Le tiercé 2006 du fidèle collaborateur
Etablir un classement des albums de l’année est un exercice périlleux. Comment comparer Amy Winehouse et Seasick Steve ? On reconnaît à la première beaucoup de personnalité et une voix agréable ; l’autre est un humoriste capable de jouer un boogie échevelé et de faire vibrer une salle entière seulement accompagné par un harmonica. Leur seul point commun est l’excentricité, élément non représentatif de leurs qualités musicales respectives. Pour le reste, autant comparer des pommes et des poires. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres artistes qui n’entrent pas en ligne de compte dans le présent classement. Le choix est nécessairement partiel (on ne peut tout acheter ni écouter) et partial (parce que le choix est subjectif par définition). Mais tradition vaut obligation. Albums de l’année 2006
- « The Drift » – Scott Walker
- «
Damaged » – Lambchop - «
Other People’s Lives » – Ray Davies
Le premier, c’est de notoriété publique, a fait découvrir Jacques Brel à David Bowie. Avant gardiste de talent qui défie les modes, il est à lui seul un univers branché sur le réel où transparaît le désespoir causé par la situation mondiale actuelle et un mal-être récurrent. Son album, d’une très grande beauté intrinsèque, est parsemé de collages, de bruits inquiétants, de cris d’animaux et pourrait illustrer un film d’horreur. Prêté par un ami, il n’a pas fait l’objet d’une critique, les circonstances ne s’y prêtant pas, mais il a occupé un grand vide non programmé. Il devance de très peu Lambchop. Malgré la maladie grave dont il a été victime et ses déboires d’ordre privé, la vision de Kurt Wagner est beaucoup plus positive et son album est un aboutissement dans sa carrière. Il lui sera difficile de faire mieux. Ray Davies, le fin chroniqueur de la vie urbaine anglaise, dont les compositions transpirent l’humour et la nostalgie d’une période révolue, effectue un come-back magistral et prend la troisième place.
Les albums des Arctic Monkeys, de Sonic Youth, de Razorlight, de Pere Ubu, de Richard Ashcroft, de Charlie Sexton et des Dirty Pretty Things sont aussi de très bons choix. Vous avez ainsi les 10 meilleurs albums de l’année pour le même prix.
Meilleurs morceaux
Là, le choix a été beaucoup plus difficile et aucun titre ne s’impose vraiment. But Their Satanic Majesties Request …
- « All She Wrote » – Ray Davies
- « Thursday’s Child » – Isobel Campbell
- « When You Were Young » – The Killers
Les trois titres se valent plus ou moins et brillent par la parfaite cohérence entre la musique et les paroles. Un titre de Kevin Coyne, sorti en 2005 mais entré en ma possession en 2006, donc hors concours, écrit juste avant sa mort, « Billy Boy »», extrait de l’album posthume « Underground »», aurait mérité la palme. Bien que très conscient de son état, il laisse un message d’espoir poignant au petit-fils qu’il ne verra jamais grandir.
Meilleur single belge
« Mountain Fighting Cities » – COEM.
L’album représente une évolution significative dans la carrière du groupe et ce titre en est un exemple idéal.
Pochette de l’année 2006
La cover photo de « Milkwhite Sheets » par Isobel Campbell vient sauver in extremis une année bien triste sur ce plan.
Son dépouillement est parfaitement conforme au style de musique de l’album.
Artistes de l’année 2006
– International –
Arctic Monkeys
Leur popularité auprès du public ne se dément pas et coïncide pour une fois avec celle de la critique. Le groupe, qui fait fi du passé et a bien saisi la quintessence du rock, brille presque toujours autant sur scène que sur disque. Sa complicité avec le public british est belle à voir.
– Belge –
Des groupes belges, l’album de COEM est celui qui marque l’évolution la plus significative. Les excellents albums de Ozark Henry et An Pierlé + White Velvet sont de loin les meilleurs mais ils s’inscrivent dans la continuité.
Révélations de l’année 2006
– International –
Wolfmother, un groupe australien qui cumule les succès sur scène et sur disque. D’autres groupes pointent à l’horizon comme The View. Ces jeunots sans complexes sont prêts à prendre la relève.
– Belge –
Parmi les groupes belges,
Mono’Kiri paraît bien armé pour l’avenir s’il garde cette créativité à tout crin et son esprit d’avant-garde.