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Mogwai: bad fire, good amps

Coutumiers des doubles affiches à l’AB, les Ecossais de Mogwai ont cette fois préféré varier les plaisirs et les destinations. Une date dans leur salle fétiche du boulevard Ansdpach suivie d’une autre le lendemain à De Roma. Le tout sold out, bien entendu. Au programme des deux soirs, la découverte de leur récent nouvel album, « The Bad Fire ».

Isolée du côté droit de la scène derrière son clavier, leur compatriote Kathryn Joseph a sobrement assuré la première partie. Minimalistes et introspectives, ses compositions basées sur des nappes synthétiques délicatement lancinantes permettent à une voix écorchée d’accentuer leur intensité. Quelque part entre Cat Power et Billie Holiday au souffle court, elle actionne parallèlement du pied une rythmique électronique proche d’une pulsation cardiaque pour un résultat par moments oppressant. Si la formule peut lasser sur la longueur, le somptueux « What Is Keeping You Alive Makes Me Want To Kill Them For » vaudra à lui seul le coup d’oreille.

Il s’agit de la plage d’ouverture de son troisième album, « For You Who Are The Wronged », publié en 2022 chez Rock Action, le label de Mogwai. Un label qui, à l’instar de ses fondateurs, a connu un succès exponentiel ces dernières années. À commencer par un premier numéro un des charts britanniques avec « As The Love Continues », le dixième effort studio de la bande à Stuart Braithwaite, suivi d’« As Days Get Dark », le magistral et inattendu retour d’Arab Strap. Parmi les signatures récentes, on retrouve notamment Bdrmm (qui avaient ouvert pour leurs mentors ici même voici presque trois ans) et Cloth, dont le nouvel album arrive au printemps prochain.

Mais revenons à Mogwai dont le tout chaud « The Bad Fire », nouveau chapitre d’une pléthorique discographie bardée notamment de B.O. en tout genre se veut, à l’instar de son prédécesseur, moins complexe. Pourtant, ils en ont confié la production à John Congleton, gourou indie à l’impressionnant CV. Cela dit, à l’écoute de l’envoûtant « God Gets You Back », plage d’intro du disque et du concert bardée de nappes synthétiques, on associerait plutôt son travail à celui d’Alvvays et de Future Islands plutôt qu’à Sleater-Kinney ou Cloud Nothings.

Il sera toutefois le parfait point de départ d’une prestation qui grimpera en intensité dans la foulée via les deux faces d’un single publié en 1996, « Summer » et « Ithica 27 Ф 9 ». D’autant qu’à chaque titre, une guitare viendra s’ajouter à l’équation, faisant rapidement exploser le décibelomètre et quelques tympans. Disposés ça et là sur scène, des sortes de structures métalliques en forme de potences partiellement recouvertes de tubes néon illumineront subrepticement les musiciens concentrés. Une sorte d’ambiance intimiste et chaleureuse en complément des généreuses rampes de spots derrière le groupe, actionnées quant à elles à foison.

Positionné à l’extrême droite de la scène, Stuart Braithwaite, peu loquace mis à part quelques « thank you so much, cheers », s’applique sur ses nombreuses guitares. Il les troquera contre une basse et une chaise le temps d’un « New Paths To Helicon, Pt. 1 » avant de revenir à ses six cordes. Mais aussi de prendre le micro de temps à autre, même si sa voix reste sous-mixée pour davantage de mystère (« Take Me Somewhere Nice »), à l’exception peut-être du hit « Ritchie Sacramento » sur lequel il se donne corps et âme. À ses côtés, le bassiste Barry Aitchison jongle entre les positions et les instruments. Seul le batteur Martin Bulloch à l’inamovible bonnet sur le crâne ne quitte pas son poste, d’autant que les deux autres lascars, Barry Burns et Alex Mackay se partagent les claviers et les guitares additionnelles. Une mécanique de précision aux rouages parfaitement huilés, sublimée par un son d’une limpidité exemplaire.

Parmi les nouveaux titres, la puissance retenue d’« If You Find This World Bad, You Should See Some Of The Others » et les riffs incendiaires d’un puissant « Lion Rumpus » se démarqueront aisément. Si le vocoder trafiquant la voix du claviériste sera utilisé à bon escient sur le second nommé, on sera nettement moins enthousiaste à l’écoute de celui utilisé par l’ami Stuart sur le pourtant intense et coloré « Fanzine Made Of Flesh ». D’autant qu’il sera pris en sandwich entre un hypnotique « Drive The Nail » en mode stroboscope appuyé et un « Remurdured » en explosif crescendo électronique. Une partie de set dantesque qui ne sera pas isolée.

En effet, les rappels exploreront magistralement le morceau le plus post rock de « The Bad Fire », « Hi Chaos », à classer parmi les classiques du groupe enregistrés vers les fin des années 90. Glacial, dense et plus rêveur que ça tu meurs. Un ouragan sonore dont ils ont le secret qu’ils suivront judicieusement par un « Mogwai Fear Satan » d’anthologie qui nous fera passer par toutes les émotions et en fera sursauter plus d’un au passage avant de plier bagage. On leur reprochera peut-être d’avoir gardé un œil sur l’horloge en anticipant largement le couvre-feu imposé par l’AB. Cela dit, ceux qui se sont rendus le lendemain à De Roma ont eu droit à une set-list radicalement différente, le curseur davantage monté dans le rouge. Une autre manière de se montrer généreux…

SET-LIST
GOD GETS YOU BACK
SUMMER
ITHICA 27 Ф 9
PALE VEGAN HIP PAIN
IF YOU FIND THIS WORLD BAD, YOU SHOULD SEE SOME OF THE OTHERS
NEW PATHS TO HELICON, PT. 1
TAKE ME SOMEWHERE NICE
RITCHIE SACRAMENTO
DRIVE THE NAIL
FANZINE MADE OF FLESH
REMURDERED
LION RUMPUS

HI CHAOS
MOGWAI FEAR SATAN

Organisation : Live Nation

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