Mother Mother takes care of you and you do like it
Mother Mother nous a rendu visite au Bota, à Bruxelles, le 4 décembre dernier. C’était encore un de ces concerts reportés pour cause de crise sanitaire. Un concert sold out depuis longtemps attendu avec beaucoup d’excitation.
Je dois vous avouer que c’est ma fille de 14 ans qui m’a fait connaitre ce groupe au nom assez intriguant : rassurant et nourrissant mais avec un côté inquiétant (voire menaçant ?) en même temps. De la bienveillance avec une face sombre…
Mais qui nomme son groupe Mother ? Eh bien des musiciens canadiens de Vancouver et notamment Ryan Guldemond, le chanteur guitariste. Au début, en 2005, c’était juste Mother mais comme plusieurs autres groupes portaient ce nom (eh oui…), lors de l’enregistrement de leur premier album (“Touch Up” en 2007), ils devaient s’en trouver un autre. Ils ont donc doublé la mise : Mother Mother. Encore plus de bienveillance pernicieuse…
Leur concert est aussi intriguant que leur nom. Nous, le public, sommes très bien reçus. Ils sont très attentifs à notre bien-être musical, visuel et corporel. Outre un show travaillé et dansant, nous recevons aussi de l’amour, des conseils spirituels et de guidance de vie. On se sent faisant partie du show et de leur famille. Ils sont heureux d’être sur scène. Visiblement c’est important pour eux de créer un moment de joie et de bienveillance avec le public dans la salle.
Une des chanteuses, Molly, est d’ailleurs la sœur de Ryan. Elle interprète une reprise de “Creep” (Radiohead) seule et on sent la fierté du grand frère : “C’est ma petite sœur, Molly”. Ah oui, parce que concernant le contenu des chansons, nous sommes plutôt dans des scènes de films épiques à sensations fortes et amours romantiques à souffrances. Comme dans “Problems” (“I am a looser, a disgrace”) ou dans la série de “Hayloft” (“My daddy’s got a gun” et ensuite “My baby’s got a gun” pour se terminer avec “Blood blood on her knees”). C’est à travers des histoires que racontent les chansons que l’on rencontre le côté magnétique et lugubre du groupe.
On ne peut pas ne pas aimer Mother Mother : c’est riche, complexe, tout est à sa place et très bien exécuté. Parfois, on a l’impression de voir un opéra rock et pas un concert de rock indie. Le plus remarquable est le chant savamment orchestré : c’est Ryan qui chante les couplets et les deux chanteuses l’accompagnent en chœur (ou plutôt en polyphonie). Elles ont aussi leur moment de solo pour montrer leurs voix dans des morceaux successifs.
L’autre point remarquable est la guitare acrobatique : Ryan saute tout en jouant sur les enceintes de manière très aérienne. Le bassiste maîtrise aussi les sauts. D’ailleurs il y a quasi toujours un des membres de la famille sur une enceinte… Ils aiment quand c’est spectaculaire. Il faut aussi mentionner le son clair et clinquant de la guitare, la basse bien présente et la batterie qui soutient leur énergie. La scène est graphique, leurs tenus sont plutôt glamours modernes (le côté new wave), une sorte de mélange entre Archive et Scissor Sisters.
Il y a eu trois grandes parties. La première, avec plein d’énergie, était assez joyeuse et dansante avec, dans l’ordre : “Verbatim”, “Oh My Heart”, “Bit By Bit”, “Infinitesimal”, “Body Of Years”, “Creep”, “The Stand”, “Back In School”, “Burning Pile”, “Problems”, “Sick Of The Silence” et “It’s Alright”. Ensuite, et étonnamment, ils sont passés à l’acoustique pour “Arms Tonight”, “Body” et “Wrecking Ball”. C’était très sympathique, avec beaucoup de messages au public.
Et pour la fin ils sont revenus aux instruments bien électroniques avec “Oh Ana” pour finir en beauté et avec beaucoup de bruit et d’intensité pour la saga “Hayloft” (ils l’ont fait en trois morceaux). C’est la partie que j’ai préférée. Le public, bien plus jeune que moi en général, était aux anges du début à la fin. Pour certains d’entre eux, c’était le meilleur concert de leur vie. Pour moi c’était un concert 2.0. Autre chose dont nous avons l’habitude et finalement tant mieux. Mother Mother a définitivement du talent à tous les niveaux.
La première partie était assurée par Dead Pony. Je me demande aussi comment ils ont trouvé ce nom sympathique qui me rappelle une bière. Certes, la chanteuse a des cheveux magnifiques… et une belle interaction avec la salle. Les guitares sont bien métal et la voix claire et cristalline. Un bon mélange. Ils sont loin d’être morts les ponies, d’autant qu’ils ont même osé une reprise de Nelly Furtado (“Maneater”) assez réussie.