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Le Parquet Courts nouveau est arrivé

Tout comme en 2014, les prolifiques New Yorkais de Parquet Courts se sont produits à l’Orangerie du Botanique le troisième jeudi du mois de novembre, soit le même jour que la sortie officielle du Beaujolais Nouveau. Mais contrairement à la piquette aux arômes de banane et de réglisse bien dissimulés, ils vont répandre crasse et sueur…

Sur cette tournée, ils sont précédés de Big Joanie, trois nanas métissées qui, contrairement à ce que suggère le titre de leur première plaque à paraître fin du mois (« Sistahs »), n’ont aucun lien de parenté entre elles. Positionnée au centre de la scène, la leader (ou en tout cas la plus prolixe) joue debout derrière une batterie rudimentaire entourée d’une guitariste (on dirait la fille spirituelle de Whoopi Goldberg) et d’une bassiste. Leur devise ? Garder les choses simples mais efficaces au moyen de titres brefs à trois voix, quelque part entre les Breeders et Bikini Kill. Inoffensif au départ, leur set prendra peu à peu une solide direction dont la méconnaissable cover grungy du tube de TLC (« No Scrubs ») ne sera qu’un intermède.

Entamée la veille au Paradiso d’Amsterdam, la mini tournée continentale de Parquet Courts (six dates, dont trois rien qu’en Allemagne) les voit défendre « Wide Awake! », leur excellent dernier album publié chez Rough Trade au printemps. Un album qui poursuit la mission entamée avec « Human Performance » voici deux ans, à savoir canaliser leur fougue tout en explorant des contrées moins prévisibles. Autant dire que Danger Mouse s’en est donné à cœur joie en le produisant…

C’est avec sa plage titulaire, le bien carré « Total Football », qu’ils mettront leur set sur orbite en allant… droit au but. Ainsi, mis à part un allongé et efficace « Dust », le premier quart de leur prestation fera la part belle aux nouveaux titres. Mais la puissance du saccadé « Almost Had To Start A Fight » et du coloré « Freebird 2 » sera tempérée par un réglage sonore bien trop frileux qui sera malheureusement la norme tout au long de la soirée.

En guise de décor, un immense drap blanc sur lequel les ombres des quatre musiciens sont projetées via des jeux de lumière particulièrement au point. Leader incontesté, Andrew Savage se produit à gauche de la scène, juste à côté du bassiste Sean Yeaton dont la moustache l’assimile presque à un baron de la drogue. Tiens, en parlant de substances illicites, Austin Brown, le guitariste placé à l’autre extrémité, semble en avoir abusé lors de son trip à Amsterdam…

Arborant une coupe au bol digne de Tim Burgess ou de Bobby Gillepsie au début des nineties et visiblement dans un état second, il passera en effet complètement à côté de ses parties vocales (« Dear Ramona », « Bodies Made Of »). On aurait également préféré qu’il laisse son sifflet autour du cou sur l’atypique plage titulaire de la nouvelle plaque, quelque part entre !!! et Radio 4, percussions additionnelles comprises. S’il ne s’agit pas du seul écart exotique potentiellement imputé à Danger Mouse (cfr les effets dub de « Before The Water Gets Too High » et de « Back To Earth »), il est sans aucun doute le moins digeste du lot.

L’autre curiosité de la soirée, liée ou non, sera l’écart significatif entre une succession de titres enchaînés sans respiration (le succulent triptyque crasseux « Master Of My Craft » / « Borrowed Time » / « Donuts Only ») et ces interminables moments pendant lesquels les musiciens réaccordaient leurs instruments dans un silence profond. Heureusement, lorsqu’ils se décident à balancer la sauce, cela donne des moments exquis desquels se démarqueront notamment le très visuel « Berlin Got Blurry », l’efficace « Outside » et le prenant « Psycho Structures ».

Comme s’il s’agissait d’un résumé fidèle de la soirée, le final du concert alternera le très bon (« Normalisation », nouveau titre bien senti) et l’excellent (« Light Up Gold », ultime claque avant le retour aux vestiaires sans passer par la case rappels). Mais également une certaine maladresse lorsqu’Austin Brown foirera l’intro de « Mardi Gras Beads » et de la longueur via le déstructuré « One Man No City ». Malgré tout, la saveur sera largement supérieure à celle d’un Beaujolais Nouveau.

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