DOUR FESTIVAL 2008 (jour 4) avec e.a. Madrugada, The Raveonettes & Didier Super
Quatrième et dernière partie de notre visite annuelle sur la plaine de la machine à feu. Aujourd’hui non plus, pas vraiment de têtes d’affiche mais tout de même un line-up qui s’annonçait intéressant, malgré l’annulation (prévisible?) de The Fall.
En tout cas, cela a commencé très fort avec une prestation trois étoiles de Madrugada sur la Red Frequency. Le groupe emmené par Sivert Høyem est toujours bien là, malgré la disparition inopinée du guitariste Robert Solli Burås voici un peu plus d’un an.
Ils ont sorti leur cinquième album, sobrement intitulé «
Madrugada« au début de cette année et avaient déjà montré l’étendue de leur talent à l’Ancienne Belgique en mai dernier. C’est à un concert de la même trempe auquel on a eu droit en ce début d’après-midi, c’est-à-dire chargé en émotions et en atmosphères enivrantes, chapeauté par la voix magique et caverneuse de leur charismatique leader chauve (les presque mystiques « Strange Colour Blue » et « Look Away Lucifer »). Cela dit, il s’est aussi retrouvé comme possédé par ses compositions, à se rouler par terre ou en s’accrochant tant bien que mal à son pied de micro, pendant un « Black Mambo » kilométrique ainsi que durant leur cover de Iggy & The Stooges (« I Wanna Be Your Dog »). En tout cas, je dis chapeau car ils n’ont pas choisi la facilité en oubliant volontairement leur hit, « Vocal »…
La journée commençait dès lors sous les meilleurs auspices, mais il s’agissait d’en profiter un maximum car la suite n’allait pas être dans la même veine. Après une interview avec Anthony Sinatra de Hollywood Porn Stars (à lire bientôt dans nos colonnes) et la traditionnelle conférence de presse de Carlo Di Antonio, c’est avec Didier Super & Son Groupe que notre journée s’est poursuivie. Didier Super, qui se produisait dans un Dance Hall plein à craquer, malgré qu’il s’agisse bien de rock basique (joué maladroitement) et humoristique à prendre parfois au quinzième degré (ses allusions avec la pédophilie et la drogue en Belgique étaient quand même limites). Genre de mélange entre Coluche et Bigard entre les chansons, et similaire à René Binamé pour ses textes anarchistes et politiquement incorrects (« Petit Mongole En Short, Gosse de Vieux », « Y’en A Marre Des Pauvres », sa pseudo cover du « Prendre Un Enfant Par La Main » d’Yves Duteil qui devient « Prendre Un Gros Con Par La Main ») ou carrément désopilants (« Arrête De Te La Pêter »). Il a chanté une partie du concert au milieu des spectateurs (qu’il a appelé « public » durant tout son set) où un micro avait été spécialement installé. Mise en scène amusante sur « Comme Un Enfant Au Brésil », pendant lequel il perd successivement son batteur et son guitariste pour se retrouver seul sur scène et terminer malgré tout la chanson en cognant le manche de sa guitare sur un micro pour (tenter de) garder le rythme… En tout cas, il a mis l’ambiance, cela ne fait pas l’ombre d’un doute…
Sous le Club Circuit Marquee se terminait le concert de Why?, le groupe originaire de Oakland en Californie dont la folk pop relativement calme convenait parfaitement bien à cette fin d’après-midi ensoleillée malgré les prévisions météorologiques pessimistes (heureusement, cela dit, car on n’était pas prêt à revivre l’enfer des boues marécageuses rencontrées aux Ardentes la semaine précédente). Rien de bien transcendant, donc, si ce n’est que je les verrais mieux se produire en salle qu’en festival.
Etant donné que The Fall n’a pas été remplacé, le programme a quelque peu été chamboulé et Hollywood Porn Stars s’est donc retrouvé upgradé sur la Last Arena. Un peu contre leur gré (ils préfèrent jouer dans une tente en fin de soirée) mais on ne refuse pas de se produire sur la grande scène d’un festival.
Malgré tout, le public n’était pas présent en masse pour assister à la prestation des liégeois. Dommage, car ils ont été une fois de plus convaincants grâce à un set composé de titres efficaces (« Actarus », « The Fugitive », « Islands ») auxquels ils ont rajouté des extraits issus de leur récent EP « Besides The Satellites », composé de faces B et de titres envisagés pour l’album «
Satellites« (hors commerce, vendu via le website du groupe et lors des concerts). Parmi ceux-ci, les très bons « Help Me » et « Show Me Your Limits ». De quoi entrevoir l’avenir du groupe avec sérénité…
Nous nous sommes ensuite dirigés vers La Petite Maison Dans La Prairie pour la prestation de Earth (dernier album «
The Bees Made Honey In The Lion’s Skull« sorti en février 2008), dont on ne connaissait pas l’existence et qui nous avait été chaudement recommandé à condition de ne pas avoir peur d’avoir les tympans explosés. On nous avait promis du métal lourd, mais il n’en a absolument rien été. Ou alors du rouillé… Tiens, c’était la même histoire l’année dernière avec Sunn O))). Au programme, des compositions éthérées (qui doivent sans doute devenir efficaces sous influence), expérimentales et sans paroles. Ah? Ils ont joué plusieurs morceaux ?
On a dès lors abandonné cette messe noire pour retrouver la Last Arena et les Raveonettes, qui se présentaient à Dour dans une formule pour le moins inédite. En effet, Sharin Foo, la chanteuse blonde platine est restée au Danemark afin de préparer l’arrivée prochaine d’un heureux événement. Elle a dès lors délégué sa sœur Loui pour la remplacer au pied levé. Un pari risqué mais, contre toute attente, réussi. C’était, il est vrai, assez particulier de voir une chanteuse rousse derrière le micro, surtout que la voix de la sœur est d’une troublante similitude… Elle est juste un peu plus timide et ne dégage pas le charisme naturel de Sharin. Par contre, Sune Rose Wagner, le compositeur principal du groupe est bien là avec sa guitare dévastatrice. Cela dit, était-ce le fait de les voir sur la grande scène, mais on a trouvé leur prestation assez faible par rapport à la normale. En effet, le son agressif, noisy et légèrement disto qui les caractérise était aux abonnés absents. Ou alors ils se sont adoucis sans prévenir. Les extraits du dernier album (« Lust Lust Lust »), pourtant très puissants, sont restés en deçà de leur potentiel (meilleur exemple, « You Want The Candy » assez mou). Par contre, on a beaucoup aimé « Attack Of The Ghost Riders » et « Love In A Trashcan ». Trop peu cependant pour un des groupes considéré comme tête d’affiche ce soir…
C’est pour cette raison que nous sommes partis avant la fin pour le Club-Circuit Marquee tout proche et le set de Fujiya & Miyagi. Cela dit, on aurait peut-être dû rester auprès du groupe danois, car ici aussi, cela s’est avéré un peu trop calme, à des années lumières de leur concert de l’année dernière au Pukkelpop. C’est quand nous avons quitté les lieux que les beats électro ont seulement commencé à envahir l’atmosphère et à faire exploser (toutes proportions gardées) le chapiteau. Mais l’appel de l’estomac était lui aussi très grand…
La suite tenait plus du spectacle que de l’intérêt musical car les controversés BB Brunes (je n’arrive toujours pas à comprendre la raison pour laquelle ils ont été invités à Dour) s’apprêtaient à monter sur la scène du Dance Hall. Etant donné qu’une interview à la radio s’était assez mal passée dans le courant de l’après-midi, il a été décidé d’interdire toute photo pendant leur set (avaient-ils peur de ramasser une boîte de tomates pelées dans la figure comme Patrick Juvet il y a quelques années et qu’un photographe ne décroche le jackpot en revendant les clichés à prix d’or?). Bref, jusqu’à la dernière seconde, on s’est demandé s’ils allaient oser monter sur scène affronter un public plus qu’hostile. Ils sont finalement arrivés à l’heure prévue sous un déluge de projectiles en tous genres. Ils ont bravé la chose en entamant leur set comme si de rien n’était mais on sentait quand même un certain stress dans leur chef, malgré la présence de huit molosses qui s’étaient postés des deux côtés de la scène. Ils auraient bien pu abandonner mais ils ont quand même eu le mérite de continuer et même de provoquer le public (« Et alors, Dour, on ne sait pas viser? ») sous les sifflets. Cela dit, on en a assez vu et on préférait se concentrer sur le dernier groupe qui allait se produire sur la Last Arena plutôt que sur des ados à la voix de canard dont on n’a finalement pas grand-chose à faire…
C’est donc avec Gogol Bordello que notre Dour 2008 s’est achevé. Une tête d’affiche plutôt bizarre pour un vingtième anniversaire, mais une tête d’affiche qui a rempli son rôle, celui de faire bouger les festivaliers au bout de quatre jours de folie. Il faut dire que la bande d’Eugene Hütz n’a pas son pareil pour faire remuer le popotin des spectateurs, avec leur punk rock tzigane axé sur la fête.
Avec sa tête de gitan et sa moustache abondante, le new yorkais d’adoption d’origine ukrainienne s’est bien vite retrouvé torse nu à sauter d’un côté à l’autre de la scène, pendant que ses musiciens (dont un accordéoniste et un violoniste) et ses deux danseuses (gymnastes?) ne mettent le feu avec lui. Cela a hyper bien fonctionné durant les premières minutes avant de ressentir un petit mou du côté des festivaliers. C’était amusant mais sur la longueur assez répétitif, ce qui nous a décidés à repartir dans nos chaumières, histoire de rester sur une bonne impression.
Et c’est justement une conclusion positive (en tout cas nettement plus que l’année dernière) que nous réservons à cette édition du Dour Festival. Peu ou pas de têtes d’affiche, mais un public fidèle qui participe lui aussi à la réussite d’une manifestation dont le succès n’est pas près de se démentir. Rendez-vous l’année prochaine?
Les autres photos de
Gogol Bordello
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The Raveonettes
Hollywood Porn Stars |
Why? |
Madrugada
Photos © 2008 Olivier Bourgi
Concernant BB Brunes, c’est le genre de CD qui permet éventuellement de servir de baromètre pour l’évolution musicale de certains… qu’on achète à 10 ans et dont on en rougit quelques années plus tard.
Et bien, très bon résumé de cette 20ème edition. Beaucoup de découvertes et, surtout, un maximum de délires visuel et sonore!
A souligner pour moi, la réelle amélioration des « conditions de vie » sur le site.
A l’année prochaine!
Pour ajouter à ce que nous dit Charlie, je suis « tombée » par accident deux fois sur les BBBrunes en live (la « magie » des festivals lol)… La voix du chanteur est insupportable!
Ce qui m’étonne le plus , ça n’est pas l’engouement des teenagers..(en fait c’est plutot sympa d’avoir des petits jeunes s’interesser à nouveau au « »rock » ») mais surtout les lauriers qu’on leur tresse dans la presse et les médias …