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Les Dandy Warhols à l’AB, plus psychés que défoncés


Après un passage mitigé aux Ardentes en juillet dernier, les Dandy Warhols entamaient ce lundi 2 décembre leur tournée européenne par une halte à l’Ancienne Belgique. L’occasion pour nous de découvrir en live leur nouvel album, “…Earth To The Dandy Warhols…”. Le quatuor de Portland dans l’Oregon est habituellement assez généreux lors de ses concerts en salle (rappelons-nous par exemple un show marathon de près de 2h40 aux Halles de Schaerbeek en mai 2003). C’est sans doute la raison pour laquelle la première partie était programmée à 19h30.


Et puisqu’à l’AB, on ne discute pas avec les horaires, The Sheep est monté sur scène à l’heure prévue. Ce trio hollandais a été choisi personnellement par les Dandy Warhols pour chauffer la salle lors de cette tournée. Mis à part le fait qu’ils viennent d’un pays où l’on tolère certains produits illicites (dont les Dandys raffolent), on se demande toujours la raison pour laquelle ils ont été programmés…

En effet, leur registre se limite à une pale imitation des Doors (l’orgue omniprésent fait beaucoup). Avec leurs chevelures permanentées qui font plus début des années 70 qu’autre chose et leurs jeans serrés qui faisaient fureur à la fin de cette même décennie, il ne fallait pas être bien perspicace pour se rendre compte que leur musique n’a rien d’actuel et ressasse invariablement les recettes du passé, titre après titre. Une première partie sans grand intérêt et ce n’est pas encore aujourd’hui que l’on a découvert le groupe hollandais digne de succéder aux Shocking Blue, à Golden Earring ou à Urban Dance Squad

“…Earth To The Dandy Warhols…”, le sixième album des Dandy Warhols (et le premier pour leur nouveau label, Beat The World Records), est sorti au mois d’août dernier et il nécessite un paquet d’écoutes avant d’en apprécier les subtilités. Mis à part la dispensable dernière plage (“Musee Du Nougat”) qui dure près d’un quart d’heure, le reste tient bien la route et on pourrait comparer cet album à un film où plusieurs atmosphères, plusieurs états d’âme se succèdent. On se surprend même à découvrir des influences disco ou country, mais toujours à la sauce Dandy Warhols, bien entendu.

C’est d’ailleurs de la country pure et dure qui servira de toile de fond aux soundchecks du groupe et à nos réflexions. Avant un concert des Dandys, on se demande toujours à quelle sauce on va être mangés (ou plutôt à quel tabac on va être roulés). Ils sont en effet capables du meilleur comme du pire. Tout dépend de l’heure du concert, de l’endroit et surtout de la quantité de substances qu’ils ont absorbées dans les heures qui précèdent leur prestation.


Les quatre lascars arrivent finalement et commencent les festivités avec “Mohammed”, histoire de bien installer l’ambiance. Le leader Courtney Taylor-Taylor est pareil à lui-même et ne paraît pas trop explosé, Zia McCabe, la claviériste, a changé de coiffure et ressemble plus à une hôtesse de l’air qu’à une rockeuse (la maternité l’aurait-elle assagie?). Le batteur Brent DeBoer, droit comme un i lorsqu’il est au travail fait penser à un mélange improbable entre Borat et Leo Clijsters, tandis que le guitariste Peter Holmström est le plus discret d’entre eux, simplement coiffé d’un chapeau melon. Derrière le groupe, au gré des chansons, des panneaux lumineux utilisés intelligemment reflètent des formes géométriques qui partent dans tous les sens ou se contentent simplement d’illuminer la scène. On aperçoit de temps à autre une sorte d’image subliminale sur laquelle on devine le logo du groupe.

“We Used To Be Friends” sera le deuxième titre de la soirée et là, on prend peur… Courtney Taylor-Taylor ne chante pas juste. Sa voix l’abandonne chaque fois qu’il monte dans les aigus. C’est assez bizarre pour ne pas dire dérangeant. Heureusement, sa voix grave est quant à elle intacte et cela sauve les vocaux du naufrage.


“Ce soir on va vous jouer quelques morceaux de chacun de nos albums” affirme le chanteur. Et, de fait, ils vont se balader largement dans leur discographie et leurs 15 ans de carrière. Parfois avec bonheur (“I Love You”, “Bohemian Like You”, “Get Off” ou encore le récent “And Then I Dreamt Of Yes”), mais aussi parfois avec longueur et ennui (“Ride” ou “You Come In Burned”). Voilà aussi pourquoi un concert des Dandy Warhols dure longtemps. Il leur arrive de ne pas aller droit à l’essentiel et on se retrouve avec des parties casse-bonbons qui entachent le reste de leur prestation (le psychédélisme a du bon, mais on n’est pas toujours dans le même trip qu’eux…).

Les deux heures de spectacle vont toutefois se terminer de bien belle manière avec un des meilleurs extraits du dernier album (le très western “The Legend Of The Last Of The Outlaw Truckers aka The Ballad Of Sheriff Shorty”) suivi d’un excellent “Boys Better” et d’un tout aussi bon “Country Leaver” pour clôturer le set. Dommage que juste avant, période de Noël oblige, ils se sont aventurés dans une reprise complètement loupée du traditionnel “Little Drummer Boy” (de nouveau la voix de Courtney Taylor-Taylor qui part en vrille). Sans cela, la fin du concert aurait été parfaite.

Pas de rappel au programme, mais une autre petite réflexion. Plutôt que de s’aventurer dans de longs sets, ne serait-il pas plus intelligent d’éliminer les redondances inutiles et de se concentrer sur 90 minutes parfaites. On passerait de 6,5 à 7,5 sur 10 assez facilement. Mis à part cela, ils ont trouvé un bon équilibre ce soir. Doit-on en conclure que The Sheep a apporté de la bonne?

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The Sheep

Photos © 2008 Olivier Bourgi

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