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La Pirouette de Model/Actriz

Précédés d’une sulfureuse réputation, les New Yorkais de Model/Actriz n’ont pas failli en soufflant littéralement une Rotonde moite et blindée. Ils y ont défendu « Pirouette », un récent deuxième album aux influences électro-punk marquées.

La dernière fois qu’ils avaient joué au Botanique, c’était en mai 2023 en première partie de Gilla Band à l’Orangerie. Les deux groupes ont l’air d’avoir créé de sérieux liens depuis lors puisque le support est assuré ce soir par The Null Club, le projet solo d’Allan Duggan Borges, le guitariste des ex-Girl Band. Cela dit, l’Irlandais n’utilisera son instrument fétiche qu’à de rares occasions, préférant le laisser pendre derrière le dos et se concentrer sur une rangée de claviers et de machines en tout genre.

Face à un couloir d’amplis, il distille des rythmes infernaux saccadés proches d’une techno sombre et oppressante, rehaussés de riffs trafiqués sur fond de visuels géométriques speedés. Si son premier EP comprend notamment des collaborations avec Faris Badwan (The Horrors) et Mandy, Indiana, ce sont sans surprise des samples qui les représentent sur scène. Une entrée en matière pour le moins extrême…

Tout comme Ditz voici quelques mois, Model/Actriz s’est produit dans une Rotonde remplie à ras bord en support d’un deuxième album au moins aussi réussi que le précédent. Mieux, le délicieusement baptisé « Pirouette » va un cran plus loin en empruntant une voie industrielle alliant racines punk et délires électroniques. Rien de bien neuf pour des New Yorkais, allez-vous dire. Mais à l’inverse de Radio 4 ou The Rapture par exemple, les atmosphères sinistres et glaciales sont légion.

La théâtralité aussi via un incomparable leader, Cole Haden, qui débarquera sur scène bouteille de vin blanc à la main et sacoche en bandoulière. Il en sortira un rouge à lèvres qu’il s’appliquera minutieusement avant de se lancer dans la déclamation de « Crossing Guards », titre d’intro en crescendo flippant mixé à un « Slate » tout aussi déconcertant. Jamais avare de poses maniérées ou de séquences d’aérobic improvisées, le moustachu leader capte sans cesse l’attention. D’autant que malgré la chaleur suffocante, il ne se séparera à aucun moment de la cagoule ni des longs gants qui complètent un costume de scène finalement assez so(m)bre.

Au terme de « Mosquito », troisième et dernière mise en bouche soutenue extraite du premier album, le groupe, complété par le guitariste particulièrement déchaîné Jack Welmore, le batteur gringalet Ruben Radlauer et le bassiste introverti Aaron Shapiro, se lancera dans la découverture de « Pirouette ». Malgré son titre, « Poppy » s’apparente à un condensé de tension que le leader entretiendra en arpentant à plusieurs reprises les moindres recoins de la salle tout en défiant au passage les spectateurs du regard. « Diva » et « Wespers », aussi ténébreux qu’orientés dancefloor, se positionnent juste entre la vision club de Kele Okereke et la récente incarnation plus industrielle que ça tu meurs de IAMX.

Mais ce n’est pas tout, une face transe psychédélique accaparera l’entêtant « Doves » alors que quelques bousculades dans les premiers rangs feront encore grimper la température ambiante, comme sur un « Cinderella » de feu. Il est vrai que les versions survitaminées proposées sur scène surpassent aisément celles enregistrées en studio. À l’exception peut-être de l’impeccable « Departures » qui se suffit à lui-même et d’« Acid Rain », respiration bienvenue que n’aurait pas reniée The Dears en mode ballerine.

Le tout se terminera toutefois de manière abrupte après moins d’une heure sur un hypnotique furieux doublé constitué de « New Face » et de « Ring Road ». Si le leader arborera à bout de bras les deux mêmes ustensiles qu’en début de soirée, il filera ensuite rapidement dans sa loge et zappera de potentiels rappels, au grand dam d’un public bien en voix. Un (léger) goût de trop peu, donc…

SET-LIST
CROSSING GUARDS
SLATE
MOSQUITO
POPPY
DIVA
VESPERS
DOVES
DEPARTURES
ACID RAIN
CINDERELLA
NEW FACE
RING ROAD

Organisation : Botanique

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