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La Bête a sévi au Biebob


Organiser un concert un dimanche soir est suicidaire, pourrait-on croire. C’est peut-être vrai dans certains segments de l’activité musicale, mais il en faut bien plus pour empêcher des métalleux de se retrouver pour faire la fête autour d’un groupe de talent. Et c’est donc un Biebob quasi sold-out qui accueille le concert de ce dimanche 19 mars…

Une fois n’est pas coutume, c’est un groupe japonais qui démarre les hostilités. Si vous n’aviez jamais entendu parler de Gyze, c’est peut-être parce que le groupe fondé en 2009 a porté, jusqu’en 2011, le nom de Suicide Heaven. Pour planter le décor, le groupe se présente sous la forme d’un trio composé de Ryoji (voix, guitare et claviers), Shuji (batterie) et Aruta (basse, voix). Il assure la promotion de son dernier opus en date, intitulé «Northern Hell Song» sorti en 2017. Fins techniciens, les artistes déclinent leur death métal mélodique en cinq titres: «Pirates of Upas» (2017), «Perryi Rain Dragon» (2017), «The Bloodthirsty Prince» (2017), «Black Bride» (de l’album éponyme de 2015) et «Northern Hell Song» (2017). Impressionnants de dextérité, les Japonais sortent des mélodies superbes sur fond de voix extrême.


Après cette entrée en matière plutôt intéressante, l’ambiance chauffe (à l’inverse de la salle traversée par un courant d’air froid permanent) et c’est au tour des Teutons du groupe Majesty d’investir la scène. Depuis le dernier passage du groupe en Belgique, l’effectif n’a pas changé et l’on retrouve donc sur scène Tarek Maghary (ex-DawnRider, ex-Metalforce) au chant, Alex Voß (Cadaver Disposal, ex-Final Depravity) à la basse, Jan Raddatz (Midnight Symphony, ex-Forsaken, ex-Metalforce, ex-Atlantean Kodex) aux fûts, Tristan Visser (ex-Metalforce, ex-Soaking in Entrails, ex-Sense vs Sanity) et Robin Hadamovsky (Anthropoyds) aux guitares.

En tournée pour la promotion de leur nouvel album «Rebels» (2017), les métallurgistes teutons distillent un heavy metal/power metal de très bonne facture, avec un enthousiasme qui ravit les fans présents dans la salle, qui connaissent déjà par cœur les titres qui viennent à peine de sortir… Le groupe dispose d’un beau créneau qui lui permet de jouer pas moins de 10 morceaux (si l’on tient compte de l’intro), extraits en majorité du nouvel opus: «Path To Freedom» (intro) (2017), «Die Like Kings» (2017), «Hail to Majesty» (extrait de l’album «Keep It True» de 2000), «The Final War» (2017), «Yolo Hm» (2017), «Across the Lightning» (2017), «Metal Law» (extrait de l’album éponyme de 2004), «Heroes in the Night» (2017), «Thunder Rider» (extrait de l’album éponyme de 2013), «Rebels of Our Time» (2017), «Fighting Till the End» (2017).


La formation germanique ne ménage ni ses effets ni ses efforts pour plaire à son public. De fait, je distingue dans le public un nombre plus qu’honorable de fans arborant un t-shirt à l’effigie du groupe. Le son est excellent, la voix impeccable. Les titres se succèdent à un rythme soutenu. Malgré le côté festif de cette musique, le groupe ne parvient pas à mobiliser ma pleine attention au-delà de 6 ou 7 titres. Peut-être est-ce dû à la grande uniformité stylistique des morceaux, mais je suis pris d’un léger sentiment de lassitude que j’avais déjà éprouvé à la longue lorsque j’ai vu le groupe pour la première fois il y a deux ou trois ans en arrière. La prestation de Majesty peut cependant être qualité de plus qu’honorable et de conforme au cahier des charges du style musical choisi par le groupe. Mais pour être tout à fait franc et honnête, si je suis venu ce soir au Biebob, c’est surtout pour retrouver le fabuleux groupe finlandais en tête d’affiche…


Quand les lumières s’éteignent sur la salle presque comble du Biebob, les cris fusent pour acclamer les héros de la soirée, le groupe Battle Beast pour lesquels certains membres du public ont fait un long déplacement (France, Grande-Bretagne…), signe que le groupe est en pleine ascension et se bâtit un fan club d’irréductibles prêts à tout pour aller écouter leur groupe préféré. Pyry Vikki s’installe à la batterie tandis que ses accolytes Eero Sipilä à la basse, Janne Björkroth aux claviers, Juuso Soinio et Joona Björkroth à la guitare font leur entrée en scène. L’ambiance monte d’un cran et des acclamations accueillent l’arrivée sur scène de l’emblématique chanteuse Noora Louhimo, véritable OVNI sur la scène métal.


En quelques notes à peine, Noora captive son auditoire et met le public en feu. Il faut dire qu’elle a des cartouches en réserve avec l’excellent 4e album du groupe, intitulé «Bringer Of Pain», et les nombreuses pépites métalliques qu’il contient. Maquillée comme une voiture volée, Noora incarne une démiurge inspirée qui marie les sonorités des années ’80 aux métal moderne, donnant naissance à une flopée de titres qui sont tous autant de tubes en puissance. Le groupe sort un concert puissant, énergique et électrisant qui emporte le public avec lui tel véritable tsunami venu de Finlande…


Côté programmation musicale, le groupe a bien sûr choisi de privilégier les titres de son nouveau bébé, mais sans oublier les grands tubes qui jalonnent la carrière du groupe. Pour cette soirée mémorable, le public du Biebob a droit à un set de 16 titres: «Straight to the Heart» (2017),
«Bringer of Pain»
(2017),
«Familiar Hell»
(2017), «Into the Heart of Danger» (extrait de l’album «Battle Beast» de 2013), «We Will Fight» (2017), «Let It Roar» (2013),
«Black Ninja»
(2013), «Far from Heaven» (2017), «Lost in Wars» (2017), «Iron Hand» (extrait de l’album «Steel» de 2012),
«Touch in the Night»
(extrait de l’album «Unholy Savior» de 2015), «Bastard Son of Odin» (2017), «Enter the Metal World» (2012), «Out of Control» (2013),
«King for a Day»
(2017) et «Beyond the Burning Skies» (2017).

Les musiciens éprouvent un plaisir non dissimulé à partager cette grande communion musicale avec le public et ne manque pas de sacrifier au rite de la bouteille de bière ingurgitée par le claviériste en jouant et de faire quelques pitreries sur scène. L’on notera aussi la magnifique ballade «Far from Heaven» qui permet à Noora de montrer qu’elle excelle aussi dans le chant en voix claire et l’annonce d’une reprise de Manowar qui cédera finalement la place, de manière totalement inattendue, au fameux «Last Christmas» du défunt George Michael, suscitant ainsi l’hilarité générale du public.

En fait, ce qui fait la force de Battle Beast, ce sont des compositions efficaces alliant le métal aux sonorités des ‘80s (notamment dans les parties de clavier), des refrains entraînants qui se transforment rapidement en hymnes métalliques, la voix polymorphe de Noora qui excelle dans un chant rocailleux d’une puissance étonnante, mais aussi dans le chant clair, la volonté très nette de faire passer un bon moment au public présent et la capacité inaltérable de s’amuser sur scène. Avec ce cocktail, les Finnois tiennent le bon bout et gageons qu’ils n’ont pas fini de nous en mettre plein la vue !

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Battle Beast

Photos © 2017 Hugues Timmermans

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