La psyché [PIAS] Nite de Temples
Si l’on est désormais habitués aux [PIAS] Nites ponctuelles, celle qui s’est déroulée ce mercredi 25 janvier au Beursschouwburg avait une saveur particulière. Elle était organisée dans le cadre de la conférence annuelle de [PIAS] International mais a surtout permis à quelques privilégiés de découvrir en primeur quelques extraits du futur deuxième album de Temples. C’est le trio Français Royaume qui a ouvert le bal avec des compositions minimalistes largement inspirées de The xx et de leur vision sombre de la pop. Loin de passer inaperçue avec son kimono (qu’elle balancera lors du dernier titre), la chanteuse asiatique ne peut pas en dire autant de sa voix, noyée sous les beats électroniques et inutilement Auto-Tunée. En revanche, lorsque le guitariste au chapeau et aux énormes lunettes balance des solos inspirés de Prince, on décèle un potentiel que l’on voudrait les voir exploiter davantage. Une question de temps, sans doute…
Depuis que les excellents Balthazar ont décidé de s’octroyer un break, les projets parallèles fleurissent. Ainsi, après Maarten Devoldere (Warhaus) et Simon Casier (Zimmerman), Jinte Deprez est le dernier en date à se lancer dans l’aventure. Sous le pseudo J. Bernardt, le musicien barbu à la voix caractéristique s’est entouré d’un batteur et d’un claviériste pour la scène. Ceci dit, c’est bien lui qui tient les baguettes (au propre comme au figuré puisqu’il active de temps à autre un séquenceur de cette manière).
Musicalement, il se différencie de son groupe principal en conférant des touches groovantes et une vibe nu soul proche de James Blake à des compositions parfaites pour sa voix. Prenant dès la première écoute, « Wicked Street » devrait rapidement devenir indispensable grâce à des parties de guitare savamment orchestrées. Mais que dire du grandiose et travaillé « The Other Man » que l’on rêverait de voir interprété avec de véritables cuivres. Finalement, le hiatus de Balthazar a du bon.
« Volcano », le deuxième album de Temples, sortira au début du mois de mars et aura la lourde tâche de succéder à l’excellent « Sun Structures », choisi par Rough Trade comme album de l’année en 2014. L’occasion nous était donc donnée d’en découvrir un léger aperçu et de vérifier comment les influences psychédéliques marquées du groupe avaient évolué. Rassurons d’emblée les puristes, le caractère analogique et l’esprit sixties font toujours bien partie de leur quotidien.
Visuellement, l’abondante chevelure bouclée du chanteur James Bagshaw fait évidemment sensation, à l’instar de sa gigantesque pédale à effets (quasi sur deux étages) et de sa douze cordes. Et encore, ne parlons pas des paillettes, du perfecto et du col roulé… En revanche, sa voix emmène des titres comme « Colours To Life » ou « A Question Isn’t Answered » vers des sommets délicieusement sombres et envoûtants.
Et les nouveaux titres dans tout cela ? Bien que coulés dans un moule hypnotique et construits autour d’un solide mur du son, on décèle une volonté de les rendre un rien plus accessibles, à l’instar de « Roman God-Like Man » et surtout de « Certainty », petite bombe psyché-pop aux claviers marqués et à la voix haut perchée que ne renieraient pas Kevin Parker et Tame Impala, tout comme « Strange Or Be Forgotten », le dernier titre des rappels qui mettra tout le monde d’accord.
Entre-temps, breaks prenants (« Sun Structures »), parties entêtantes (le final du kilométrique « Mesmerize ») et environnement désuet (« Shelter Song ») vont faire grimper la température. Il fera chaud à l’Orangerie du Botanique le 18 avril…