Les Nuits 2022: Let’s DIIV !
Début de soirée caniculaire sous le chapiteau en ce dernier dimanche des Nuits du Botanique avec la venue de DIIV. Les New Yorkais emmenés par Zachary Cole Smith ont repris les routes européennes après une interruption de deux ans et comptent bien rattraper le temps perdu.
Mais avant, place à un groupe relativement récent puisqu’il s’est formé pendant la pandémie du côté de Courtrai. Les quatre gaillards de The Waltz viennent de publier « Looking-Glass Self », un premier album plein de sueur. Malgré leur courte existence, ils collectionnent déjà les références, ayant notamment assuré le support de Brutus au Depot et d’une partie de la tournée européenne de Nothing.
Moins abrasifs que les premiers nommés et moins sombres que les seconds, ils se situent dans un trip psyché noisy mâtiné de stoner dont ils ont encore parfois du mal à délimiter les contours. On pense à la puissance de The Hickey Underworld puis aux escapades de Triggerfinger quand ils ne plongent pas dans un trip plus poppy à la Weezer (le single « Flowers »). Adeptes de parties instrumentales travaillées, ils préfèrent souvent laisser les guitares nerveuses s’exprimer et envoyer la voix… valser.
Pour l’anecdote, le concert de DIIV au Club du Trix le 3 mars 2020 était l’un de nos derniers avant le début de la pandémie et l’arrêt forcé des événements de ce type. Le groupe était alors en pleine tournée promotionnelle de son troisième album, « Deceiver », sorti l’automne précédent. Mature et plus posé que le précédent, il voit surtout Zachary Cole Smith partager les crédits avec ses camarades pour la première fois.
Un album pour une fois exempt d’instrumentaux libellés entre parenthèses comme « (Druun) », parfaite mise en jambes du set ce soir, directement suivi de « Past Lives ». Ou comment ne pas renier ses origines puisque ces deux titres ouvrent « Oshin », la plaque qui leur a permis de sortir de l’ombre en 2012. Dix ans plus tard, elle reste une référence du genre et n’a pas pris une ride, parfait équilibre entre dream pop et shoegaze. Une piste suivie par « Is The Is Are » en 2016, dont le très War On Drugs « Under The Sun » sera joué dans la foulée.
Si l’état psychologique du leader s’est drastiquement amélioré, son look le rend presque méconnaissable, avec sa coiffure lisse mi-longue et ses lunettes d’intello. Situé à l’extrême droite de la scène, il va toutefois assumer son rôle même s’il laissera plutôt le bassiste s’exprimer entre les morceaux. Particulièrement extraverti, ce dernier porte une jupe ample à carreaux et arbore une coiffure peroxydée du plus bel effet. Pointons encore le guitariste aux mimiques improbables et aux couettes dépassant d’une casquette retournée. Rien en revanche à signaler concernant le batteur, plutôt concentré sur son sujet.
Contrairement à bon nombre de leurs pairs, ils n’ont pas profité du confinement pour composer de nouvelles choses. En effet, aucun titre inédit ne sera joué ce soir mais les extraits de « Deceiver » seront exécutés à la perfection. Ils seront en tout cas moins brouillons que lors de leur passage à Borgerhout dont on parle plus haut. À l’excellent « Skin Game » succèderont ainsi l’atmosphérique « Like Before You Were Born » et le presque mélancolique « Between Tides. Un triptyque aux contours moins percutants (et encore) qui démontrera la marge de progression du groupe depuis que tous les musiciens participent au processus de création.
On en aura encore un aperçu plus tard dans la soirée via un relevé « For The Guilty » et un très nineties « Horsehead ». Pour le reste, le groupe s’est allègrement promené dans son back catalogue, s’amusant à calquer (délibérément ou non) l’intro de « Sometime » avec celle du « Just Like Heaven » des Cure. Mais la basse proéminente de « Doused » les remettra bien vite dans le droit chemin, générant quelques timides mouvements de foule par la même occasion. Peu après, le riff de « Bent (Roi’s Song) » s’appropriera le moment alors qu’un particulièrement prenant « Blankenship » refermera les débats de magistrale manière.
Tout comme lors de la prestation de Viagra Boys au même endroit, les lumières étaient éteintes depuis longtemps, les spectateurs en train de quitter le chapiteau et un morceau calme dans les haut-parleurs (« Suicide Is Painless » ce soir) que le groupe réapparaîtra de nulle part pour un rappel improvisé. Cette fois, c’est « Dust » qui fera frétiller les tympans des spectateurs une dernière fois, dans une ambiance de feu. Good job, guys !
SET-LIST
(DRUUN)
PAST LIVES
UNDER THE SUN
SKIN GAME
LIKE BEFORE YOU WERE BORN
BETWEEN TIDES
SOMETIME
DOUSED
LOOSE ENDS
TAKE YOUR TIME
TAKER
FOR THE GUILTY
BENT (ROI’S SONG)
HORSE HEAD
BLANKENSHIP
DUST