Les Nuits 2020 : Glass Museum à l’heure Reykjavik
Les Nuits reportées à l’automne présentent un inconvénient majeur, celui de la météo pour les concerts programmés dans le Parc. Heureusement, le ciel est resté clément ce mercredi pendant la soirée consacrée à Glass Museum.
Il convenait toutefois de prévoir une petite laine car les températures d’octobre ne rivalisent pas avec celles d’avril ou mai. Ceci dit, l’énergie dégagée par Echt!, le groupe qui a ouvert les festivités à 19h tapantes, nous a bien vite réchauffé le corps et les oreilles. Difficile en effet de rester de marbre devant ce jazz futuriste teinté de beats electro ou, lorsque le tempo se ralentit, de sonorités presque r’n’b. L’ensemble se voit transcendé par des jeux de lumières éblouissants dans tous les sens du terme, répondant à ceux de la Finance Tower à l’arrière de la scène.
Le quatuor (guitare, basse, batterie et claviers) explore en outre des contrées expérimentales traduites par des sons venus d’ailleurs ou des samples puisés dans des émissions vintage, à l’instar de Public Service Broadcasting, mais avec une vision nettement plus rafraîchissante. En résumé, ils ont tout à fait mérité la standing ovation au terme de leur set.
Lors des Nuits initiales, le concert de Glass Museum était programmé au Grand Salon (en réalité le… Musée), un endroit cosy particulièrement adapté aux sonorités de leur premier album. Un album publié finalement fin avril après avoir été postposé d’un mois, mais toujours en plein confinement. Malgré les circonstances et plusieurs dates jouées entre-temps, la soirée a gardé son concept initial, à savoir la présentation officielle de “Reykjavik”, mais en extérieur sur la scène Parc.
Une scène sur laquelle le duo s’est finalement senti comme un poisson dans l’eau. Il faut dire que la réputation du claviériste Antoine Flipo et du batteur Martin Grégoire commence à sérieusement dépasser les frontières. Ils se produisent en effet régulièrement à l’affiche de festivals réputés et de clubs renommés. Leur manière décomplexée d’appréhender le jazz du troisième millénaire en lui insufflant une cure de jouvence tape dans le mille. Moins conventionnelle que la scène qui anime Londres actuellement (Nubya Garcia, Kamaal Williams et consorts) mais tout aussi pertinente et audacieuse.
À ce propos, “Nimbus” constituera une excellente entrée en matière, synthétisant d’une part la dextérité du duo et d’autre part ses influences allant du classique à l‘electro au sens large du terme. Antoine alterne piano et synthé au gré des compositions, offrant un vaste panel de sonorités (“Sirocco” et “Electric Silence” flirtent ainsi sporadiquement avec l’ambient avant d’exploser littéralement). Martin, quant à lui, adapte ses percussions aux délires de son acolyte. À moins que ce ne soit l’inverse tant leur complicité saute aux yeux.
Tour à tour euphoriques, mystérieuses ou mélancoliques, leurs compositions accrochent l’oreille et, dans le cas de l’excellent “Clothing”, affolent les gambettes. Impossible de ne pas observer un léger écart par rapport aux mesures en vigueur. Quelques pas de danse ont en effet donné un autre relief à ce titre emblématique. Tout comme sur la nouvelle composition proposée lors du rappel, captivante pièce expérimentale à la frontière du dancefloor et du palais des beaux-arts, rehaussé de lights hypnotisants. Quelque chose nous dit qu’ils ne vont pas s’arrêter en si bon chemin…