Freaky Age, time is (really) over…
L’aventure Freaky Age s’est achevée à l’Ancienne Belgique, là où les choses avaient pris une tournure sérieuse en mars 2006. Ce dimanche soir-là, des gamins de 14 ans devenaient les plus jeunes finalistes du Humo Rock Rally. S’ils en sont revenus bredouilles, cela ne les a pas empêchés de mener avec brio une carrière jalonnée de quatre albums et d’une poignée d’hymnes indie rock.
Pour introduire cette soirée particulière, les Gantois de Pavlove qui collectionnent les premières parties prestigieuses. Ils ont en effet ouvert pour Hooverphonic à l’OLT Rivierenhof cet été et, pas plus tard que la veille, au Trix pour dEUS. Emmenés par une chanteuse pétillante à la tessiture proche de celle de Geike Arnaert à laquelle répond la voix narrative de son frère guitariste, ils officient dans un registre orienté pop. Dans un premier temps en tout cas.
Des nappes synthétiques et une guitare chaloupée jalonnent ainsi des compositions qui prendront une tournure nettement plus nerveuse juste après leur surprenante cover bossa-noisy d’« Overload », le hit des Sugababes. Le tout culminera avec le final « Savages », un extrait sombre et musclé de leur prochain EP dont la sortie coïncidera avec un concert au Vooruit de leur ville natale le 19 novembre.
La première fois que l’on a vu Freaky Age sur scène, c’était aux Ardentes en 2008 (« Il pleuvait », s’était souvenu Lenny Crabbe, le leader du groupe, lors d’une discussion après sa prestation solo en première partie de Gaz Coombes au Bota l’an dernier). C’était à l’époque de leur imparable premier album, « Every Morning Breaks Out », dont la plage titulaire sera le titre d’intro ce soir. S’il existe des manières plus sages de débuter un concert, cette fougue colle parfaitement au tempérament des gaillards, fin prêts à se faire plaisir une dernière fois.
Au contraire du guitariste Mathias Declercq dont les instruments défileront sans arrêt, le leader à l’inamovible chapeau ne quittera sa guitare turquoise que l’espace d’une poignée de titres plus sages, « Masks » en tête. L’enthousiaste batteur Jonas Pauwels et le bassiste au tempérament discret Wouter Van Den Bossche complètent un line-up qui se produit devant un immense rideau doré.
Le public aussi est chaud, quoiqu’un peu dissipé. On a l’impression que la famille et les amis sont venus en masse, éclipsant presque les vrais fans du groupe. La mise en route sera ainsi quelque peu chaotique (« John What’s The Use » moins percutant qu’à l’accoutumée, « Drink About It » un rien faiblard) mais les choses se stabiliseront rapidement. Elles iront même en crescendo à partir de « Hard To Believe » et « Never See The Sun », extraits de leur deuxième plaque, « Living In Particular Ways », quelque part entre les Libertines et les Strokes.
Sur disque, l’enthousiasme et l’explosivité des débuts laissera peu à peu la place à une écriture plus mature et plus subtile que l’on retrouve sur les deux albums suivants. Ceux-ci seront tout autant visités ce soir et se dévoileront encore davantage. On pense notamment au doublé « Someone Else » et « Everything Is Better Now » qui renvoient tant au U2 période « The Joshua Tree » qu’aux Arctic Monkeys. Un peu plus tôt, la plume du leader de ces derniers a plané sur « Waste No Tears ».
Bien entendu, pas de concert d’adieu sans invités surprise. Plusieurs membres du public défileront donc sur scène, à commencer par Reinhard Vanbergen, l’imposant guitariste de Das Pop qui a produit « (From The Heart Of) Glitter Lake », le troisième album de Freaky Age. Il accompagnera de son violon Lenny pour une bouleversante version de « Heart Is Gold » et une chaleureuse de « Glitter Man » en full band. Un peu plus tard, c’est Dieter Henderickx, le bassiste original du groupe qui reprendra sa position initiale lors d’un « Time Is Over » de feu suivi d’un medley d’extraits du premier album / premier EP à trois guitares.
Un premier album qui déclenchera encore l’hystérie et de sérieux mouvements de foule via « Where Do We Go Now ». Visiblement le titre préféré du public, il amorcera une fin de set démentielle qui se poursuivra avec un énergique « Tomorrow’s Monday » et se conclura sur un « Excitement In The Morning Light » tout simplement parfait.
Sans surprise, le groupe reviendra pour un rappel qui, lui, en contiendra une. En effet, après un « My Own God » très classic rock, Lenny invitera sur scène son papa, Luc Crabbe (à l’époque le leader de Betty Goes Green) pour une version endiablée du « Pinball Wizard » des Who. Seul bémol, le micro du paternel manquait franchement de volume. Dans la foulée, « Like A Machine », sa furie et ses stroboscopes mettront un point final à l’histoire.
Sauf que devant l’insistance d’un public particulièrement en verve, ils reviendront pour un baroud d’honneur. Une deuxième interprétation de « Where Do We Go Now » qui verra une bonne partie des spectateurs envahir la scène sur l’invitation d’un leader que l’on n’apercevra bientôt plus. Where do they go now ? Seul l’avenir nous l’apprendra…