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Wildfest 2018: glam, sleaze et melodic rock à gogo


Comme nous vous l’avions annoncé, ce samedi 21 avril se tenait la 3e édition du Wildfest, sympathique festival consacré aux genres hard rock, sleaze rock et glam rock. Ce fut donc l’occasion de me rendre dans la capitale mondiale de la tarte au maton puisque l’événement avait lieu à la salle De Spiraal à Grammont. Le beau temps était au rendez-vous et c’est sous un soleil radieux que je rejoins la file des premiers arrivés. À l’extérieur, un food-truck pour les affamés. À l’intérieur, la salle a été joliment aménagée pour accueillir l’édition 2018 et la scène et sa décoration extravagante nous donnent directement un bel aperçu de ce qui va suivre.

C’est au groupe flamand Mr Myst que les organisateurs ont confié la lourde tâche de lancer la machine. Composé de Mr. JSD au chant, Mr. A. Myst à la guitare et aux chœurs, Mr. Demolition à la basse et aux chœurs et Mr. Pervert aux fûts et aux chœurs, le groupe ostendais de sleaze/glam a pour devise: «Sex, Drugs and Rock ‘n’ Roll». Tout est dit. Leur musique, largement inspirée par les années ’80, fait merveille auprès des festivaliers déjà présents en nombre dans la salle. Au menu, des pieds de micro décorés de boas en plumes et froufrous, des tenues glam comme au bon vieux temps, des machines à brouillard et un laser. Et une glam attitude très fun à voir. N’allez cependant pas croire que toute cette mise en scène soit destinée à masquer des faiblesses musicales. Bien au contraire. Les Ostendais envoient des morceaux rock plutôt bien foutus et s’y entendent pour mettre l’ambiance avec des titres comme
«Jessica»
et
«Red Light District»
(du nom de leur nouveau EP). Le son n’est pas parfait et j’ai détecté une ou deux floches vocales, notamment pendant la reprise de «Still Standing» d’Elton John, mais le public s’amuse et c’est ça le plus important. Le groupe envoie aussi dans le public des ballons bleus dont certains vont circuler dans les airs jusqu’en fin de soirée. Bref, la fête est lancée…


Pour suivre, un groupe letton appelé Bloody Heels. Le quatuor originaire de Riga est composé de Vicky White au chant, Harry Rivers à la guitare, Chris Flint à la basse et Gus Hawk aux fûts. Le groupe termine à Grammont une mini-tournée de sept dates qui l’aura emmené notamment en Pologne et en Tchéquie. Au menu musical: «Sea Of Temptation», «Bittersweet Memories», «Love May Have Gone», «Can’t Help Myself», «Through Mystery», «No Matter»,
«Cheap Little Liar»
,
«One More Time»
et «Rebel Yell». La musique du groupe oscille entre les genres glam metal, hair metal, pop metal, hard rock, heavy metal et arena rock. Le combo letton est certes plus professionnel que le groupe précédent, mais il déchaîne moins les passions. L’ambiance est plus calme. L’éclairage est assez faible durant le set et quand le chanteur veut faire chanter le public, il doit un peu insister pour obtenir une réaction. Le guitariste nous sort un superbe solo. Il fait très chaud. Soucieux de ménager mes forces, je m’éclipse un peu avant la fin du set pour aller prendre l’air, car il fait très chaud dans la salle, malgré les rafraîchissements houblonnés servis au bar…


Après avoir dégusté un délicieux burger au seul foodtruck présent (qui sera littéralement pris d’assaut par les festivaliers), je réintègre mon poste pour écouter et shooter le régional de l’étape, à savoir le groupe belge de hardrock/sleaze/glamband Wildheart, sorte d’ersatz de groupes légendaires comme Whitesnake, RATT, Mötley Crüe, Dokken, Journey ou encore Van Halen, que l’on croirait téléporté tout droit de l’année 1984. Ce combo flamand proche des organisateurs a déjà officié lors de l’édition précédente. Mais à en croire toutes celles et ceux qui étaient présents en 2017, le concert de 2018 est d’un niveau nettement supérieur alors que le sound-check avait pourtant éveillé certaines craintes liées au volume sonore démesuré. Le problème a fort heureusement pu être réglé avant l’entrée en scène de Wildheart. Dès les premières notes, Farty aux voix, Juice et Foxx aux guitares, Stevie Dee à la basse et Thunderberck aux fûts semblent au sommet de leur forme. L’ambiance est beaucoup plus festive et le public est à fond dedans. Au programme:
«Lovehunter»
, «Get Up», «Stanger’s Eyes», «On My Way», «No Love», «Nothing But Trouble», «Stone Cold Fox» et «Never Let Go». Le groupe est terriblement sympathique sur scène et livre une prestation jouissive et entraînante. Le chanteur est particulièrement doué et sa voix est capable de monter haut dans les aigus. Le batteur est particulièrement doué lui aussi et nous en met plein la vue et les oreilles. Bref, une prestation qui emballe le public et qui met le feu à la salle. Un des grands moments de ce festival.


Jamais avant ce festival je n’avais eu l’occasion de voir et d’entendre le groupe suédois Bulletrain, composé du batteur Jonas Tillheden, des guitaristes Mattias Persson (lead) et Robin Bengsston (rythmique), du chanteur Sebestian Sundberg et du bassiste Niklas Mansson. Ce groupe de heavy metal a pour sources d’inspiration des artistes tels que Guns N Roses, Skid Row, Crazy Lixx, Firehouse, Bon Jovi, Hardcore superstar, Metallica, Mötley Crüe, Steel Panther… Dès leur entrée en scène, on sent bien que le groupe et son chanteur Sebbe ont un charisme fou et que l’on va vivre un grand moment. Au bout d’à peine deux ou trois morceaux, les Suédois se retrouvent torse nu à exhiber leurs tablettes de chocolat. Les festivaliers sont captivés par la musique et la glam-attitude du groupe, agrémentée de quelques déhanchements bien marqués. Un spectacle total. Côté setlist, le public de Grammont a droit à une belle sélection de morceaux: «Memory Lane», «Love Lies», «We Salute You», «Joannes Secret»,
«Old Lighthouse»
,
«Fear»
, «Far Away»,
«Start Talkin’»
,
«Out of Control»
et «All for One». Les Suédois nous assènent une succession de morceaux sleaze-glam modernes et hyper efficaces. L’ambiance va crescendo et le public est en feu. Il y a tellement d’ambiance que le groupe fera un rappel clairement imprévu. Ce groupe, qui me rappelle furieusement l’ambiance des concerts de H.e.a.t, autre formation suédoise, est de toute évidence LA découverte de ce Wildfest. Après leur concert, les membres de Bulletrain viendront passer un très long moment au merch, pour le plus grand bonheur de ces dames…


Basé à Oslo en Norvège, le groupe The Cruel Intentions est emmené par le guitariste chanteur Lizzy DeVine (ex-Vains of Jenna), dont le look pourrait être compéré à une version jeune d’Alice Cooper version glam à la sauce Walking Dead. L’accompagnent sur scène le bassite Mats Wernerson, le batteur Robin Nilsson et l’excellent guitariste norvégien Kristian Nygaard Solhaug. Le groupe qui a terminé l’enregistrement de son premier album fait escale au Wildfest avec dans ses bagages un bouquet glam-sleaze aux senteurs plus rock, avec des titres comme
«Borderlline Crazy»
,
«Stare At The Sun»
,
«Genie’s Got a Problem»
,
«White Pony»
,
«Accidentally Intoxicated»
et
«Sick Adrenaline»
. Citons aussi pour mémoire «Get It On», «Chaos» et le très à propos «Week-End». Malgré une présence scénique très affirmée et des qualités musicales indéniables, la prestation des Cruel Intentions me séduit moins, en partie parce que j’ai l’impression que le chanteur se prend un peu trop au sérieux et en partie à cause de sa voix plus criarde. Mais certains festivaliers m’ont cependant confié avoir adoré cette prestation, preuve s’il en est que tous les goûts sont dans la nature et c’est très bien ainsi.


Après avoir fait un bref détour par le truck food déjà quasiment en rupture de stock (1 food-truck pour 370 festivaliers, c’était peut-être un peu juste), nous accueillons déjà l’avant-dernier groupe de la journée. Fondé en 2005 à Stockholm en Suède, Confess est un groupe de hard rock dont les membres (John Elliot au chant, Samael à la batterie, Ludwig à la basse ainsi que Blomman et Pontus aux guitares) sont imbibés de musique des années ’80. Le combo suédois compte déjà trois albums à son actif : «Light’s Out» (2010), «Jail» (2014) et «Haunters» (2017). Moins exubérants que leurs prédécesseurs sur scène, les Suédois, qui se produisent pour la toute première fois en Belgique, proposent une musique d’excellente facture et avec un grand professionnalisme. Les compositions sont très soignées. Le public est très exalté dans les premières rangées. L’ambiance est excellente, même si le chanteur, essoufflé, a apparemment besoin de récupérer entre les morceaux, ce qui donne chaque fois une petite coupure. Mais cela ne gêne en rien public qui s’en donne à cœur joie. Les rythmes sont plus lourds que ceux des groupes précédents et je me dis qu’il ne manque vraiment pas grand-chose pour que ce groupe entre dans la cour des grands. Au programme: «Get Me Down», «Stand Our Ground»,
«Strange Kind of Affection»
, Scream, Setting,
«Bloodstained Highway»
, Haunting You,
«Relationshit»
, une reprise très fun de What’s Love (de Tina Turner) et Animal Attraction. Un premier concert belge très convaincant pour Confess!


La tête d’affiche de l’édition 2018 du Wildfest est un groupe suédois (encore un) bien connu des amateurs de hardrock et un des plus dignes représentants de l’école suédoise. Le groupe Eclipse s’est déjà produit en Belgique à plusieurs reprises. Il occupe ici une tête d’affiche bien méritée. Pour la petite histoire, les Suédois Erik Mårtensson (voix, guitare), Magnus Henriksson (guitare), Philip Crusner (batterie) et Magnus Ulfstedt (basse) ont atteint le nombre record de 10 millions de streams sur Spotify, ce qui représente, à raison de 3,75 minutes par stream, le chiffre affolant de 625000 heurs de rock, ou encore 26000 jours ou 71,3 ans, soit l’espérance de vie moyenne pour un homme au Brésil… Depuis sa formation en 1999 par le chanteur-compositeur/guitariste/bassiste Erik Mårtensson et le batteur/claviériste Anders Berlin, le groupe Eclipse a sorti pas moins de 7 albums studio, le dernier, «Momentum», remontant à 2017. Il faut dire qu’avec un génie aussi prolifique qu’Erik à sa tête, le groupe a su créer son univers hard-rock mélodique basé sur des compositions aussi efficaces qu’entraînantes. Le charisme du groupe sur scène est évident. Le public exulte. Le batteur Philip est complètement déjanté et assure un show incroyable à lui seul. Erik est très à son affaire et manie le pied de micro avec une dextérité remarquable, comme si c’était un simple bâton de majorette. Sur certains titres, il s’accompagne aussi à la guitare (c’est d’ailleurs lui qui tient le manche dans le groupe W.E.T.). Les acclamations enthousiastes montrent bien, si c’était encore nécessaire, que les festivaliers sont à fond dans leur trip. Les premiers rangs dansent, chantent et agitent la tête dans tous les sens. Les morceaux se succèdent à une cadence soutenue et rien ne semble entamer l’énergie du groupe. Au programme, j’ai noté au vol (et pas forcément dans l’ordre):
«Bleed & Scream»
, «The Storm»,
«Wake Me Up»
,
«Jaded»
,
«Hurt»
, «Killing Me»,
«The Downfall of Eden»
, «Black Rain», «Blood Enemies»,
« Stand On Your Feet»
,
«I Don’t Wanna Say I’m Sorry»
,
«Never Look Back»
et
«Runaways»
(morceau écrit pour défendre les couleurs de la Suède au concours Eurovision de la chanson). Le tout, entrecoupé de deux jolis solos de guitare et d’un excellent solo de batterie. Un moment musical intense, à la fois dynamique et entraînant, le rock mélodique sous son meilleur jour. Idéal pour clôturer cette très belle édition du Wildfest.

Il me reste à remercier les organisateurs ainsi que Mike de Coene de Hardlife Promotion pour leur aimable invitation.

Photos © 2018 Hugues Timmermans

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