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L’Eden de Madensuyu

Après un galop d’entraînement destiné à rentrer dans l’Histoire en tant que dernier concert du Recyclart au sein de ses locaux ferroviaires, les Gantois de Madensuyu étaient en visite à Charleroi ce vendredi 9 mars dans une brasserie de l’Eden qui le leur a bien rendu…

Une double affiche alléchante puisque le trio Jean Jean venait également y présenter « Froidepierre », son nouvel album fraîchement publié chez les locaux de Black Basset Records (chronique à lire très prochainement dans ces colonnes). Un album qui voit les Parisiens affiner leur style en laissant de larges espaces aux mélodies sans pour autant dénigrer l’énergie spontanée de leurs débuts, dans un registre moins brut que celui de La Jungle par exemple.

Quelque part entre I Like Trains et And So I Watch You From Afar, leur math rock parsemé de légères pointes électro prend tout son sens sur scène et le fait qu’ils se produisent dans un mouchoir de poche ne fait qu’accentuer la sensation de puissance. Pas étonnant qu’ils viennent de se faire engager par Franck Hueso aka Carpenter Brut pour assurer la première partie de sa tournée américaine.

Cinq années, c’est le tarif désormais habituel entre deux albums de Madensuyu même si on a du mal à réaliser que l’impeccable « D Is Done » nous accompagne depuis une décennie déjà. Ceci dit, l’écoute de « Current », leur quatrième plaque, a de quoi désarçonner car on n’y trouve pas le moindre riff de guitare. Stijn Ylode De Gezelle a en effet troqué sa six cordes contre un… piano qu’il marie judicieusement avec les percussions de Pieterjan Vervondel. Suicidaire ? Moins qu’il n’y paraît…

Sans complexe, les deux compères vont entamer leur prestation dans cette nouvelle et surprenante configuration que les mélomanes salueront. Presque classique, le piano élève ainsi « A Current » et « One More Time » dans la même catégorie que l’hymne de Wim Mertens devenu celui de l’historique opérateur de téléphonie mobile belge. S’ils s’en distinguent d’une voix saccadée et d’une batterie qui l’est tout autant, la mélancolie de « Rag » dans la foulée dévoilera une délicate et insoupçonnée richesse musicale.

Rassurons les inquiets, l’ami Stijn garde toujours sa guitare à portée de main et il s’en servira à foison pour un milieu de set qui nous rappellera les raisons pour lesquelles on est tombés sous leur charme un après-midi de mai 2009 au PacRock alors qu’ils jouaient dans un chapiteau isolé. Ce jour-là, on s’est notamment pris dans la figure « Tread On Tread Light » et « Little F » qui ont depuis bien mûri. Mais que dire de « Mute Song » et « Crucem », deux extraits de « Stabat Mater » qui verront ensuite le décibelomètre s’affoler dangereusement.

Ils ne choisiront toutefois pas la facilité en se replongeant dans le nouvel album pour une poignée d’extraits qui nous confirmeront ce que le piano en crescendo de « The Flood The Flow The Roar » nous avait évoqué un peu plus tôt dans la soirée : si l’ombre de Ghinzu plane sur « Ill Time », l’influence du groupe de John Stargasm (dont on attend le retour depuis bien trop longtemps) devient insolente sur l’excellent « Breathe Sail On » (vocaux compris) et « The Ravel ».

Après une courte pause, la guitare reprendra une place de choix lors d’un rappel qui enverra les tueries « Fafafafuckin’ » et « Ti:me » vers des sommets inexplorés, prenants et explosifs à la fois. Et dire qu’ils ne sont que deux…

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