Autumn Falls 2017 : Father John Misty, more human than God
On prend les mêmes et on recommence. Deux ans quasi jour pour jour après avoir joué à l’
Ancienne Belgique dans le cadre d’Autumn Falls, Father John Misty était de retour du côté du boulevard Anspach ce dimanche 12 novembre, une nouvelle fois invité par Toutpartout, les fers de lance de l’incontournable festival automnal.
Weyes Blood is for lovers. C’est en ces termes qu’est présenté le projet de Natalie Mering sur sa page
Facebook. La Californienne qui a publié l’an dernier son troisième album, “From Row Seat To Earth”, a toutefois entamé son set devant un parterre maigrichon. Il est vrai qu’il n’était que 19h30, un horaire inhabituel imposé par les sets kilométriques de la star du jour.
Sapée très classe, la demoiselle dotée d’une surprenante voix lyrique va voguer dans un univers feutré bardé de claviers classiques et d’une guitare acoustique. Ceci dit, l’orgue et la guitare slide complémenteront notamment l’entêtant “Do You Feel My Love”. On pourrait peut-être lui reprocher d’accentuer le côté plaintif de son organe vocal mais dans l’ensemble, on est encore loin des chants de Noël d’Enya.
Le hasard du calendrier réserve parfois des situations cocasses. Par exemple, le week-end prochain, Fleet Foxes viendront présenter leur troisième album à l’AB. Et ce soir, c’est Josh Tillman, leur ancien batteur, qui fait de même avec le sien sous le pseudo Father John Misty. Plus encore que son prédécesseur, “Pure Comedy” a collectionné les critiques dithyrambiques de la presse spécialisée mais cette fois, il a été assorti d’un succès commercial, offrant au chanteur chevelu son premier top 10 à la fois anglais et américain en solo.
Un album qui met en exergue ses talents de compositeur et qui renvoie aux débuts d’Elton John, à l’instar de la plage titulaire et de “Things It Would Have Been Helpful To Know Before The Revolution”, deux titres balancés en début de set qui privilégient une association voix-piano à tomber, fruit de la complicité évidente qui lie le chanteur et le pianiste à l’extrême gauche de la scène. Ce dernier n’est pas le seul à participer à l’orchestration de l’univers du charismatique prêcheur puisque pas moins de cinq autres disciples (dont le sosie de Bouli Lanners à la basse) vont se sacrifier en son nom.
Des disciples qui semblent suivre à la lettre le mouvement movember vu leur pilosité faciale variable. Même Josh a laissé tomber sa moustache à la Magnum pour l’assortir d’une barbe assortie à ses cheveux dans le vent. Hyper détendu et vêtu d’une veste de costume qui tranche avec sa chemise largement ouverte et son pantalon troué, il va assurer d’une voix captivante et incroyablement constante malgré une débauche d’énergie qui nous fera penser de temps à autres aux délires de
Future Islands dans cette même salle la veille. Lorsqu’il ne s’arme pas d’une guitare, il va ainsi abondamment jouer avec son pied de micro.
Pourtant, lorsque trois guitares sont en action, cela donne des moments épiques (“Total Entertainment Forever”, “This Is Sally Hatchet”) qui seront adoucis par des passages country prenants (“Nothing Good Ever Happens At The Goddam Thirsty Crow”, “I’m Writing A Novel”). Sans oublier le hit “When You’re Smiling And Astride Me”. Ceci dit, ses interventions pertinentes, sa répartie et son sarcasme exacerbé font partie de l’équation également. Tout comme son charme naturel amplifié à chaque regard appuyé (demandez à la gent féminine ce qu’elle en pense) et sa faculté de mettre en musique des histoires qu’il déclame à la perfection (“Ballad Of The Dying Man”, “When The God Of Love Returns There’ll Be Hell To Pay”).
Mis à part l’improbable vidéo du poppy “The Night Josh Tillman Came To Our Appartment”, les projections seront exclusivement réservées aux nouvelles compositions, s’inspirant principalement des riches illustrations parsemant la pochette et le livret de “Pure Comedy”. Il est vrai que le spectacle est ailleurs tant le bonhomme captive. Un nerveux “Hollywood Forever Cemetary Sings” et un démonstratif “I Love You, Honeybear” nous ramèneront ensuite brutalement à la réalité.
Nonante minutes avaient en effet filé à la vitesse de l’éclair, laissant tout de même place à trois titres supplémentaires lors des rappels. Outre le psyché soft coloré “Real Love Baby”, le final tiendra toutes ses promesses via un “Holy Shit” particulièrement enlevé et un “The Ideal Husband” aux effets stroboscopiques appuyés. La bonne nouvelle, c’est que son prochain album serait déjà prévu pour l’année prochaine. L’occasion pour Autumn Falls de faire la passe de trois ?