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Meskerem Mees en toute simplicité

Alors qu’elle venait à peine de débuter, la tournée de Meskerem Mees s’est clôturée anticipativement ce dimanche soir au Botanique. La faute au nouveau tour de vis imposé par le gouvernement qui limite désormais les événements en intérieur à 200 personnes masquées tout en respectant la distanciation sociale. Autant dire que l’Orangerie sera loin d’être aussi garnie les prochains jours…

Malgré un décor réduit à sa plus simple expression, la scène n’a pas paru trop grande pour Sura Sol, chargée d’assurer la première partie en solitaire. Membre du trio féminin Las Lloronas, la souriante Belgo-Américaine a parfaitement maîtrisé son stress et partagé quelques compositions personnelles en français, anglais et même italien dans le texte.

Pieds nus dès la troisième d’entre elles, cet attachant petit bout de femme spontané a alterné guitare et banjo en support d’une voix tout aussi délicate que narrative. Le regard malicieux, elle n’a eu aucun mal à mettre le public dans sa poche, l’encourageant à activement participer au spectacle à de nombreuses reprises. Et cela a marché. Pour preuve, ce “Shine” qui a vu la salle chanter à l’unisson, pour le plus grand plaisir d’une chanteuse manifestement comblée par tant de retour.

Meskerem Mees a une histoire avec le Botanique et plus particulièrement l’Orangerie. Non seulement elle y a déjà joué (en support de Ásgeir en février 2020) mais elle y a surtout vu son tout premier concert alors qu’elle était encore ado, accompagnée de son papa. Il s’agissait de Johnny Flynn & The Sussex Wit et elle nous avouera après le concert avoir été influencée par le jeu de guitare de son leader.

Depuis, la Gantoise d’origine éthiopienne a artistiquement bien grandi. “Joe” lui a ainsi permis d’atteindre la première place du Afrekening de Studio Brussel juste après le premier confinement. Cette année, elle a non seulement remporté le Humo Rock Rally mais aussi et surtout le prestigieux Montreux Jazz Talent Award. Entre les coups, elle a sublimé (en néerlandais) le “Niemandsland” de Tourist LeMC tout en se montrant omniprésente sur le circuit live. On l’a en effet retrouvée à l’affiche de nombreux festivals et régulèrement en support de The Bony King Of Nowhere.

C’est toutefois un autre Gantois en la personne de Koen Gisen qui a produit “Julius”, son premier album publié tout récemment chez Mayway Records. Un album d’une sincérité et d’une sensibilité déconcertantes dont on devient rapidement dépendant et qui formera sans surprise l’ossature de sa feuille de route du soir.

Un public hétéroclite et majoritairement néerlandophone lui réservera un accueil triomphal au moment d’entonner “Astronaut”, armée de sa magnifique guitare acoustique au corps métallique. À sa gauche, un violoncelle mais derrière celui-ci, on ne reconnait pas la silhouette de Febe Lazou. Et pour cause, une maladie grave récemment diagnostiquée va la tenir éloignée des podiums durant de longs mois.

Pour la remplacer, car le show doit continuer, elle a jeté son dévolu sur Frederik Daelemans, la tête pensante de Cesar Quinn. Artiste passionné et discret sur scène, il joue d’abord et avant tout avec son cœur. Si sa coupe au bol peut prêter à sourire, son jeu envoûtant se révélera bien vite essentiel à l’équilibre des compositions. Il magnifiera sans peine des titres comme “Blue And White” ou l’impeccable inédit “Try You Might”. Sans parler d’une voix androgyne et de sifflements qui feront des étincelles sur un “Joe” retenu et un “Best Friend” que l’on ne souhaite pas autobiographique à Meskerem.

Celle-ci, de son côté, adore parler et raconter des histoires avec humour. Outre son premier concert dans cette salle, on apprendra qu’elle et Sura Sol se sont rencontrées à un festival improbable cet été et que leur amitié s’est scellée grâce à un pull emprunté au stand des objets trouvés. Ou encore qu’un éditeur se tient déjà prêt à publier un livre dont elle n’a encore écrit qu’une page et demie. Le tout avec une aisance naturelle même lorsque, perdue dans ses pensées, elle loupera l’intro de “Parking Lot” en tout début de set.

Mais c’est surtout lorsque ses histoires sont contées en chanson que la magie opère. Prenez par exemple le troublant “Man Of Manners” et le prenant “Seasons Shift”, deux titres d’une étonnante maturité. Mais la version enlevée de “Queen Bee” ou ce “Dandelion” a capella sur lequel semblent planer ses origines élargiront encore sa palette d’émotions.

“Where I’m From”, en parfaite communion tant instrumentale que vocale, bouclera le set principal d’époustouflante manière. Le duo reviendra pour un ultime baroud d’honneur pendant lequel la chanteuse parviendra à apprendre en un rien de temps “Better Never Than Forever” à des spectateurs particulièrement en voix. Ces nouvelles mesures arrivent décidément à un bien mauvais moment…

SET-LIST
ASTRONAUT
PARKING LOT
SEASONS SHIFT
SONG FOR LEWIS
MAN OF MANNERS
TRY YOU MIGHT
DANDELION
JOE
QUEEN BEE
BLUE AND WHITE
AWAY THE SPARROW
BEST FRIEND
THE WRITER
WHERE I’M FROM

BETTER NEVER THAN FOREVER

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