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Europavox Festival : les highlights du Bota

Comme le veut la tradition, Europavox établit ses quartiers au Botanique pour la manche belge de son festival de découvertes. L’organisation (re)connue pour la promotion de talents européens a ainsi investi l’Orangerie et la Rotonde le temps d’un week-end. Au programme, une affiche alléchante dont on vous détaille nos coups de cœur dans l’ordre chronologique.

Bien qu’il s’agisse simplement de leur nom de famille mis bout à bout, Daniel Brandt, Jan Brauer et Paul Frick n’ont certes pas choisi le pseudo le plus simple à retenir sans moyen mémo-technique. Les Berlinois tirés à quatre épingles n’ont pourtant éprouvé aucune peine à conquérir une Rotonde transformée en dancefloor le temps d’un set euphorique à souhait. Disposés dans un mouchoir de poche autour de leurs machines et pris dans leurs compositions aussi immédiates que limpides et travaillées, ils étalent un redoutable sens mélodieux naturel. Ces gars-là marient sans le moindre complexe influences classiques et passion du clubbing. Un peu comme si Glass Museum décidait de s’octroyer une résidence au Berghain, le temple berlinois de la techno. Le public ne s’y est pas trompé, dévalisant littéralement le stand merchandising dans la foulée. « Multi Faith Prayer Room », leur nouvel album, sortira chez Because dans le courant de l’année.

La capitale allemande n’est pas étrangère non plus à Anna Erhard puisqu’elle y a désormais élu domicile. C’est là que la Suissesse a enregistré « Campsite », son deuxième album en autant d’années. Si sa voix se trouve à la croisée des chemins entre celles de Nina Persson (Cardigans) et d’Elizabeth Stokes (The Beths), les parties groovy parfois dub tendent à nous éloigner de l’environnement poppy propres aux groupes précités. Mais pas pour longtemps, malgré quelques sursauts nerveux bien sentis. Ceci dit, c’est son humour qui rend certains titres irrésistibles, comme ce désopilant « Picnic At The Seaside ». Quant à l’impeccable « Short Cut » il aurait franchement pu se retrouver dans notre référendum de 2021 s’il était arrivé jusqu’à nous au bon moment.

On ne présente plus les Bruxellois d’Ada Oda qui, à coup de prestations live répétées, ont mis au point ce subtil cocktail de post-punk poppy chanté en italien. Une description somme toute curieuse mais force est de constater qu’ils s’en tirent plutôt pas mal. « Un Amore Debole », leur excellent premier album, est sorti chez 62TV fin novembre et ils se sont retrouvés Europavox Band of the Month le mois suivant, raison de leur présence sur la scène de l’Orangerie. Emmené par la spitante Victoria Barracato qui va jusqu’à chanter un titre dans la public et le guitariste César Laloux qui décoche des riffs imparables, le groupe transcende sur scène des titres dont le statut de hits potentiels sur disque n’est plus à démontrer (mention au hyper prenant « Mai Mai Mai »). Inutile de vous dire qu’avec la tripotée de concerts prévus d’ici-là, leur prestation aux Nuits du Bota le 3 mai avec Soror et The Haunted Youth vaudra à coup sûr le détour.

Le second groupe belge du week-end, originaire de Gand, compte en son sein deux vieilles connaissances de la scène indie, Stef Heeren et Kwinten Mordijck, respectivement chanteur-guitariste et claviériste de Kiss The Anus Of A Black Cat. Pour ce projet hors des sentiers battus, ils se sont associés à l’Iranien Saif Al-Qaissy pour former un trio electro-expérimental aux contours orientaux. Ce dernier manie en effet des instruments traditionnels (majoritairement des percussions) qui, couplés aux machines de ses camarades de jeu, génère des compositions à la fois dansantes et hypnotiques, tribales et planantes. Musicalement, on pense aux Chemical Brothers, à The Orb et à la vague EBM emmenée par Front 242. Visuellement, ce sont les premiers nommés qui sautent à l’esprit car le groupe joue derrière des rideaux blancs sur lesquels sont diffusés des projections tantôt sobres tantôt criardes mais toujours en adéquation avec un environnement d’une délicatesse sonore sans anicroche.

C’est à Barbara Lehnoff aka Camilla Sparksss qu’a été confié le soin de clore le festival sur une scène de l’Orangerie discrètement transformée en véritable studio de télévision. Une bonne dizaine d’appareils photos et d’enregistreurs visuels captaient en effet les moindres gestes de la souriante voix féminine de Peter Kernel. Celle-ci a soigneusement retiré ses chaussures avant de commencer son set derrière une immense console sur laquelle se trouvaient deux platines et une sorte de synthé. Officiellement pour être en contact avec le sol mais on pense surtout que c’est pour ne pas malencontreusement ruiner de ses talons des vinyles déposés à même le sol après utilisation. Des vinyles sur lesquels sont gravées les bases rythmiques de ses compositions qu’elle s’amuse à looper tout en y injectant d’autres sons et en y posant sa voix criarde et saccadée. Une dextérité impressionnante pour un univers extra large allant du hip-hop à l’electro en passant par la pop synthétique et la dark wave. Un éclectisme à l’image d’un festival ponctué ainsi de la plus pertinente des manières…

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