Les Nuits 2023: Annabel Lee on a high
À l’aube d’un heureux événement, Audrey Marot et Annabel Lee ont rempli le Grand Salon avant un break bien compréhensible. Ils y ont défendu Drift, leur deuxième album sorti en mars chez Humpty Dumpty Records en tête d’affiche d’une passionnante Nuit du Bota.
Une Nuit introduite par les Liégeois d’origine et désormais Bruxellois d’adoption Gros Cœur qui auront sans doute surpris les néophytes par l’éclectisme de leurs influences. Finalistes du concours Du F. dans le texte 2022 alors qu’ils n’avaient que quelques mois au compteur, ils ont depuis gagné en assurance et en maturité mais se perdent toujours délibérément dans des détours qui finissent par mettre au défi l’attention des spectateurs.
Leurs compositions XXL et solaires partent en effet dans des directions antagonistes. Funky groovantes, psyché tropicales, discorientales voire franchement noisy et saccadées, elles ont toutefois en commun la volonté de faire bouger le popotin. Pour y parvenir, djembé, wah-wah, reverb et paroles noyées sont quelques-uns des stratagèmes mis en place. Mention à leur nouveau single, “Dax”, dont le clip a été réalisé par le batteur Alexandre De Bueger. Haletant à l’image du titre qui renvoie sur scène aux moments les plus dinguos de Hookworms à la sauce Tame Impala. Et pas seulement parce que le leader Adrien Chapelle nous fait penser à Kevin Parker avec deux têtes de plus. Le premier album du groupe arrive le 6 octobre chez JauneOrange. L’aventure ne fait donc que commencer.
Celle des gaillards de marcel, elle, a suivi une courbe ascendante depuis qu’ils ont quitté leur Gaume natale pour s’installer dans la capitale. Parmi leurs faits d’armes marquants, pointons les premières parties de Yard Act au Trix l’an dernier et, plus proche de nous, de Tramhaus à l’Aéronef de Lille. Le point commun entre ces deux dates ? Une histoire de sifflet perdu sur scène ou oublié en backstage alors qu’il s’agit d’un ustensile indispensable à l’équilibre du brésilo-noisy “bbl”. Ce soir, le leader Amaury Louis a trouvé une astuce en le portant simplement autour du cou.
Un leader qui a débarqué avec ses camarades sur scène au son de quelques notes d’un ballet avant de littéralement se plier en deux tout en hurlant sur “election day”. Ils se lanceront ensuite corps et âme devant les cinq lettres illuminées de leur nom dans le déballage de charivari, un premier album publié début mars chez Luik Music. Un album fou-fou à leur image où les moments de répit ne sont pas légion. Seul “salvator mundi” ralentit en effet la cadence infernale et, ce soir, sera paradoxalement le seul morceau pendant lequel le chanteur attrapera une guitare. Le reste du temps, il alternera appeau, cowbell, tambourin et… sifflet bien entendu.
Le reste de la set-list sera joué pied au plancher sur base d’une énergie communicative couplée à un réel plaisir de ne pas se prendre au sérieux. En revanche, rayon compos, cela bastonne sec avec notamment un puissant “nechayev & sons”, un brutal “blue danube no more” et un égosillant “playroom”. S’ils réfutent les majuscules, ils se soucient toutefois de votre hygiène corporelle via de véritables gants de toilette vendus au stand merchandising. Il n’y a pas à dire, ces gars-là sont prêts à dézinguer les scènes des festivals cet été. À ce propos, ils viennent d’être annoncés le 15 juillet à Dour. Cela va chauffer sous la Petite Maison dans la Prairie…
SET-LIST
ELECTION DAY
SIX SECONDS
THE LOST ART OF CONVERSATION
CROOKED HARMONY
SALVATOR MUNDI
NECHAYEV & SONS
BLUE DANUBE NO MORE
INTIMITE
PLAYROOM
BBL
S’il a mis un certain temps à se dessiner (les soixante derniers tickets se sont vendus lors des vingt-quatre heures précédant l’événement), le sold out de ce soir est amplement mérité pour Annabel Lee. D’autant qu’il s’agissait de leur dernière prestation avant un moment puisqu’un bébé rock‘n’roll pointera le bout de son nez au début de l’été. L’occasion de célébrer comme il se doit la sortie de Drift, deuxième album du groupe et digne successeur de l’excellent Let The Kid Go.
Un album qu’ils interpréteront dans son intégralité, démarrant pied au plancher sur un “Kiss & Ride” de feu suivi d’un “Around” aux influences nineties crasseuses particulièrement marquées. Pas étonnant lorsque l’on sait que les enregistrements ont été supervisés par Amaury Sauvé, l’homme derrière le son du dernier It It Anita en date qui porte d’ailleurs son nom. Une expérience dont les deux seuls extraits de “Let The Kid Go” joués ce soir profiteront également, dont cette époustouflante version de “Never Ever”. La bien nommée plage titulaire, quant à elle, bénéficiera de la participation active d’un public bien décidé à participer à la fête.
Aux côtés d’Audrey Marot, plus rayonnante que jamais, le bassiste Vankou reste fidèle à sa réputation de pile électrique alors que le batteur Hugo Claudel représente la puissance tranquille. Ceci dit, histoire de parer à toute éventualité liée aux aléas de la grossesse, ils ont engagé pour l’occasion une vieille connaissance en la personne d’Aurélien Auchain. Le guitariste de Mountain Bike aussi connu sous le nom de June Moan en solo n’est pas un inconnu de la famille puisqu’il faisait partie du groupe lors de la première partie de Beach Fossils à la Rotonde en septembre 2017. Même si son rôle ce soir se limitait à suppléer les parties d’Audrey le cas échéant, son instrument transcendera des titres comme “By The Sea” et surtout “Comedy” dont l’explosivité atteindra des sommets.
On retiendra encore le break prenant de “Spiders And Monkeys” et la puissance de la bombe qu’est rapidement devenue “High Anxiety” en final du set principal. Un titre pendant lequel l’ensemble des personnes sur scène (y compris mini-Audrey dans sa bulle) sera déchaîné. Le temps d’affonner une canette de Drift, rafraîchissante sour brassée par la Nanobrasserie de l’Ermitage en parallèle à la sortie de l’album et les revoilà sur scène pour un rappel que l’on qualifiera de surprenant. À la basse proéminente et aux contours noisy de “Terrain Vague” succèdera en effet un introspectif “Go Go Gadget”. Un titre qui figurait déjà en formule solo acoustique sur la version digitale du second pressage de “Let The Kid Go” en 2020. Un titre surtout prémonitoire à l’écoute des paroles en parfaite adéquation avec la future nouvelle vie de la chanteuse. Extra powers to Miss Marot !
SET-LIST
KISS & RIDE
AROUND
NEVER EVER
DINOSAUR
SPIDERS AND MONKEYS
24/7
BY THE SEA
LET THE KID GO
COMEDY
HIGH ANXIETY
TERRAIN VAGUE
GO GO GADGET