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Corridor, Mimi pièce de vie

À peine le temps de se remettre des Nuits que la programmation du Bota tourne de nouveau à plein régime. En guise de point de départ vers la saison estivale, les Canadiens de Corridor étaient de passage à la Rotonde pour une soirée chatoyante en support de « Mimi », leur nouvelle livraison.

Bien que Mimi ne soit pas le nom du matou qui orne la pochette de cet album, quoi de plus naturel que d’inviter Chaton Laveur en ouverture du bal… Le duo liégeois, finaliste de la dernière édition du F dans le Texte même s’il emprunte par moments des détours hispaniques, a récemment peaufiné son jeu de scène lors d’une fructueuse résidence au Vecteur. D’un côté, une chanteuse autodidacte habituée de l’endroit (elle y bosse comme ingé-son) qui alterne basse et guitare. De l’autre, un batteur impliqué dont le rôle ne se limite pas à la rythmique (il gère également les claviers).

Si d’entêtantes mélodies colorées appuyées par une voix candide et insouciante se démarquent initialement, leur univers peut également se monter plus sinistre (« Tostada », « L’homme descend du songe ») ou sautillant (« Tourniquet »). Une sorte de pop minimaliste inspirante parfaitement synthétisée sur l’entêtant « Brève histoire d’une goutte de pluie ». Le groupe vient de sortir chez JauneOrange un premier album baptisé non sans humour « État Sauvage » et ne compte pas en rester là.

Historiquement parlant, Corridor est le premier groupe d’expression francophone à s’être vu offrir un deal chez Sub Pop, le célèbre label de Seattle. Grâce à cette impulsion matérialisée par la sortie de « Junior », un troisième album en 2019, ils ont tourné intensément jusqu’en Europe. C’est au Sonic City qu’on les a découverts cette année-là, dans la petite salle en haut des escaliers où leur pop lumineuse les démarquait d’une affiche assez sombre. Aujourd’hui, ils reviennent avec « Mimi », la quatrième phase de leurs aventures en mode coolitude…

Le bien nommé « Phase IV », plage d’ouverture de cette nouvelle plaque, lancera donc judicieusement la machine. Un titre bourré de groove et d’harmonies rehaussé de quelques flashes noisy pas si anodins que cela. Tout comme sur « Le grand écart » dans la foulée, les vocaux sont assurés par le bassiste Dominic Berthiaume dont l’attitude nonchalante, les lunettes et la fluette silhouette renvoient à Alexis Taylor (Hot Chip). À sa gauche, le guitariste Jonathan Robert, parolier et tête pensante du projet, prend ensuite le micro et, malgré une voix sous-mixée, sublime sans peine des titres comme « Pow » et « Junior », deux hits de l’album précédent.

En parlant de hit, le cynique mais entêtant « Mourir demain » se révèle tout bonnement irrésistible, tant sur « Mimi » que sur scène où sa version puissante à deux voix constituera un des sommets de la soirée. La batterie carrée de Julien Bakvis et la seconde guitare de Julian Perreault participant grandement à l’explosion sonore qu’un claviériste adoucit de nappes irrésistibles. Une formule maîtrisée qui, par moments, renvoie à de la variété made in France (« Coup d’épée ») sans l’aspect ringard du genre.

D’autant que les nouveaux titres empruntent une vision plus terne sans devenir pour autant déprimante. La basse hypnotique de « Caméra » et la guitare glaciale de « Mon argent » jouent ainsi dans la cour de DIIV ou de Squid. Un esprit post-punk qui plane également sur le cadencé et soutenu « Jump Cut ». Le groupe a en effet su évoluer et donner une personnalité propre à « Mimi » qui, au fil des écoutes, se révèle tout bonnement essentiel.

Si parmi les autres titres de la set-list, le parfaitement calibré « Topographe » sortira du lot, on s’attardera également sur le psyché pop sixties « Et hop ». Mais la version XXL complètement dingue et saccadée de « Domino » en final du set principal restera dans les mémoires, rehaussée de flashes stroboscopiques aveuglants. On les croyait partis au stand merchandising mais ils nous gratifieront d’abord d’un ultime nouveau titre, « Pellicule ». Il s’agissait visiblement de la première fois qu’ils le jouaient sur scène et, vu les faux départs rencontrés, on est prêts à les croire. Mais à force de persévérance, ils parviendront au bout d’une composition dont le riff entêtant occulte l’aspect foutraque. Après Bibi Club dans cette même salle pendant les Nuits, Corridor confirme l’excellente santé d’une scène pop Montréalaise qu’ils ont contribué à façonner…

SET-LIST
PHASE IV
LE GRAND ECART
POW
JUNIOR
MOURIR DEMAIN
COUP D’EPEE
CAMERA
TOPOGRAPHE
MON ARGENT
JUMP CUT
GOLDIE
DU MOYEN AGE À L’AGE MOYEN
ET HOP
DOMINO

PELLICULE

Organisation : Botanique

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