…

SET-LIST
SPIRALE
PRISONER OF BEAUTY
SHOUT
J’ADORE LE MONDE
DOWN UNDERGROUND
JE NE SUIS PAS TRES DROGUE
MALAMORE
SALVATION
SHADOW PEOPLE
THE GIFT
ONE BLOOD CIRCLE
ISTANBUL IS SLEEPY
TV SET
JE M’EN VAIS
ROCKET USA
JE RENTRAIS PAR LE BOIS… BB

EL BEACH
WHAT GOES ON
VADUTZ

Organisation : AB

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