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Au clair de Mooneye

Deux ans et des poussières après un premier AB Box, Michiel Libberecht aka Mooneye a remis le couvert ce vendredi. Le Courtraisien a publié en début d’année « Come With Me And Hide », un deuxième album qui confirme sa mainmise sur une folk aux contours pop dont il s’est fait une spécialité depuis sa victoire à De Nieuwe Lichting en 2019.

D’un concours à un autre, il n’y a qu’un pas. Celui franchi par Valentine Brognion, lauréate de la septième édition de The Voice Belgique qui a répondu positivement à l’invitation de l’hôte de la soirée. Pour l’occasion, elle a minutieusement préparé un set en restant fidèle à ses compositions dans la langue de Molière (si ce n’est une légère incursion dans l’« Eden » d’Hooverphonic) mais en communiquant presqu’exclusivement en néerlandais. Et en se lançant à un moment dans un tout personnel « Sinterklaas Kapoentje » de circonstance…

Élégamment vêtue d’un ensemble vert scintillant et s’accompagnant d’une guitare acoustique, elle pose sa voix sucrée aux intonations sixties sur des textes délicats. Si la manière dont elle les chuchote par moments ajoute un certain mystère à l’ensemble, on est moins fan des envolées qui les rendent peu compréhensibles. En revanche, les légers délires crasseux du guitariste Olivier Delescaille à sa droite apportent un atypique équilibre qui fait mouche. Le public de l’AB a apprécié.

Michiel Libberecht, la tête pensante de Mooneye, dispose d’un carnet d’adresses plutôt bien garni. Son EP éponyme avait en effet été produit par Pascal Deweze (Metal Molly, Sukilove…) alors que « Big Enough », premier album sorti en 2021, portait notamment la patte de Jo Francken (Loverman, Tamino…). Pour son deuxième long format, il s’est cette fois tourné vers Koen Gisen (An Pierlé, The Bony King Of Nowhere…). Enregistré dans le studio de ce dernier et publié sur le dynamique label Mayway Records dont il est devenu l’un des fers de lance, « Come With Me And Hide » nécessite davantage d’écoutes que son prédécesseur pour en retirer l’essence. Mais le jeu en vaut la chandelle.

C’est pourtant sur un titre datant du début de sa carrière que les choses se mettront gentiment en place. « Black River » se dévoilant judicieusement dans une pénombre rougeâtre, porté par une envoûtante lap steel guitar orchestrée de main de maître par Jesse Maes qui ne tardera pas à s’avancer et montrer l’étendue de ses talents. Il n’est pas le guitariste de Sophia (entre autres) pour rien et ses interventions sur « Don’t Ask Where I’ll Be » par exemple portent clairement sa griffe.

Mais n’oublions pas que le boss, c’est Michiel dont la voix de velours emporte des compositions rêveuses et entêtantes à souhait. Il suffit de regarder autour de nous pour apercevoir des spectateurs récitant solennellement ses textes, les hits « If We Hadn’t Met » (parfait dans sa version rugueuse) et « Thinking About Leaving » en tête. Mais parmi les nouvelles compositions, le coloré « Girl Like You » et « New Skin » ne s’en sortent pas mal non plus.

Positionné entre Jesse et son autre compère guitariste Guillaume Navarro avec lesquels il construit un mur du son tantôt lézardé tantôt bétonné, le leader à la gueule de gendre idéal prend clairement du bon temps. À l’instar du batteur Ramses Van den Eede aux mimiques passablement énervantes en arrière-plan, complice du bassiste Jonas Desmet à sa droite. Un peu plus loin, un clavier abandonné les trois-quarts du temps permet à l’ami Guillaume de varier les plaisirs, comme sur « Changing » par exemple.

On retiendra encore la vibe country issue des grands espaces d’« Another Fool » et la puissance rythmique de « Time To Move Away From Here ». Jesse Maes, qui a entre-temps abandonné ses lunettes, va s’en donner à cœur joie sur ce titre, mais aussi sur une fin de set tout à fait dantesque. Il balancera ainsi un solo à rendre jaloux Justin Lockey (Editors) sur « In Between » avant de contribuer à la nervosité à peine contenue d’un parfaitement construit « Lover To Stranger » au terme duquel le groupe quittera la scène sous un déluge de stroboscopes.

Le leader remontera rapidement sur scène pour entamer des rappels en mode solo acoustique pour un désarmant « Too Young To Have Regrets ». On aurait aimé voir débarquer Chantal Acda avec qui il partage les vocaux sur l’album mais il n’en sera rien. Pas plus que Meskerem Mees sur « Bright Lights » qui prendra néanmoins une direction bien nerveuse tout en conservant son aspect catchy. Quant à « Fix The Heater », il bouclera la soirée en mode singalong juste après un ouragan dont les intenables guitaristes seront les auteurs. Un consistant cadeau de Saint-Nicolas…

SET-LIST
BLACK RIVER
GIRL LIKE YOU
DON’T ASK WHERE I’LL BE
NEW SKIN
ANOTHER FOOL
IF WE HADN’T MET
COME WITH ME AND HIDE
CHANGING
TIME TO MOVE AWAY FROM HERE
THINKING ABOUT LEAVING
IN BETWEEN
TOO FAST
LOVER TO STRANGER

TOO YOUNG TO HAVE REGRETS
BRIGHT LIGHTS
FIX THE HEATER

Organisation : AB

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